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Rosetta italienne.
Troisième film du cinéaste italien Jonas Carpignano, « A Chiara » fait montre d’une belle maîtrise cinématographique en dépit de quelques défauts qui en amoindrissent l’impact. La jeune Chiara, personnage principal du film, fait fortement penser à la Rosetta des frères Dardenne par sa détermination farouche et son obstination à savoir la vérité sur la disparition de son père. Toute la sève de cette œuvre est distillée par ce personnage qu’on ne lâchera pas d’une semelle (de dos, de face et sous toutes les coutures) dans sa quête de la vérité. Et la jeune actrice débutante qui l’incarne impressionne par son jeu naturel et criant de vérité. Swamy Rotolo est une révélation, de celles qui frappent l’esprit par le biais d’une interprétation intense et juste. Et si elle se destine à une carrière de comédienne, on est très impatient de voir la suite.
Le script de « A Chiara » est assez minimaliste, il consiste en une disparition et la recherche du disparu. Sauf que ce dernier, de prime abord un simple père de famille, n’est pas celui qu’il laissait croire aux yeux de sa fille Chiara. Celle-ci va, par la force des choses et de ces événements, passer de l’adolescence à l’âge adulte. On assiste donc à un récit d’apprentissage en somme, caché sous le vernis d’un suspense captivant et étouffant. Et dans ce thriller, de la tension il y en a. La simili enquête opérée par cette jeune fille déterminée nous emmène dans les recoins sombres et populaires d’une petite ville de calabraise où la mafia rôde tandis que les forces de l’ordre tentent de l’anéantir en coulisses. Les autres points forts du long-métrage sont son atmosphère délétère et surtout le fait de nous présenter cette mafia, vue et revue à travers tellement d’œuvres et d’ouvrages, de manière moins mythique et fantasmée, plus proche de la réalité. La mafia telle qu’on la voit ici est comme une entreprise avec ses règles économiques et sociales et c’est à la fois étonnant et intéressant.
« A Chiara » aurait pu être une œuvre choc mais malheureusement elle pêche par excès. Le film est bien trop long pour ce qu’il a à raconter (plus de deux heures). Certaines séquences s’avèrent répétitives (les errances de Chiara dans les rues pour trouver des réponses) ou s’étirent plus que de raison (les scènes introductives). Ce qui a pour effet d’atténuer la tension qu’un montage plus resserré aurait forcément empêché. L’ambiance de cette œuvre est presque fantastique et mortifère à certains moments, loin du glamour chic que certains films de mafia peuvent véhiculer. A ce titre, on est plus proche de « Gomorra » que de « Scarface » ou « Le Parrain ». Et on n’aurait pas détesté que Carpignano pousse le curseur de l’étrange et du glauque encore plus loin. Dans tous les cas, on est face à une œuvre forte et très prometteuse pour son actrice et son réalisateur. Imparfaite, certes, mais qui se positionne comme un film à voir pour ses qualités plus prégnantes que ses défauts.
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