Les réalisateurs de ParaNorman, Sam Fell et Chris Butler, étaient de passage à Montréal la semaine dernière afin de présenter le film lors de la clôture du Festival Fantasia. Produit par les studios Laïka, aussi responsables de Coraline, le film raconte l'histoire d'un jeune garçon capable de converser avec les morts qui est chargé de protéger sa petite ville d'une invasion de zombies créée par une sorcière maléfique.
Sur l'affiche du film, on peut lire : « Par les créateurs (makers) de Coraline ». On aurait pu inscrire « producteurs » ou bien d'autres choses, mais ce mot sous-entend l'idée de « fait à la main ». « C'est un peu la marque de commerce du studio, que c'est si minutieusement fait à la main et manipulé. Plusieurs personnes qui ont travaillé sur Coraline, ont travaillé sur ParaNorman. Des gens très talentueux se sont réunis pour créer un studio pour ce film, et nous avons profité de leur expérience et de leur talent », débute Chris Butler, qui est aussi le scénariste du film.
Son collègue Sam Fell poursuit. « Le stop motion est un médium unique, qui n'est jamais dépassé, qui ne disparaît pas, qui progresse sans cesse... Il y a eu une accalmie, peut-être, après le premier Toy Story, pendant une dizaine d'années, parce que l'animation digitale était si forte et si nouvelle... En fait on a même utilisé des avancées technologiques informatiques, comme l'écran vert, comme l'impression des visages (rapid protoype printing of the faces). »
Qu'est-ce que que c'est? « Les visages sont d'abord conçus et dessinés, puis numérisés en trois dimensions, puis imprimés en trois dimensions. On a donc toute la subtilité de l'ordinateur, mais en animation. »
Vous avez cependant pré-enregistré les voix des comédiens? « Oui, on enregistre les acteurs d'abord, on anime les visages par ordinateur, puis on imprime des milliers de visages. »
Selon Chris Butler : « Les publics sont très sophistiqués maintenant. L'animation par ordinateur n'est pas une nouveauté, les gens sont habitués d'en voir et savent comment ça fonctionne. Et puis, dans ce cas-ci, on a quelque chose qui est fait à la main, et on n'est pas certain comment ça fonctionne. Notre approche était de faire mieux que ce qu'on avait vu en stop motion. »
Vous travaillez en duo, quel est l'avantage? « L'avantage de travailler à deux, c'est qu'à travers ce long processus, on peut avoir un regard neuf sur les choses, selon Sam Fell. Il faut recréer un sentiment de spontanéité. Le sentiment que les personnages sont véritables, qu'ils inventent le dialogue au fur et à mesure, parce que c'est ce qu'on veut que le public ressente. On ne veut pas qu'il pense au médium ou à la technologie, on veut qu'il soit impressionné par les personnages et par l'histoire. Qu'il ne réalise pas que ça représente trois ans de travail. »
« Il faut comprendre que, s'il y a une blague dans le film, nous l'avons entendue 300 ou 400 fois. »
« Nous avons bâti un monde miniature, nous le photographions... C'est presque comme tourner un film en action réelle. Et jouer avec des poupées. Quelque chose entre les deux. »
ParaNorman prendra l'affiche ce vendredi à travers le Québec.