Le réalisateur Yves Pelletier présente cette semaine son deuxième long métrage au public. Intitulé Le baiser du barbu, le film met en vedette David Savard et Isabelle Blais. « J'ai pensé tout de suite à David, parce que j'ai adoré travailler avec lui sur Les aimants, nous dit le réalisateur. J'avais hâte d'avoir une occasion de retravailler avec lui. Je trouvais que le personnage lui correspondait totalement. C'est un bon gars, chaleureux, il est très drôle... Il comprenait bien le ton que j'aime donner à mes affaires. »
Est-ce amusant de tourner une comédie? « On travaille dans le plaisir, même si on n'a pas le temps de rire. Même si ça va vite, je suis tellement content sur un plateau, c'est gratifiant. Tu es entouré d'une équipe de créateurs, tout le monde pousse dans la même direction, il y a quelque chose d'euphorique. »
David Savard, qui incarne le barbu en question, est du même avis. « J'avais vraiment besoin d'être concentré sur mes affaires. C'est sûr qu'entre les scènes on fait des niaiseries, mais avec huit ou neuf scènes dans ma journée, il fallait que je reste concentré. C'est la première fois que j'avais un premier rôle. » Improvisateur depuis de nombreuses années, cet aspect du jeu influence beaucoup son travail. « Faire de l'impro, ça m'aide dans tout ce que je fais. Ça aide à arrêter de me poser des questions et à juste essayer de faire. Ça me sert quotidiennement dans ma carrière. »
Son personnage, Benoît, vit presque la même chose. « Benoît, c'est un acteur qui ne travaille pas beaucoup, qui doute beaucoup, qui se demande s'il ne devrait pas tout lâcher... Il croit qu'il manque juste une petite affaire pour que tout commence à marcher. Il est prêt à écouter toutes les histoires et à essayer de plaire à tout le monde, alors avec la barbe... il se sent plus en confiance. Benoît, il a la qualité de son défaut : oui, il est idéaliste, mais en même temps, il plonge. Comme acteur, dans la vraie vie, c'est important de plonger. »
Isabelle Blais joue sa blonde, Vicky. « C'est une jeune femme douillette. Elle a une petite nature, elle se plaint souvent, elle a l'impression qu'elle a mal un peu partout... Il fallait que ça reste charmant, mais c'est certain qu'il y en a qui vont trouver qu'elle exagère, qu'elle se sert de ça pour avoir l'attention de son chum. Ce que j'aimais, c'est justement ça. »
« C'est une auteure qui s'ignore, elle a laissé tomber ses projets d'écritures, elle ne se met plus en danger. » Comme comédienne, il faut constamment se mettre en danger. « Je ne ferais pas ce métier-là si je n'étais pas capable de vivre avec le fait que le lendemain est fait! »
Elle était d'ailleurs du premier film d'Yves Pelletier. A-t-il agi différemment cette fois-ci? « Il était plus confiant, et il savait plus où il s'en allait. Dans les conditions qu'on avait, il fallait quelqu'un comme ça, il ne fallait pas perdre de temps. »
Il y a dans le film une mise en abîme du métier d'acteur. Cela est-il inspiré de la réalité? « Mon souci, ce n'est pas d'être le plus réaliste possible, mais d'être crédible, enchaîne le réalisateur. Je veux qu'on y croit, mais je veux jouer sur le cliché, sur une image qui est crédible, qui est compréhensible par tous. J'ai ma distribution, j'ai mon histoire, c'est ça que je mets à l'écran. »
« Mon film est très découpé, c'est plus facile d'aller chercher la performance, de se débrouiller au montage avec les plans. Un plan-séquence, il faut que la performance soit optimale en même temps que la technique, et ça demande du temps. Le film est plus découpé que ce que je voulais, mais j'ai le ton que je voulais donner. »
Le baiser du barbu prend l'affiche ce vendredi à travers le Québec.