À défaut d'avoir révolutionné le cinéma, Roland Emmerich s'est bâti une réputation très simple à comprendre et bien appréciée du public; le type fait des blockbusters, des fresques à grand déploiement bourrées d'effets-spéciaux qui ne répondent qu'au tout-puissant Divertissement, le nouveau dieu de cette époque pessimiste et mercantile. Mais 10 000 av. J.-C. est une insulte à l'intelligence du spectateur comme on en voit peu. C'est un peu tôt, mais allons-y quand même pour : l'un des pires films de l'année. Le défi, c'est de ne pas rire.
En 10 000 avant Jésus-Christ (ah vraiment?), le jeune D'Leh gagne à la chasse au mammouth le main de la belle Evolet (une Camilla Belle tétanisée par les inepties et déjà entrain de réfléchir à l'effet négatif que pourrait avoir sur sa carrière cette ridicule perruque). Mais, quelques minutes plus tard à peine, un groupe de cavaliers sanguinaires vient kidnapper la moitié du village (mais pas le chef). D'Leh se lance donc à leur poursuite et traversera une montagne enneigée, une forêt tropicale et un désert avant de tomber sur une mystérieuse civilisation qui fait travailler les prisonniers comme esclaves.
En volant ainsi presque littéralement la trame narrative d'Apocalypto, 10 000 av. J.-C. prend un énorme risque qu'il ne sera jamais en mesure de relever. D'abord parce qu'il est conçu pour des enfants (on a une bonne idée de la faible opinion des scénaristes à leur sujet) et qu'il ne montre rien des blessures que doivent - selon toute logique - infliger toutes ces lances à travers la chair. Rien de sérieux, donc, dans ces combats maladroits, ni dans ce faux-sacrifice qu'on fait en jetant quelqu'un du haut d'une tour sans plus de cérémonie. Ah! et il ne faudrait pas oublier l'accablante simplicité avec laquelle on se débarrasse d'un énorme tigre assoiffé de sang.
Les premiers mots d'un narrateur surréel augurent déjà mal pour le destin des pauvres acteurs, prisonniers d'un scénario ridicule qui les force à proférer les pires bêtises. Au-delà des innombrables prophéties qui viennent sortir les scénaristes de l'embarras dès qu'ils frappent un mur de rationalité, la langue utilisée, qui ressemble à un anglais accentué qui ne connaît pas encore tous les mots et qui parle en métaphores, est absolument risible. Si on prétextait utiliser l'anglais comme un doublage pour faciliter la compréhension du public (on ne peut quand même pas demander aux gens de maîtriser d'étranges langues anciennes, et il semble que lire les sous-titres est une activité trop ardue), les gens n'auraient pas d'accents différents et cette désolante naïveté infantile qui fera croire au film qu'il peut se permettre le coup du « dernier souffle ». Franchement, si garder son sérieux jusque là avait été un beau défi, rien à faire avec cette niaiserie simpliste et grossière. Dans une parodie, on n'y aurait même pas cru.
Les effets-spéciaux ne sont même pas une excuse valable pour avoir envie de voir 10 000 av. J.-C. tellement ils sont peu impressionnants, tout particulièrement lors des plans larges. Et puis cette leçon de boîte de céréales sur la lâcheté vient enrober le film d'une aura de bonne volonté mal-placée, quétaine et prévisible. Rien à faire, 10 000 av. J.-C. est un échec lamentable. Note aux scénaristes : faire un film sur la préhistoire ne signifie pas tourner avant d'en avoir une.
À défaut d'avoir révolutionné le cinéma, Roland Emmerich s'est bâti une réputation très simple à comprendre et bien appréciée du public; le type fait des blockbusters, des fresques à grand déploiement bourrées d'effets-spéciaux qui ne répondent qu'au tout-puissant Divertissement, le nouveau dieu de cette époque pessimiste et mercantile. Mais 10 000 av. J.-C. est une insulte à l'intelligence du spectateur comme on en voit peu. C'est un peu tôt, mais allons-y quand même pour : l'un des pires films de l'année. Le défi, c'est de ne pas rire.