Pourquoi n'y a-t-il pas davantage de films de Noël québécois? Voilà une question légitime. Pourtant, on a le décor parfait au Québec pour donner vie à ces films réconfortants si populaires lorsque décembre arrive. Pendant 10 ans, India Desjardins s'est battue pour qu'on ait enfin une nouvelle ode au temps des fêtes sur nos écrans. Malgré plusieurs embûches, l'autrice a réussi la mission qu'elle s'était donnée et son 23 décembre réchauffe notre coeur autant qu'on aurait pu l'espérer.
Les amateurs du genre auront bien du mal à ne pas faire le rapprochement entre 23 décembre et le classique Love Actually, principalement parce que les deux oeuvres sont des films choraux de Noël. Mais, il y a dans le scénario d'India Desjardins, une véritable intention de modernité. Ses personnages féminins sont puissants - indépendants, forts, fougueux, et assumés - et elle n'hésite pas à aborder certaines thématiques plus délicates, comme la diversité. C'est à travers un baby-boomer aux visions rétrogrades, joué par Michel Barrette, que l'autrice amène ce sujet brûlant. Par contre, n'allez pas croire que ces propos contemporains alourdissent le film. India Desjardins utilise habilement l'humour pour dédramatiser le sérieux d'une situation.
Comme dans tous bons films choraux, on n'aime pas tous les personnages de façon égale. Stéphane Rousseau et sa carrière de chanteur has been ainsi que Guylaine Tremblay et son désir intarissable d'organiser un « beau » Noël pour ses filles sont nos préférés. Mais, il y en a pour tous les goûts et tous les groupes d'âge, de l'ado aux grands-parents. Encore là, les différentes histoires ne sont pas toutes aussi fascinantes. La course effrénée dans les couloirs du Château Frontenac pour retrouver le chien du personnage de Bianca Gervais s'avère, par exemple, moins captivante que l'histoire d'amour de l'autrice jeunesse, jouée par Virginie Fortin. Le fil invisible qui relie les différents individus se révèle, lui, franchement bien tissé. La mise en scène de Miryam Bouchard contribue à la réussite de cette parfaite homogénéité narrative.
Si on reste diverti jusqu'à la fin, on doit tout de même dire que le film se conclut de manière plutôt abrupte, comme si on avait oublié le climax du récit. Et si le long métrage renferme une bonne dose de réconfort et de joie, il manque un tout petit peu de magie. L'enchantement qu'on retrouvait dans Nez rouge, autre rare film québécois de Noël, n'est pas aussi puissant ici.
Même s'il n'est pas parfait, 23 décembre est le baume dont on avait besoin. C'est un chocolat chaud après une longue journée de ski, un feu de foyer pendant une tempête, un bain moussant quand le givre recouvre les fenêtres, un remède contre l'austérité.