Jusqu'à ce que le milieu culture soit - encore - mis sur pause, ce fut un bonheur de retrouver la salle de cinéma. Peu importe les tourments extérieurs, c'est l'endroit idéal pour panser ses plaies et rêver mieux.
L'année fut peut-être tumultueuse et rocambolesque, cela n'a pas empêché le septième art de grande qualité de déferler. Des sommets locaux (Archipel, Nulle trace, La nuit des rois, Les oiseaux ivres), aux pépites anglophones (Spencer, Wolfwalkers, Licorice Pizza, Minari) et étrangères (Malmkrog, La main de Dieu, Le diable n'existe pas, Martin Eden), en passant par les documentaires marquants (Summer of Soul, Petite fille, Collective) et les superproductions de qualité (Dune, No Time to Die), il y avait de quoi pour satisfaire tous les appétits.
Quels sont les 10 films qui m'ont le plus marqué? Voici mon palmarès des meilleurs longs métrages qui ont pris l'affiche au Québec - en salle ou en ligne - entre le 1er janvier et le 31 décembre 2021...
10. ex aequo C'mon C'mon
Les larmes ne tardent pas à abonder dans cette ode à l'enfance et la famille. Troquant la narrativité classique pour le dialogue et l'observation, Mike Mills (Beginners) filme la vie dans ce qu'elle a de plus jolie. Les acteurs y sont extraordinaires.
10. ex aequo Days
Sortant de sa retraite, le grand maître Tsai Ming-liang propose une rencontre sensuelle et contemplative entre deux âmes solitaires. Devant tant de beauté, les mots deviennent superflus, laissant les silences du désir prendre le dessus.
9. Annette
Les films musicaux furent nombreux cette année. Le plus virevoltant fut certainement ce flamboyant opéra du trop rare Leos Carax, où Adam Driver se déchaîne sur la musique des Sparks. De la virtuosité à revendre, jusqu'à une finale particulièrement crève-coeur.
Andreï Konchalovski a écrit pour l'immense Tarkovski et dirigé Sylvester Stallone! À 83 ans, il lève le voile sur des mensonges du passé, livrant un véritable combat entre l'ombre et la lumière. Un effort de mémoire magnifiquement réalisé et interprété.
7. Titane
Le choc du dernier Festival de Cannes. Julia Ducournau (Grave) s'attaque au genre fluctuant avec une efficacité peu commune, faisant constamment triompher l'humanité de l'adversité. Une Palme d'Or audacieuse et parfaitement méritée.
6. Les choses qu'on dit, les choses qu'on fait
Les relations sentimentales se sont toujours retrouvées au coeur de l'oeuvre d'Emmanuel Mouret, qui propose son opus le plus majestueux. Tout coule de source dans ce poème de mots et d'émotions où l'on en ressort plus léger.
5. Wheel of Fortune and Fantasy
Ryusuke Hamaguchi (Happy Hour) est possiblement le plus intéressant metteur en scène en activité. Il questionne brillamment notre rapport aux autres avec ce triptyque qui fond dans la bouche. Drive My Car risque d'ailleurs de se retrouver dans notre top 2022...
4. Mauvaise baise ou porno barjo
Le dernier Ours d'Or ne laisse pas indifférent. Le Roumain Radu Jude (Aferim!) pond une implacable satire de l'hypocrisie généralisée, doublée d'une réflexion acidulé sur la dérive idéologique. Une proposition tout simplement éclatante.
Il n'y a aucun réalisateur qui apaise autant l'esprit que Hong Sang-soo. Chez lui, l'existence est composée d'héroïnes fortes, d'errances mélancoliques et de discussions tragi-comiques bien arrosées. Un nouveau sommet dans une carrière plus qu'enviable.
C'est le pari d'une mise en scène dantesque, la plus éblouissante de l'année. David Lowery (A Ghost Story) n'a pas peur de bouleverser les conventions et il frappe fort avec ce récit d'une ambition démesurée, offrant à Dev Patel un rôle en or.
1. Nomadland
2021 aura été le couronnement de la jeune carrière de la cinéaste Chloé Zhao (The Rider), qui a triomphé aux Oscars avec cette oeuvre libre et puissante, importante à bien des égards. Une onde de choc qui excuse - presque - la déception de Eternals.