Le démantèlement, le deuxième long métrage du réalisateur québécois Sébastien Pilote, qui nous a aussi donné Le vendeur, prend l'affiche au Québec ce vendredi. Le film met en vedette Gabriel Arcand dans le rôle de Gaby, un éleveur de mouton qui a vécu toute sa vie sur une petite ferme familiale. Lorsque sa fille aînée, qui vit à Montréal, est aux prises avec des problèmes d'argent, il envisage le démantèlement de sa ferme afin de l'aider.
Gilles Renaud, Lucie Laurier, Johanne-Marie Tremblay et Sophie Desmarais complètent la distribution du film.
Ce nouveau long métrage s'inscrit dans la continuité de son premier film, Le vendeur. « J'ai eu l'impression, pour certaines affaires, de refaire le même film. Je me suis amusé aussi à refaire le même film, à refaire les mêmes scènes, mais différemment. »
« Avec Le vendeur, la difficulté c'était de travailler en hiver, avec la neige, qu'on n'avait pas... Cette fois, la difficulté supplémentaire c'était de travailler avec des animaux, avec des troupeaux de moutons, trois troupeaux de 400 moutons. On tournait aussi avec un chien, avec des jeunes enfants... tout ça ensemble dans un plan large, séquence, ça peut devenir... Les moutons, ça n'écoute pas, il n'y a pas d'entraîneur pour ça. »
Il y a aussi le personnage masculin, central, solitaire et dédié. « En le faisant, j'avais l'impression que c'était un peu le même personnage, le même personnage paternel, mais qui est dans un monde parallèle. Le vendeur, Marcel Lévesque, c'est quelqu'un qui n'a pas appris à vivre sans son travail, sa vie c'est son travail. Il ne voulait pas arrêter de travailler, alors que là c'est le contraire, Gaby a décidé d'arrêter, il y a quelque chose de la fatalité, il est prêt à subir n'importe quoi pour satisfaire ses filles. »
Pourquoi Gabriel Arcand? « Je trouvais que sa photogénie était très peu exploitée, sa photogénie très américaine avec des traits un peu à la Clint Eastwood, et c'est un acteur qui s'est fait rare au cinéma. Ça me faisait plaisir de lui proposer un rôle où il allait tenir le film sur ses épaules. »
« Ça prenait un acteur très très solide, intéressant, qui est beau à regarder ne rien faire. Gabriel est souvent associé à des rôles plus austères, graves, intellectuels, mais là je voulais qu'il y a ait quelque chose de lumineux. On s'est tout de suite entendu qu'il ne fallait pas que ce soit misérabiliste. Même quand il dit quelque chose de terrible, il a un petit sourire dans l'oeil. »
« Les pères québécois, selon moi, sont comme ça. Ils sont endurcis. Ils vivent des drames, mais ils sont endurcis. »
Et pour Lucie Laurier et Sophie Desmarais, qui jouent ses filles? « Les filles je n'ai pas fait d'auditions avec elles, je les ai rencontrées pour discuter. Pour voir la lecture qu'elles ont faite du scénario; tu apprends beaucoup de choses en discutant avec quelqu'un. Pas besoin de faire des screen test, j'ai pu voir plein de photos et de films dans lesquels elles ont joué. Une fois que les acteurs sont placés, il y a une grosse partie du travail qui est fait. C'est un travail mental d'imaginer les acteurs ensemble. »
Quel est le rapport des acteurs avec le texte, les dialogues, qui couvrent plusieurs niveaux de langage? « Pour moi, c'est important que ce soit très écrit, je passe beaucoup de temps à peaufiner les dialogues, chaque mot est choisi, pesé, analysé, je veux qu'il y ait une poésie dans les dialogues, mais en même temps que ça passe comme une lettre à la poste, que ça ait l'air naturel. Il y a des phrases qui sont très très écrites, qui sont pratiquement des poèmes, des paroles de chansons. Ce que j'aime c'est le rythme. »
« J'ai voulu un film avec moins d'esbroufe, j'ai voulu me rendre invisible. Je n'ai pas voulu me prouver en tant que metteur en scène, à la limite je voulais être paresseux, je me disais : « Bah! Pourquoi ne pas faire un bon vieux champ/contre-champ? Ça marche ». Je n'ai pas voulu me montrer original ou que j'étais capable de faire quelque chose d'esthétique. »
Le démantèlement est distribué par Les Films Séville.