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Set et match.
Avant toute chose, concernant ce « 5ème set » en tant que long-métrage de cinéma, il faut en extraire obligatoirement l’ingrédient numéro un de sa réussite, en l’occurrence l’immense Alex Lutz. Après nous avoir bluffés il y a deux ans avec le génial et surprenant « Guy », qu’il a réalisé et qui lui a valu le César du meilleur acteur amplement mérité, le voici qui nous assène une seconde claque de jeu avec ce nouveau film. Il n’avait pourtant jamais touché une raquette de sa vie et il s’illustre incontestablement dans ce drame sportif ayant cette discipline comme contexte et sujet de fond. Il est tout simplement impressionnant de véracité comme peut l’être le reste du film. Son jeu est profond comme jamais dans les scènes plus intimes et empreint d’une justesse rare et crédible lorsqu’il est sur les courts. Il écrase même ses deux pourtant très bonnes partenaires féminines que sont Ana Girardot et Kristin Scott Thomas. La première en épouse partagée entre encouragement et lassitude face à l’obsession de son mari et la seconde en mère castratrice et cinglante, déçue par l’échec de son fils des années auparavant.
« 5ème set » se sert de ce sport rare au cinéma pour nous causer de seconde chance et qu’il n’est jamais trop tard pour l’obtenir quand passion, obstination et résilience sont de mise. On voit que le second film de Quentin Provost est fait par quelqu’un qui s’y connait en tennis. Les coulisses de ce sport sont parfaitement rendues et sentent le vécu à chaque séquence. L’autorisation de tourner à Roland-Garros pour le match final donne un cachet supplémentaire et authentique à cette œuvre. Pourtant, le sport de la terre battue n’est pas le plus cinématographique qui soit au niveau des sports en duel. Ce n’est ni de la boxe, ni de la danse par exemple. Rares sont les films dont on puisse se souvenir à ce sujet hormis peut-être « La plus belle victoire » avec Kristen Dunst. Et on ne compte pas l’excellent « Match Point » dont ce n’était pas le sujet premier. Ici, le cinéaste nous bluffe littéralement avec le match final d’une trentaine de minutes qui nous scotche à notre siège et dont l’excellence technique est admirable. Puissant et impressionnant et avec une ultime image plus que satisfaisante et logique, qui donne tout son son sens à ce film.
On est un peu plus réservé sur le premier tiers du long-métrage qui débute de manière un peu laborieuse et qui navigue à vue. L’entrée en matière n’est guère palpitante, on sent l’ennui possible et les séquences présentées souffrent d’un montage un peu lâche et d’un rythme pas toujours soutenu. Mais, « 5ème set » révèle ses charmes petit à petit et s’avère, plus les minutes passent, tout à fait captivant voire très prenant. Il réussit aussi bien à nous porter sur les scènes intimes entre les personnages et la psychologie de son protagoniste principal que sur les scènes sportives et de match, ni trop nombreuses, ni pas assez et toujours bien filmées. La bande sonore très réussie ajoute au sentiment de stress, d’ampleur et de tension. Si le personnage de Scott Thomas apparaît un peu caricatural et que sa présence s’avère faussement nécessaire pour justifier une part de la motivation et de l’envie de réussir du personnage, le métier de l’actrice fait admirablement passer la pilule. Un film âpre, réussi et fort qui monte en tension et en puissance dramatique de manière admirable.
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