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La guerre c'est moche!
Un film de guerre vu du côté allemand produit, réalisé et interprété par des allemands et, fort heureusement, tourné en langue germanique ce n’est pas si souvent. Cette nouvelle adaptation du roman « A l’Ouest, rien de nouveau » est donc chose plutôt rare et la promesse d’un film de guerre sans concession, intense, âpre et parfois insoutenable est également tenue. En revanche, il faut bien avouer que ce long-métrage qui vient d’être nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger n’est pas exempt de défauts. Et certains sont vraiment préjudiciables et l’empêchent d’accéder au rang de classique du genre voire même de bon film. D’ailleurs, sur le sujet de la Première Guerre Mondiale, la comparaison avec le récent et magistral « 1917 » joue clairement en sa défaveur.
D’abord, même si on est habitué à des films de guerre plutôt longs (de « Il faut sauver le soldat Ryan » à « Apocalypse Now »), « A l’Ouest, rien de nouveau » l’est un peu pour rien. Il y a bien une demi-heure accessoire et c’est parfois pour radoter comme avec cet assaut final qui apparaît de trop car on a bien compris le propos : la guerre c’est mal et elle rend fou. En ce sens, l’aliénation de l’esprit humain qui vit une guerre telle que celle-ci est très bien rendue. L’horreur des tranchées, du sang, de la perte des amis, la répétition de bruits assourdissants, la prédominance de la crasse, l’absence d’hygiène ou encore la démesure généralisée de ces assauts, cette violence physique et psychologique perpétuelle qui ne dit pas son nom et à laquelle personne n’est préparé est ici retranscrite en profondeur. Et c’est dur. Intense. Parfois insoutenable. Les scènes d’assaut et de batailles sont parfaitement chorégraphiées et spectaculaires. Et le film ose quelque chose d’osé mais qui fonctionne et lui donne toute son originalité : grâce à quelques notes de musiques très lourdes et imposantes, faites d’orgues assourdissants, et des plans jouant avec la peur et l’invisible, Berger filme la Grande Guerre comme un film d’horreur ou une œuvre postapocalyptique. Et le rendu est plutôt appréciable, surprenant, inédit et réussi.
Passons maintenant du côté de ce qui ne va pas dans « A l’Ouest, rien de nouveau ». L’ensemble nous apparaît parfois décousu, le personnage principal et sa garnison n’ont aucune profondeur et semblent évoluer dans cette guerre sans vraiment avancer – narrativement parlant - et les scènes semblent être juste des prétextes pour servir la soupe au propos et enchaîner le maximum de séquences chocs. A ce titre, on retirera l’excellent prologue qui, lui, illustre bien le fait que ces jeunes soldats allemands sont considérés comme de la chair à canon interchangeable. Pour densifier le propos, Berger entrecoupe son épopée guerrière de scènes diplomatiques menant à l’Armistice et d’autres avec un général allemand belligérant qui n’accepte pas la défaite. Erreur : censées faire respirer le film, elles nous en sortent en plus de ne pas prendre la Guerre sous le même angle. De plus, il y a quelques incohérences (l’assaut final semble forcé et on doute qu’il ait eut lieu) et erreurs historiques (la ligne de front qui ne bouge pas). Bref, pas le grand film de guerre espéré bien que de voir cette Guerre sous bannière germanique avec d’aussi gros et beaux moyens et comme un film d’horreur est assez plaisant.
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