Le film d'animation Le coq de St-Victor, qui a été entièrement fait au Québec, prend l'affiche vendredi prochain. L'histoire du long métrage, réalisé par Pierre Greco, se déroule dans un petit village du Québec autour des années 1920. Les habitants de cette bourgade sont tous matinaux et efficaces au travail puisqu'ils sont réveillés chaque matin par le coq du village. Quand l'animal décide de crier plus tôt qu'à l'habitude, les villageois déterminent que le règne du coq est achevé et l'échangent contre un âne, soi-disant porte-bonheur. Mais, l’oisiveté a tôt fait de devenir leur nouveau mode de vie. Lâches et paresseux, ils finissent par regretter leur coq et la rigueur qu'il apportait au village.
Nous avons rencontré le réalisateur Pierre Greco, lors de la première du film dans la ville de Québec.
« Le coq de St-Victor est inspiré du livre pour enfants Le coq de San Vito de Johanne Mercier. L'histoire originale se déroulait en Italie. L'idée du livre est venue d'un voyage de l'auteure en Italie lors duquel elle était réveillée tous les matins par le chant du coq. Quand la productrice Nancy Florence Savard a lu le roman, elle était convaincue qu'on devait en faire une adaptation cinématographique. Quand elle m'a rejoint et m'a fait part de son idée, je n'étais personnellement pas convaincu qu'il y avait là du matériel pour faire un film d'animation. Il y a un village, beaucoup de monde et peu d'action. Ce n'est pas très cartoonesque. Mais on a décidé de relever le défi quand même et de trouver toutes sortes d'éléments pour dynamiser le film. »
L'histoire est-elle calquée sur l'originale? « Nous avons d'abord transposé le lieu pour que l'histoire se déroule au Québec. Il y a eu aussi un travail important à faire en ce qui concerne la dernière partie. Dans le livre, il n'y a que quelques pages mettant en scène les personnages sortant du village pour récupérer leur coq. Dans le film, nous voulions que ce soit plus long. Nous n'avions pas le choix non plus comme nous avions l'intention de faire un long métrage. La majorité du film se déroule quand même au village. Je tenais à ce que les personnes ne sortent pas de leur bourgade avant les 60 premières minutes. »
Ce n'est pas de l'animation comme on a l'habitude d'en voir au cinéma, notamment dans le cinéma américain. « Le coq de St-Victor c'est un mélange entre du Marcel Pagnol et du Chuck Jones (NDLR : réalisateur de plusieurs films des Looney Toons et créateur du personnage de Michigan J. Frog). Il y a des moments plus lents, traînants, où il y a peu d'action, et d'autres où les personnages s'engagent dans des batailles et des bagarres comme ils le font dans les cartoons en général. Aussi, comme dans les oeuvres de Pagnol, il n'y a pas vraiment de méchant dans Le coq de St-Victor. Chacun des personnages est responsable de son propre malheur. »
Les voix des acteurs ont été enregistrées avant la création des images. Est-ce une pratique commune dans les films d'animation? « À ma connaissance, le seul film qui n'a pas été fait de cette façon, c'est Steamboat Willie, le premier film d'animation sonore de Disney, sorti en 1928. La compagnie s'est aperçue que l'image avant le son, c'était un paquet de troubles. Donc pour les autres films d'animation, le son a été enregistré avant de faire l'image. Les dessins sont donc basés sur les dialogues des acteurs ».
Anne Dorval, Mariloup Wolfe, Gaston Lepage, Paul Ahmarani, Guy Nadon et Alexis Martin sont quelques-uns des acteurs qui prêtent leur voix aux personnages animés du film. Ont-ils été difficiles à convaincre? « Nous avons été très chanceux. Tout le monde a immédiatement voulu faire partie de cette aventure du premier film d'animation entièrement réalisé au Québec. Ils ont tous relevé le défi haut la main. Nous sommes vraiment très fiers du résultat final. »
« Lors de l'une des premières répétitions avec les acteurs, la personne qui interpréterait le coq n'avait pas encore été déterminée. Gaston Lepage a donc décidé qu'il l'interpréterait cette fois-là pour rire, et nous avons tous pris conscience qu'il était plus que capable de donner vie à notre protagoniste à plume dans la version finale. C'est donc Gaston qui fait la voix de notre coq dans le film. »
« Dans un film d'animation, un réalisateur a une grande liberté, en ce sens qu'il peut imaginer presque chaque détail visuel, comme il n'existe pas de référence connue. Je me suis entre autres inspiré de la Place Royale à Québec pour faire la grande place du village dans le film. Le réalisateur doit même décider quels seront les gestes des personnages, comment ils réagiront dans l'espace. Par exemple, le fait que le meunier tombe avec ses sacs de blés dans sa brouette en les comptant, pour faire un effet comique, j'ai eu la chance de l'imaginer et le mettre en scène ».
Le film prend l'affiche à travers le Québec le vendredi 21 février.