À chaque fin d'année, c'est toujours la même histoire. Il y a eu trop de bons films pour remplir un top 10. Surtout après en avoir vu près de 500. Alors on prend la décision de ne pas comptabiliser ceux des festivals - ce qui m'oblige à faire une croix sur la monumentale fresque de huit heures A Lullaby to the Sorrowful Mystery de Lav Diaz, ainsi que son sublime «court métrage» de quatre heures The Woman Who Left - pour me concentrer sur les titres qui ont pris l'affiche au cinéma au Québec entre le 1er janvier et le 31 décembre 2016. Qu'est-ce qu'on retient de 2016?
10. La La Land
2016 a été une année moribonde à bien des égards (politique, sort de la planète et de ses habitants, trop de grandes disparitions) que c'est presque normal d'opter pour un titre enchanté, coloré et enivrant, qui redonne espoir aux rêves.
9. Elle
La chroniqueuse de La Presse a détesté, ce qui en fait déjà un excellent film en soit. Tout dans cet opus est une question de transgression et on suit ce qui arrive à l'inoubliable Isabelle Huppert avec un plaisir sadique. Et on en redemande.
8. Moonlight
C'est l'uppercut insoupçonné au plexus solaire. La grande leçon de cinéma où la maîtrise du script, de la mise en scène et de l'interprétation coupent littéralement le souffle. La première partie frôle d'ailleurs la perfection.
7. Fire at Sea
La crise des migrants a déjà donné son lot de grandes oeuvres comme La fille inconnue des frères Dardenne et Those Who Feel the Fire Burning de Morgan Knibbe. Aucun ne se rapproche de ce documentaire essentiel sur la vie et la survie où beauté et horreur se côtoient constamment.
On pleure toutes les larmes de son corps devant ce drame d'une rare intensité. On se surprend aussi à rire à de nombreux endroits. C'est toute la complexité de l'existence qui s'affiche dans cette production qui réinvente pratiquement l'utilisation du flashback.
Tout tient à deux mots: Apichatpong Weerasethakul. Le grand cinéaste thaïlandais a encore frappé avec cette nouvelle fable qui questionne le pouvoir des rêves et de l'Histoire pour créer un amalgame qui ne ressemble à rien d'autre.
L'Amérique s'est rarement dévoilée de façon aussi juste que dans cette création libre et sans attache, qui colle à la peau de son héroïne fantasque. L'essayer c'est l'adopter, à condition évidemment de s'y investir amplement.
3. Ma mère
Le septième art dans toute sa splendeur, par un de ses immenses maîtres qui use de finesse et de mélancolie pour rappeler que rien n'est éternel et qu'il faut aimer, encore et encore, avant qu'il ne soit trop tard.
Un dessin animé extraordinaire qui n'a pas besoin de mots pour véhiculer sa beauté, son honnêteté et son puissant regard sur le monde qui nous entoure. À faire rougir tous les Disney et Pixar.
Un premier long métrage colossal qui est parvenu à donner un souffle inédit aux films sur l'Holocauste. En jouant constamment avec tout le potentiel du son et de l'image, cette virtuosité sans nom rappelle que des chef-d'oeuvres se font toujours de nos jours.