Sorti en novembre dernier en France, le long métrage Forces spéciales, de Stéphane Rybojad, prend l'affiche au Québec ce vendredi. Le film, qui se déroule en Afghanistan, raconte les efforts d'un commando d'élite de l'armée française afin de sauver une reporter de guerre prise en otage. Rencontré à Paris en janvier dernier, le cinéaste a réalisé de nombreux reportages sur l'armée française avant de tourner son premier film.
Que faut-il faire pour réussir son film d'action? « L'envie de le faire, déjà, au départ. Surtout en France, parce que ce n'est pas un type de film très répandu. Faire des films de genre aujourd'hui en France, c'est presque ce qu'il y a de plus dur, en fait. Si vous avez une histoire plus intimiste qui se déroule à Paris, c'est quand même plus facile à faire que quand vous expliquez à tout le monde que vous allez aller dans l'Himalaya. »
Quel est le rapport des Français face à leur armée? « Je crois que les Français aiment bien leur armée, mais que leur rapport est compliqué. L'armée française n'a pas été très brillante, il y a quelques dizaines d'années, et en même temps il y a des gens qui se sont battus. L'armée d'aujourd'hui est beaucoup plus le reflet de cette génération de gens qui, dès la Deuxième Guerre mondiale, ont commencé à vouloir se battre. Je ne dis pas qu'il y a un rejet, pas du tout, il y a plus un je-m'en-foutisme. Des soldats français meurent en Afghanistan, bon, ce n'est pas quelque chose dont on parle. »
Vous avez eu accès à de nombreux experts, par souci de réalisme. « Bien sûr, c'était essentiel. Pour avoir des forces spéciales autour de nous, pour les acteurs, pour s'inspirer, pour la psychologie de ces métiers, il fallait qu'on aille un petit peu plus loin et qu'on ne triche pas, surtout. J'ai fait un film extrêmement honnête. »
Le fait d'enfiler l'attirail du soldat doit être particulièrement immersif pour les acteurs. « Exactement. Non seulement le costume est important, mais l'environnement, le décor, les cailloux, la poussière, le froid, la fatigue... C'est en ça que je dis qu'on n'a pas beaucoup triché : les acteurs, à force de ne pas très bien manger, de mal dormir, d'être à 4000 m d'altitude... Je les ai amenés loin, et ils ont été jusqu'au bout. »
Il fallait que vous soyiez certain que les acteurs allaient aller jusqu'au bout. « Vous n'êtes jamais certain de cette alchimie. Deux mois avant le tournage, tous les comédiens sont partis chez les forces spéciales s'entraîner. Ils ne se connaissaient pas tous, donc ils ont appris à se connaître dans des conditions un peu spartiates qui ne sont pas celles du cinéma, non plus. Le cinéma est un monde dans lequel il y a généralement beaucoup de confort. »
C'est Diane Kruger qui incarne la journaliste prise en otage. « Ce que je cherchais avec une actrice comme Diane, c'est une force de caractère. Les femmes reporter qui partent dans des pays en guerre, généralement sont vraiment des femmes de caractère. Elles ne le font pas exprès, mais elles sont plutôt jolies dans la vraie vie, si vous les croisez à Paris, jamais vous n'imaginerez que le lendemain elles sont sujettes à partir à l'autre bout du monde, dans des pays compliqués où souvent elles travaillent toutes seules. J'étais enchanté d'être avec une comédienne comme Diane qui n'a peur de rien et qui n'a pas froid aux yeux. »
Vous aviez donc beaucoup de responsabilités sur le plateau. « J'ai une double casquette, je suis réalisateur, mais je suis aussi scénariste, et producteur aussi, et j'ai fait le montage, de temps en temps je cadre la caméra... Au-delà de ça, la partie la plus importante pour bien vivre l'aventure, c'est qu'il fallait qu'elle se déroule bien. On part à 80, on va rentrer à 80. On prenait des risques, mais on prenait des risques extrêmement calculés. Ces risques sont payants sur la pellicule. »
« Tout à l'heure je disais qu'on n'a pas triché : à l'écran ça se voit. Je voulais faire un vrai spectacle, un vrai film d'aventures, et à un moment il faut aller la chercher aussi. On ne peut pas tout inventer en studio. »
Forces spéciales met également en vedete Djimon Housou, Benoît Magimel, Raphaël Personnaz et Denis Menochet.