Le long métrage Life of Pi prend l'affiche dans les cinémas nord-américain aujourd'hui. Le film raconte l'histoire d'un jeune Indien du nom de Pi Patel qui doit traverser l'océan Pacifique avec sa famille, qui déménage en Amérique. Les animaux de leur ancien zoo font partie du voyage. Malheureusement, personne ne se rend à destination puisque, pris au milieu d'une violente tempête, le navire sombre au fond de l'océan. Pi parvient à rejoindre un bateau de sauvetage, mais il n'est pas seul à bord; un zèbre, une hyène, un orang-outan et un tigre partagent la chaloupe avec lui.
Life of Pi a été tourné en 105 jours et les deux derniers jours se sont déroulés dans la région de Montréal. Le conte est inspiré du livre éponyme de l'auteur d'origine québécoise Yann Martel. Nous avons rencontré ce dernier lors de la première canadienne du long métrage au Festival du Nouveau Cinéma de Montréal le mois dernier.
« J'ai rencontré Ang Lee à New York et nous avons passé une longue soirée à discuter du livre. Plusieurs mois plus tard, j'ai lu à deux reprises le scénario et j'ai fait des commentaires, mais je suis resté à des annotations de base. Je disais par exemple : « Cette tournure de phrase ne m'apparaît pas comme une tournure de phrase de l'anglais de l'Inde. » Parce que David Magee est américain, il n'est jamais allé en Inde, donc il y avait dans les textes des expressions qui étaient plus américaines qu'indiennes. Je suis donc resté à des petits détails comme ça, très rapidement j'ai pris du recul et j'ai lâché prise, parce que je suis romancier et non scénariste. »
Ce doit quand même être ardu de se détacher de la sorte, de laisser votre oeuvre dans les mains de d'autres? « Non, parce qu'un film est très séparé d'un livre. On ne blâme jamais l'auteur pour le succès ou la faillite d'un film inspiré d'un livre. Dans les deux cas, je gagne; s'il se rend aux Oscars je ne m'empêcherai pas de dire que le film est basé sur mon roman, mais si le long métrage est un échec lamentable, je peux très bien dire que c'est son film et pas mon livre. Mais, il faut dire que j'adore le cinéma alors je suis prêt à prendre ce risque aussi. »
Qu'avez-vous aimé le plus dans le film? « Quand on lit le roman, on filtre l'élément indien, on l'oublie. À moins bien sûr qu'on se mette à lire le livre en se penchant la tête et en prenant un accent indien, on délaisse l'idée que le film commence en Inde. Le long métrage est très indien; dans des villes indiennes, des costumes indiens, des accents indiens. Je suis vraiment très content que cet élément « indien » soit très présent. »
Jamais on ne doit s'attendre à un tel succès lorsqu'on bûche sur l'écriture d'un livre. « Non et particulièrement pas celui-ci parce que la société dans laquelle je vis déteste la religion et j'imagine qu'elle n'apprécie pas beaucoup les zoo, qui sont un peu de grandes cages à animaux. Alors, un roman qui parle de religion et de zoo, je m'imaginais qu'il ne serait jamais publié, ou du moins, s'il l'était, il deviendrait peut-être un petit succès d'estime, le genre de livre que seulement quelques personnes aiment, mais férocement. Jamais je n'aurais pu croire que dix ans après la publication, je serais encore en train de faire des entrevues en lien avec ce livre. Mais, évidemment, cette reconnaissance, c'est vraiment un plaisir et un honneur. »