Le long métrage La guerre des boutons, de Yann Samuell, prend l'affiche au Québec ce vendredi. Le film est inspiré du classique d'Yves Robert paru en 1962 et devenu depuis un incontournable du cinéma français. Il raconte l'histoire de deux bandes rivales d'enfants qui s'affrontent dans une guerre sans précédent près d'un petit village du sud de la France.
Il s'agit, pour le réalisateur de L'âge de raison et de Jeux d'enfants, d'une nouvelle incursion dans le monde de l'enfance. « Oui, j'en prends conscience parce qu'on me le rappelle, mais je ne suis pas tout à fait conscient du parcours. Quand j'ai fait ces deux films, j'avais plutôt l'impression de parler d'adultes, mais d'adultes qui sont en rapport avec leur enfance. Là, j'ai voulu faire l'inverse : ce sont des enfants qui vont devenir des adultes. Ce sont des enfants qui regardent le monde des adultes et qui essaient de l'imiter. L'individu, le caractère, se développe dès l'enfance. »
Est-ce bien différent de travailler avec des enfants acteurs? « Oui et non. Le boulot se fait en amont. Avec les adultes, ce n'est pas à moi à leur apprendre à travailler, je suis là pour les intégrer dans un projet commun; je n'ai jamais cru du tout à ce terme très prétentieux de « direction d'acteur ». Un acteur connait son boulot dix fois mieux que je ne saurais jamais le faire. »
« Avec les enfants, c'était leur première expérience. Je leur ai expliqué qu'un film c'était rigoureux, que ça demandait une certaine exigence, une présence, une constance, mais je n'ai pas voulu en faire des acteurs, j'ai voulu au contraire garder la fraîcheur. On a beaucoup travaillé sur leur propre nature, leur propre façon d'être. »
Vous reprenez l'histoire d'un film qui est un grand classique du cinéma. « Le fait est que je n'ai pas du tout voulu m'attaquer au film, je suis reparti du bouquin. En aucun cas je ne voulais faire ombrage à la vision d'Yves Robert. J'ai pris le bouquin, je l'ai potassé, j'ai vu toutes les choses que je pouvais y amener qui n'étaient pas dans le bouquin ni dans l'autre film; le personnage féminin, la notion de la naissance de l'autonomie chez l'enfant, le fait qu'il y ait une vraie guerre en arrière-plan, l'époque qui est différente, toutes des choses qui me tenaient à coeur. »
Le personnage féminin est un ajout contemporain au récit. « C'était important pour moi. J'ai placé l'histoire en 1957, le roman lui se passe en 1898, mais c'était trop vieux, une époque complètement différente, je pense que les enfants d'aujourd'hui auraient été largués. J'ai choisi une époque où certains des enfants reviennent d'une vraie guerre pour montrer que la guerre des boutons ce n'est qu'un jeu, du moins un exercice d'épanouissement. Fallait que ce soit le début du féminisme, fallait qu'il y ait toutes ces notions d'autonomie, et j'ai choisi l'année 57 symboliquement parce que c'est l'année où on envoie Spoutnik dans l'espace. Avant, le monde est vaste, après, le monde est surveillé par les télécommunications. »
Le film a récolté 1,4 million d'entrées en France lors de sa sortie en septembre 2011. Un autre long métrage inspiré de la même histoire mais réalisé par Christophe Barratier, intitulé La nouvelle guerre des boutons, prendra l'affiche au cours de l'été.