Ce texte contient d'importants divulgâcheurs! Nous vous conseillons donc de ne pas entamer votre lecture si vous n'avez toujours pas vu le film Joker.
Nous avons beaucoup aimé Joker, tellement que nous lui avons accordé la note - très rarement utilisée - de 4,5 étoiles. Lisez notre critique ici.
Sa séquence finale nous taraude, par contre, toujours.
Revenons d'abord sur les faits : Suite à une danse macabre sur le capot d'un véhicule de police en plein coeur d'une révolte, on retrouve Arthur Fleck, après un fondu au noir, dans une pièce capitonnée, menotté et vêtu de blanc. Il rigole puis un psychologue lui demande ce qu'il trouve si drôle. Fleck lui répond qu'il pensait à une blague. On le voit ensuite danser sur la chanson « That's Life » de Frank Sinatra dans les corridors de l'institution laissant des traces de sang derrière lui.
Comme il n'y a pas eu d'autres séquences découpées par un fondu au noir dans tout le film, on peut s'imaginer que cette scène est différente et significative. Évidemment, l'internet refoule déjà de théories de fans concernant cette finale énigmatique. Certains croient que ces dernières images signifient que l'ensemble des évènements dépeints dans le film est faux. Qu'Arthur Fleck n'a jamais quitté les murs de l'hôpital et qu'il a imaginé, dans les moindres détails, tout ce qui nous a été précédemment présenté. Un élément renforce cette théorie. Lorsqu'Arthur discute avec une travailleuse sociale et mentionne, plus tôt dans le film, cette période où il a été hospitalisé, on peut voir - très rapidement - une image de lui, habillé de vêtements similaires à ceux de la séquence finale, alors qu'il frappe dans la vitre d'une cellule. Arthur Fleck n'aurait-il jamais quitté les murs de l'institution?
De notre côté, on doute de cette idée que tout serait faux, du début à la fin (ou presque). C'est trop facile. Il faut dire que, même si l'on décide de croire que ce qui nous a été présenté avant la scène finale est vrai, on ne peut pas remettre en doute le fait que le narrateur (l'entité qui raconte l'histoire) n'est pas fiable. À un moment de l'histoire, on peut voir Arthur sur le plateau de l'émission de Murray Franklin. Il est alors assis dans le public. L'animateur invite l'humoriste à venir le rejoindre sur scène puis lui avoue qu'il aurait aimé avoir un fils comme lui. Les évènements dépeints par la suite nous indiquent que cette situation était fantasmée. Pourtant, rien dans la réalisation ne nous a laissés croire que ce n'était pas réel. Pouvons donc nous fier au narrateur? En ce qui concerne la relation d'Arthur avec Sophie, sa voisine, le narrateur finit par nous avouer qu'elle n'était pas vraie. Donc, qu'est-ce qui est vrai et qu'est-ce qui est faux?
L'une des théories qu'on trouve les plus intéressantes est celle-ci : après le meurtre de Murray Franklin en direct à la télévision, le Joker est arrêté et amené directement en prison. Tout ce qui nous est présenté entre le meurtre et l'hôpital psychiatrique est fantasmé par Arthur. Dans cette théorie, Arthur ne serait pas l'ennemi de Batman. Le vrai Joker aurait été inspiré par les gestes de celui-ci. Ce qui expliquerait la grande différence d'âge entre les personnages d'Arthur Fleck et de Bruce Wayne.
Une autre option envisageable serait que l'accident (quand l'ambulance entre en collision avec la voiture de police) ait causé la mort d'Arthur Fleck et que tout ce qu'on peut voir après celui-ci est le fantasme d'un homme mourant. Cette proposition nous amène à penser que l'hôpital d'un blanc immaculé de la fin du film est en fait le purgatoire ou « la vie après la mort ». Il faut dire que cette lumière « divine » corrobore en partie cette théorie.
Toute l'histoire entourant la prétendue idylle entre Thomas Wayne et la mère d'Arthur, Penny, est fort intéressante aussi puisque le spectateur ne sait pas, là non plus, qui croire. Même si Arthur retrouve des papiers d'adoption qui laissent entendre que Thomas ne serait pas son père, malgré les convictions de sa mère, une photo de cette dernière plus jeune avec un message romantique de Wayne nous amène à penser que Penny n'était peut-être pas aussi dérangée que le film nous le laisse croire. La « blague » qui le fait tant rire à la fin du film pourrait alors avoir un lien avec les Wayne. Arthur pourrait trouver assez drôle le fait qu'il soit indirectement responsable de la mort de son père et que Bruce vivra une misère semblable à celle qu'il a lui-même vécu.
La vérité n'existe pas et c'est probablement ce qui fait de ce film une oeuvre à part. On espère que les créateurs ne révèleront jamais la vraie lecture du film. Les nombreuses pistes de réflexion sont aussi fascinantes que le film lui-même! Et vous, qui croyez-vous?