Sympathique petit film imparfait, 2 temps 3 mouvements a des idées, des propositions, une volonté claire de raconter une histoire. Certes, cette histoire a des lieux communs, malheureusement certaines redites, mais demeure poussée par un désir apparent de cinéma, qui se manifeste dans un contrôle rigoureux d'un hors champ signifiant. Les interprètes ne sont pas tous dans le ton et les moyens limités sont apparents, mais il se dégage tout de même de ce premier long métrage de Christophe Cousin une singularité prometteuse.
L'histoire de Victor se dévoile progressivement, sans jamais qu'on ne mette l'accent sur le malheur. C'est la vie, c'est tout. Des portes closes, des fenêtres ouvertes, le vent; un travail sonore complet qui vient parfois récupérer certaines maladresses visuelles. La caméra à tête chercheuse est sans cesse à l'affût, elle tente de capter sur le visage des acteurs une émotion. Voilà une dynamique qui est en premier lieu fort efficace - à cause de la distance de pudeur minimale -, mais qui en bout de course perd de sa fraîcheur.
Une des raisons de cet affaissement est les quelques revirements attendus du récit, qui ne parvient pas à garder un mystère très longtemps. De plus, certaines trames secondaires (dont une expérience sexuelle négligeable) et déambulations dans la nuit s'intègrent mal au récit et l'allongent inutilement. Avec une cure minceur (le film ne fait que 85 minutes), 2 temps 3 mouvements aurait pu être un court métrage grandiose. C'est plutôt un long métrage correct, avec autant de qualités que de défauts, qui gagnerait en intensité s'il était mieux resserré.
Une révélation finale forcée par un détour scénaristique et physique (mais où est cette rivière sans pont dans ce quartier urbain?) vient terminer de diluer la force dramatique du film, qui s'était perdue en cours de route. Pour cette raison, la rencontre finale entre le jeune héros et la mère du suicidé, un peu mièvre, déçoit grandement.
Les interprètes ne sont pas toujours dans le même ton, mais le jeune Zacharie Chasseriaud impressionne à nouveau (après ses rôles dans les films belges Les géants et Au nom du fils) dans le rôle d'un adolescent taciturne, qui demeure crédible malgré le contexte risqué (et malgré le cinéma). Antoine L'Écuyer a peu l'occasion de se faire valoir, tandis que Philomène Bilodeau fait une apparition courte mais remarquée.
2 temps 3 mouvements a des qualités et des maladresses, c'est entendu. Son pouvoir de suggestion et son refus du misérabilisme en sont certainement deux qualités importantes; son acteur principal aussi. Son récit un peu flottant ne traduit malheureusement pas la situation en intensité dramatique cinématographique. Le résultat est forcément inégal.