Environ à mi-chemin de Den of Thieves: Pantera (À armes égales 2 : Opération Pantera, en version française), le personnage de « Big Nick » interprété par Gerard Butler lance un bruyant et tout aussi senti « F*ck the police » dans le but de gagner la confiance du groupe de criminels auquel il tente de se coller. Le plan suivant nous montre le visage étonné de Donnie (O'Shea Jackson Jr., le fils d'Ice Cube) à la suite de cette citation directe de l'une des chansons les plus emblématiques de la formation rap N.W.A. (dont faisait évidemment partie son paternel).
Ce savoureux clin d'oeil annonce bien le changement de ton opéré par Christian Gudegast pour cette suite inattendue au film de braquage de 2018. Un nouvel opus que personne n'anticipait vraiment - et n'espérait probablement pas non plus.
Dans Den of Thieves, le cinéaste ne se gênait pas pour citer abondamment le puissant et intouchable Heat de Michael Mann - avec une petite dose de The Usual Suspects. Il s'agit assurément d'une base de choix sur laquelle ériger tout drame policier impliquant une équipe de voleurs plus qualifiés que la moyenne des ours, et un détective aux prises avec ses démons qui ne se gêne pas pour grogner et brasser de l'air.
Avec ce second tour de piste, Gudegast semble vouloir mettre au monde une franchise d'action qui pourrait jouer dans les plates-bandes de la saga The Fast and the Furious - avec une petite dose d'Ocean's Twelve -, avec tout ce que cela implique en termes de zones grises sur le plan éthique, de séquences musclées, d'éléments luxueux, de guerres d'égos, de pointes d'humour parfois douteuses, et de stratagèmes paraissant un tantinet trop ambitieux.
Dès la première scène de vol qualifié, nous constatons que Gudegast a passablement raffiné ses méthodes, délaissant les rues peu invitantes de Los Angeles pour le charme du vieux continent. La direction photo beaucoup plus travaillée de Terry Stacey et les rythmes sombres des compositions de Kevin Matley contribuent aussi fortement à nous mettre en confiance.
Ces frasques attirent rapidement l'attention de Nick, dont le divorce vient d'être finalisé. Ce dernier s'envole aussitôt pour Nice pour tenter de retrouver celui qu'il se plaisait à appeler « Fräulein », ainsi que les millions de dollars qui se sont volatilisés avec lui à la fin de l'épisode précédent.
Mais lorsque le vétéran enquêteur débarque de nouveau à l'improviste dans la vie du voleur professionnel, ce dernier se fait surprendre par la proposition de sa principale menace de joindre ses rangs pour l'aider à orchestrer un important vol de diamants.
Comme quoi la loi et l'ordre, c'est bien, mais le crime, c'est mieux!
Malheureusement, tout ce que le cinéaste a pu acquérir en efficacité et en précision sur le plan technique, brille par son absence au niveau de l'écriture.
Tout le chapitre tournant autour de l'implication de Nick dans les plans de Donnie nous est balancé à la figure sans la moindre tentative de brouiller les pistes ou d'entretenir un quelconque dilemme moral. Une dynamique narrative dont même Rob Cohen avait su tenir compte au moment de nous introduire à la famille élargie de Dominic Toretto, en 2001.
Même le fameux casse est beaucoup moins épatant et élaboré que celui du premier film. Certes, la longue séquence crée suffisamment d'éléments de tension pour tenir en haleine. Mais tout le plan ne se résume finalement qu'à passer d'une pièce à une autre aussi rapidement que possible afin de demeurer dans l'angle mort du système de surveillance.
Ceci étant dit, il y avait probablement quelque chose du duo Vin Diesel-Paul Walker à recréer avec O'Shea Jackson Jr. et Gerard Butler (qui continue de jouer les ours mal léchés, mais en mode vacances). Une fois arrivés à la fin du parcours, nous ne pouvons que demeurer perplexes quant aux résultats escomptés, considérant la façon dont le long métrage ne fait pas trop de cas de plusieurs éléments narratifs et dramatiques pourtant essentiels à ce genre de propositions.
Den of Thieves: Pantera n'a tout simplement pas l'étoffe scénaristique nécessaire pour soutenir et réaliser ses ambitions. Moins d'efforts et d'attention ont été consacrés à la préparation de la combine, tout comme à la mise en relief des différents personnages, beaucoup plus accessoires et pris pour acquis cette fois-ci.
Christian Gudegast s'est empressé de mettre beaucoup d'éléments sur la table, mais en ne nous demandant jamais de regarder plus loin que le bout de notre nez, espérant naïvement que son public voudra bien faire fi de tout ce qu'il a omis de développer au passage.