Le plus récent long métrage de Podz (Minuit, le soir, Les sept jours du Talion) prendra l'affiche ce vendredi dans nos salles de cinéma. 10 ½ met en vedette le jeune Robert Naylor, dans le rôle d'un enfant souffrant d'importantes crises colériques, et Claude Legault, dans celui de l'éducateur chargé de l'aider à s'en sortir. Le drame est produit par Pierre Gendron sous la bannière Zoofilms.
Tommy est un enfant de 10 ans et demi bien connu des services sociaux. Cet enfant trouble, rebelle à l'autorité comme à l'affection, est jugé irrécupérable par la plupart des éducateurs. Seul Gilles, son nouvel éducateur, entrevoit une lueur d'espoir dans le regard de cet enfant qui ne communique que par la violence... Serait-ce le parcours de la dernière chance de Tommy?
« Ce n'est pas un film sur l'enfance, c'est un film sur une forme différente d'enfance », explique d'entrée de jeu le réalisateur. « Je ne voulais pas partir un débat social, je voulais juste essayer de comprendre ce kid-là. Je me demandais ce que moi je ferais si j'étais confronté à un jeune insondable comme celui-là. »
« C'est une oeuvre qui parle de nous. Un film qui exploite certains sujets qu'on ne veut pas nécessairement voir ou entendre parler, mais qui définissent ce que nous sommes, c'est notre société, nos enfants. Alors, je crois que c'est un film nécessaire, qui peut toucher tout le monde. Le message est très simple au fond : aimez-vous et essayez de vous comprendre. »
La plupart des projets sur lesquels a travaillé Podz, ou Daniel Grou de son vrai nom, sont sombres et parlent de sujets graves. « Je ne suis pourtant pas un gars dark dans la vie. Ce qui m'attire, c'est de parler de choses que l'on n’a pas vues souvent à l'écran. Il y en a beaucoup des films qui parlent de la trentaine, et ceux qui le font le font bien, moi je veux tout simplement parler d'autres choses et de manière plus profonde. »
« C'est le désir de parler de l'être humain avant tout qui me motive moi. Bergman a dit un jour que « Le visage humain c'est le plus beau paysage », je suis entièrement d'accord avec ça. »
Le réalisateur est très fier de la performance de son jeune comédien, Robert Naylor. « Robert avait quelque chose de plus que les autres jeunes que nous avons rencontrés. Il avait une espèce de noirceur en lui qu'il est capable de sortir et d'intégrer à son jeu. » Et il en va de même pour Robert, qui apprécie le travail déterminé de Podz. « Ça a vraiment été une expérience particulière, parce que c'était une équipe particulière; Podz, Claude et tout le groupe qui les entoure, c'est vraiment la meilleure équipe possible pour un comédien. Ils veulent vraiment nous aider, ils veulent vraiment s'assurer que nous sommes dans le meilleur état possible et je crois que ça m'a vraiment aidé à construire un personnage plus complexe, mieux structuré. »
Le personnage qu'incarne Robert Naylor est agressif, colérique et impulsif. « J'ai demandé spécifiquement de ne pas être emmené dans un centre parce que je savais que j'allais m'inspirer trop de certains cas en particulier et je voulais former mon propre personnage. Je suis allé chercher des moments au fond de moi où j'étais particulièrement en colère, très triste et je les ai transmis à Tommy. »
« Il y a beaucoup à ressortir de ce film-là, c'est un film très vrai. Beaucoup de films sont faits pour le divertissement, mais celui-là est différent: il nous fait réfléchir et réaliser certaines choses qui nous entourent et qui existent sans que nous en soyons vraiment conscients », précise l'acteur de 14 ans que l'on pourra voir prochainement dans le film américain Immortals.
Le producteur Pierre Gendron est d'ailleurs de son avis. « 10 ½ parle des enfants, mais surtout de la disfonctionnalité de certaines familles québécoises; leur manque de ressources pour prendre soin d'eux et de leurs enfants. C'est un sujet difficile. C'est un sujet que tout le monde connaît, tout le monde sait que ça existe, mais on ne le montre pas dans notre société. Nous, nous avons donc pris le tapis, on l'a soulevé et on a filmé ce qui était en dessous. C'est aussi simple que ça. »
« Le cinéma demande à la base déjà une certaine forme de voyeurisme, c'est la raison pour laquelle on aime voir des films, on a l'impression d'entrer dans la vie des autres. Le but de 10 ½ n'est de rendre le spectateur voyeur, mais bien témoin. Je ne voulais pas que le film soit moralisateur. »
Claude Legault de son côté, croit que 10 ½, malgré ses thématiques lourdes, peut rejoindre un large public. « Tout le monde peut être touché par ce film-là. C'est un long métrage tout à fait regardable, il y a beaucoup de productions très violentes, mais sans contenu sur nos écrans. On se fait balancer beaucoup de films comme Saw qui sont d'une extrême violence, même psychologique, mais qui sont vides, qui n'ont pas de véritable contenu. Ils ne sont qu'un divertissement sadique, c'est voulu comme ça, mais il ne te reste rien en sortant de la salle. Alors que 10 ½ permet de jaser après, engendre une réflexion, des débats. »
« De rencontrer les intervenants en centre jeunesse m'a apporté beaucoup de matière pour mon rôle parce que, premièrement, tu découvres des personnes incroyables. Ce sont des gens qui sont au front 24 heures sur 24, c'est une guerre constante pour essayer de sauver des enfants et, par la bande, des familles. Ce sont vraiment des soldats de l'ombre qui mériteraient d'être décorés tous les jours. Le film les montre, nous les dévoile. Ils sont d'une extrême importance dans la société. »
10 ½ prend l'affiche sur nos écrans ce vendredi.