Chaque semaine, Cinoche.com revisite un film qui a marqué son époque, divisé le public et/ou la critique, ou finalement obtenu le respect et la notoriété qu'il aurait dû avoir dès sa sortie - ou qu'il a perdus depuis -, qu'il s'agisse d'un incontournable, d'un trésor caché ou d'un plaisir coupable. Ce dimanche, nous nous penchons sur le cas de...
BEHIND THE MASK: THE RISE OF LESLIE VERNON
Scott Glosserman | États-Unis | 2006 | 92 minutes
Behind the Mask: The Rise of Leslie Vernon est arrivé à un moment lui ayant permis de se positionner au milieu de plusieurs tendances du cinéma d'horreur du début des années 2000, allant du renouveau du slasher à la montée du « found footage » et des faux documentaires.
Seize ans après sa sortie, la pertinence de ce drôle d'exercice de style s'est même accrue avec la fascination morbide du public et la popularité toujours grandissante de toutes formes de contenu de type « true crime ».
Dix ans après le Scream de Wes Craven, le premier long métrage de Scott Glosserman expose et décortique à son tour les codes du slasher, mais par l'entremise d'un tout autre schéma narratif.
Behind the Mask se déroule dans un univers où les Jason Voorhees, Michael Myers, Freddy Krueger - et même Chucky - ont tous existé, leurs frasques ayant laissé des quartiers et des petites localités terrassés par la peur.
Cette année-là, c'était au tour de Leslie Vernon de « revenir d'entre les morts » pour tenter d'écrire son nom dans le grand livre de cette tradition où la peur et le mal s'imposent par l'entremise d'artisans dévoués comme une force nécessaire servant à maintenir un équilibre avec le côté plus lumineux de l'espèce humaine.
Pour immortaliser son ascension vers la gloire, l'aspirant tueur a accepté qu'une équipe de journalistes en herbe l'accompagne dans sa préparation en vue de cette soirée fatidique où le sang d'adolescents ayant les hormones dans le tapis devra couler à flots.
Le personnage-titre se présente d'abord à l'équipe comme un bon vivant que nous aurions normalement plus de chance de croiser dans un bar sportif que dans un hôpital psychiatrique, une sorte de Ted Bundy ayant lui aussi autant de charisme que de suite dans les idées (si nous pouvons l'exprimer ainsi).
Le film met dès lors en images la préparation minutieuse, l'entraînement physique et mental exhaustif, l'amour pour l'aspect théâtral et spectaculaire de ce genre d'entreprises.
Vous vous êtes déjà demandé ce qu'un tueur surnaturel pouvait bien faire durant les 364 autres jours de l'année? Vous avez ici une réponse.
La proposition se veut d'ailleurs davantage une comédie noire qu'un film d'horreur à proprement parler. Même dans le dernier droit, Behind the Mask suggère le carnage vers lequel il se dirige inévitablement plutôt que de se transformer en spectacle gore en bonne et due forme.
La réaction de l'équipe de tournage lorsque Leslie met finalement son plan à exécution - que celle-ci avait visiblement pris à la légère - vaut également son pesant d'or.
Au-delà d'un concept artistique qui, malgré une certaine absence de moyens, est rondement mené du début à la fin, c'est surtout l'intelligence et la perspicacité de l'écriture de Scott Glosserman qui retiennent ici l'attention, plaçant très habilement ses pièces, une à une, pour nous servir un ultime revirement de situation particulièrement bien pensé - quoique le cinéaste se félicite un peu trop lui-même de sa trouvaille le moment venu.
Le scénario n'est également pas aussi fluide lorsque vient le temps d'implanter le côté symbolique des slashers classiques dans un contexte plus concret, mais nous accordons tout de même plusieurs points pour l'effort. Car le film dans son ensemble demeure une lettre d'amour au genre, et non une parodie ou une critique.
Le plus étonnant, c'est que l'équipe, aussi bien devant que derrière la caméra, n'a jamais vraiment fait suite à ce début pourtant on ne peut plus prometteur. La bonne nouvelle, toutefois, c'est qu'une suite ayant pour titre de travail « B4TM » est actuellement en préparation.
::: Disponible en format numérique à l'achat et à la location sur iTunes, Google Play Movies, YouTube et Amazon Prime Video.
::: Disponible en format Blu-ray chez Archambault.
::: Niveau de risque d'indignation après visionnement : Les intentions du cinéaste ne pourraient être plus claires.
::: Trois films à voir en périphérie : C'est arrivé près de chez vous (1992) | Scream (1996) | The Cabin in the Woods (2012)