Après avoir été présenté à Cannes en mai dernier, le deuxième long métrage de Xavier Dolan prend l'affiche ce week-end dans les cinémas du Québec. Les amours imaginaires raconte l'histoire de Francis et Marie, deux amis de longue date qui font la rencontre simultanée de Nicolas, un bellâtre qui les séduit tous les deux sur le champ. Leur amitié sera grandement affectée par une jalousie malsaine qui va s'installer entre eux, tandis que Nicolas ne semble pas comprendre qu'il est l'objet de leur affection.
Est-ce une histoire d'amour générationnelle? « Il y a une proportion aussi élevée de gens de 40, 50 ou 60 ans qui viennent me dire que c'est ce qu'ils ressentent en amour, que c'est leur vie. J'ai l'impression que c'est un film avec nous, avec notre génération, mais qu'en même temps c'est un portrait multi-générationnel. C'est un portrait de la jeunesse, et la jeunesse, ce n'est pas juste physique. »
« Parfois, on va loin dans la douleur, loin dans l'humiliation, pour un sentiment qui n'existe même pas, en fait. »
On dirait que tu as avais prévu toutes les réserves qu'on émettrait sur le film. « Je suis très critique par rapport à mon film, et je lui trouve énormément de défauts, mais qui ne sont pas évoqués par les critiques habituellement. On fait plutôt référence à un manque de substance, un manque de fond. On est dans le rêve, dans l'abstrait, dans le fantasme, dans le visuel... donc, le côté plastique de l'image, le côté magnifié, ralenti, suspendu, tout ça pour moi est en cohérence avec la superficialité de la rencontre que les personnages font. »
« Je pense qu'il y a une substance dans le film. Il y a des choses qui réussissent à m'émouvoir. »
Il y a aussi les « hommages référentiels ». « Plus ça va, plus je suis zen avec cette histoire-là. Écoute... il y a des références réelles, et il y a des références imaginaires. J'aime le cinéma de Wong Kar-Waï parce que ça correspond à mes goûts, pas parce que ça me les indique... Je veux filmer au ralenti parce que c'est mon réflexe. C'est une suspension de la douleur, aussi. Quand on est en amour, on flotte dans un espère de rêve. »
Monia Chokri incarne Marie, la partie féminine de ce trio. « Je la trouve très touchante. Marie, c'est un personnage qui a une carapace sociale, qui au fond d'elle cache beaucoup de romantisme et un manque de confiance. Elle est très caustique, elle a un côté rigolo, indépendant. Elle a un rapport fragile à l'amour, à l'engagement amoureux, mais aussi cette espèce de modernité d'avoir des amants mais d'être amoureux de quelqu'un d'autre. »
Niels Schneider, lui, doit donner corps à l'objet de leur désir, Nicolas. « Il est très agace. Il est inconscient et inconséquent, parce que même s'il fascine Francis et Marie, il a tellement besoin de plaire à tout le monde qu'il ne donne aucune opinion, il ne s'exprime sur rien. Il laisse les autres fantasmer sur lui, et après ça il jongle avec eux. »
Quel type de directions aimes-tu recevoir de la part du réalisateur? « J'aime qu'on me raconte des histoires, qu'on me mette dans une bulle. J'aime qu'on me décrive une atmosphère, une énergie, et que le réalisateur me transporte dans mon personnage. »
Xavier est-il affecté de devoir jouer et réaliser en même temps? « Ça ne lui nuit pas trop trop. Il a une capacité de concentration exceptionnelle. Qu'il réalise ou qu'il dirige, il est très très présent. »
Les amours imaginaires prend l'affiche au Québec ce vendredi.