Chaque semaine, Cinoche.com revisite un film qui a marqué son époque, divisé le public et/ou la critique, ou finalement obtenu le respect et la notoriété qu'il aurait dû avoir dès sa sortie - ou qu'il a perdus depuis -, qu'il s'agisse d'un incontournable, d'un trésor caché ou d'un plaisir coupable. Ce dimanche, nous nous penchons sur le cas de...
THE OMEN (La malédiction)
Richard Donner | États-Unis | 1976 | 111 minutes
Tout parent peut facilement se reconnaître dans un film comme The Omen. Après tout, qui n'a jamais suspecté sa progéniture - à la suite d'une énième crise de bacon ayant suivi le refus de l'achat d'une bébelle au Walmart - d'être l'Antéchrist?
Le long métrage de Richard Donner s'impose comme un successeur plus qu'intéressant à des classiques du cinéma d'horreur comme le Rosemary's Baby de Roman Polanski et The Exorcist de William Friedkin.
Il y a tout simplement quelque chose d'aussi intrigant que terrifiant dans la formule mathématique prouvée et éprouvée « enfant + diable = peur viscérale ».
Même s'il n'atteint jamais les sommets vertigineux de ses deux prédécesseurs cités ci-haut, The Omen déploie son récit d'une façon particulièrement habile, misant d'abord sur une approche classique et des images d'une grande sobriété tenant davantage du drame et du thriller que de l'épouvante.
De sorte que lorsque surviennent leurs moindres scènes chocs, Donner et son équipe de production sortent à tout coup l'artillerie lourde sur le plan de la forme afin que celles-ci laissent une marque indélébile dans notre esprit.
Nous suivons ici l'histoire de Robert Thorn (Gregory Peck), un diplomate américain installé en Europe qui, à la suite du décès à la naissance de son premier enfant, accepte la proposition d'un prêtre d'adopter un nouveau-né à l'insu de sa femme afin que le couple puisse vivre le conte de fées anticipé.
Mais comme il n'y a pas que les propriétés qui ont des vices cachés, le bambin en question est nul autre que le fils du diable, semant autant la mort et l'effroi autour de lui qu'il attire les nourrices et les bêtes ténébreuses prêtes à tout pour le protéger. Petit désagrément s'il en est un, surtout lorsque vient le temps de visiter un zoo ou une église.
Ce petit problème sera porté à l'attention de Robert par un prêtre semblant ne pas avoir toute sa tête, puis par un photographe craignant de perdre littéralement la sienne sous peu.
Disons qu'il y a des limites à penser que tout le chaos se produisant autour d'une seule et même famille soit le fruit d'une accumulation de pures coïncidences.
L'idée de présenter Damien comme un enfant tout ce qu'il y a de plus normal du début à la fin vient autant soutenir le conflit interne de son père adoptif qu'il ancre le récit dans quelque chose de plus tangible, où les croyances religieuses peuvent encore se limiter à n'être que cela, des croyances.
Même si nous savons pertinemment sur quoi le tout finira par déboucher.
La tension est d'ailleurs soutenue sans effort du début à la fin, justement parce que le cinéaste traite celle-ci comme un élément sous-jacent plus souvent qu'autrement.
Mais ne vous méprenez pas, donner ne passe pas non plus par quatre chemins pour faire sentir la présence de cette force invisible et destructrice à travers des décors sinistres et lugubres, des plans cauchemardesques et des mouvements de caméra tortueux.
La bande originale aussi appuyée que mémorable de Jerry Goldsmith nous fait d'autant plus redouter l'arrivée de Satan en personne à chaque envolée vocale.
::: Disponible en format numérique sur Amazon et iTunes.
::: Disponible en format Blu-ray chez Archambault.
::: Niveau de risque d'indignation après visionnement : Ne prenez pas de chance et confessez-vous sur le champ!
::: Trois films à voir en périphérie : Rosemary's Baby (1968) | The Exorcist (1973) | The Omen (2006)