Dans le cadre de la sortie du film Splice, prévue pour le 4 juin prochain, le réalisateur Vincenzo Natali et l'actrice Delphine Chanéac étaient de passage à Montréal. Adrien Brody et Sarah Polley sont aussi en vedette dans le film, dans le rôle de deux scientifiques qui créent une créature à partir de l'ADN de plusieurs espèces différentes. Cette créature, à l'apparence humaine, doit rester cachée à cause des problèmes moraux qu'elle engendre. La situation devient rapidement hors de contrôle pour les deux scientifiques et leurs bailleurs de fonds.
Le réalisateur Natali signe également le scénario de cette coproduction franco-canadienne. « Assez étrangement, l'idée vient d'une souris. Une souris très spéciale, développée par le MIT, qui avait une oreille humaine sur le dos. Ce n'était pas une expérience génétique, mais ça en avait tout l'air. C'était une image tellement choquante... j'ai su qu'il y avait un film dans cette souris. C'était il y a quinze ans. »
« C'est un long processus, mais aussi très intéressant, parce que j'ai vu toute la science évoluer exponentiellement. Il leur a fallu moins de temps pour décoder le génome humain que moi pour écrire le scénario. La vérité est plus étrange que la fiction, dans ce cas-ci, et je devais traiter le film le plus scientifiquement possible. »
« Il faut absolument y croire, parce que si la créature n'est pas parfaite, le film échoue. »
C'est à Delphine Chanéac que revenait la tâche de lui donner un corps. « J'avais des chaussettes bleues, j'avais des points autour des yeux, ils m'avaient juste scotché les doigts... j'avais l'air ridicule. J'avais des talons très très hauts pour être plus grande que la normale. La seule chose, c'est que je devais marcher en squat. » « Tu dois faire passer des émotions avec juste ton visage. Au début, c'est frustrant, mais Dren ne peut pas parler. C'était un travail beaucoup plus précis, plus fin, car il ne faut pas tomber dans la caricature. C'était ça le danger, tomber dans la caricature. »
Comment se prémunir face à ce danger? « Se faire confiance. Faire confiance en notre instrument. Parfois, les comédiens, surtout les comédiens français, quand ils se font filmer le visage, ils oublient qu'ils ont un corps. Leur corps est statique et leur visage bouge. Il fallait que tout le corps soit en vie. »
Le réalisme est-il important à la création d'un climat de peur? « Je pense que oui. Si Splice est dérangeant, c'est parce qu'il est plausible. Ce n'est pas un documentaire, d'aucune manière, mais ce sens de la réalité dérange l'auditoire. C'est le type de film d'horreur qui vous entre dans la peau, qui vous marque pour un certain temps, pas celui en montagne russe. »
Le film aborde la délicate question de la manipulation génétique, ce qui ne plaît pas à tous. « Tout le monde a des questionnements éthiques. Je suis en accord avec ce type de recherche scientifique. Les généticiens qui font ce travail sont dédiés, ils veulent aider les autres, ils font ce travail par passion. Ils sont très intelligents et prudents. Il faut seulement que cela soit fait avec précaution. »
Même dans le film, les scientifiques ont les meilleures intentions. « Oui. Mais très souvent, les meilleures intentions mènent au pire résultat possible. Dans le film, ils font plusieurs erreurs, mais leur création est assez impressionnante. À mes yeux, c'est un ange conçu génétiquement, c'est peut-être la prochaine étape de l'évolution. »
« Mais le film ne prend pas véritablement position, parce que c'est un débat très compliqué. »
Splice prend l'affiche le 4 juin.