L'immense surprise qu'était 21 Jump Street il y a deux ans se renouvelle de belle façon avec 22 Jump Street, une comédie intelligente, autoréférentielle et - le plus important - drôle du début à la fin. Le retour des agents Schmidt et Jenko, qui sont maintenant affectés à une mission à l'université, se fait dans la continuité de cette maîtrise du genre qui faisait à la fois le succès et l'originalité du premier film, et qui en avait fait une des meilleures comédies policières de tous les temps.
Par rapport au premier film, 22 Jump Street a quelques longueurs et il est bien sûr moins déroutant, puisqu'on connaît déjà le ton d'autodérision et de références culturelles qui en feront le charme. Un discours bien intégré sur Hollywood, son obsession pour les suites et les recettes (à l'instar du premier film qui ridiculisait les remakes, en étant un lui-même). Comme son prédécesseur, 22 Jump Street désarçonne à cause de son regard franc sur Hollywood et son désir de le tourner en dérision.
La complicité que développent Jonah Hill et Channing Tatum est à la source de pratiquement tout l'humour du film. Le naturel de l'un et l'enthousiasme de l'autre s'unissent dans une exploration comique sur les étudiants et sur l'amour entre amis mâles hétéros; le sujet est assez récurrent dans les comédies américaines, mais il est ici poussé à son maximum (on parle de « bromance », en anglais). L'humour est jeune, les personnages sont vifs d'esprit et ont un sens de la répartie hilarant en plus d'être attachants. Hill démontre à nouveau dans ce film l'étendue de son talent tandis que Tatum fait preuve d'un timing comique absolument parfait. Pourquoi des acteurs comiques ne pourraient-ils pas offrir une performance de grande qualité?
Les réalisateurs Phil Lord et Chris Miller ont plusieurs fois prouvé leur talent, même avec des films pour enfants ingénieux (Cloudy with a Chance of Meatballs, The Lego Movie) et ils sont à nouveau ici d'une grande inventivité. 22 Jump Street est honnête avec ses personnages, il s'amuse à les ridiculiser - mais amicalement! - ce qui permet à de nombreux running gags de fonctionner encore et encore.
La comparaison avec le premier film est difficile puisque ce dernier saisissait avec tellement de pertinence ce qui est à la base des films de high school américains et s'en servait comme d'une source d'inspiration, retournant dans tous les sens ces films qui sont pratiquement des mythes fondateurs de l'Amérique. 22 Jump Street est une comédie plus prévisible, mais tout aussi efficace, et si c'est à cause des blagues qu'on rit pendant les 112 minutes du film, c'est à cause de la pertinence de l'observation qu'on s'en souviendra encore longtemps.