Après la première montréalaise du film et une tournée québécoise qui les aura menés à travers le Québec, le réalisateur Philippe Gagnon et les comédiens Guillaume Lemay-Thivierge et Viviane Audet présentent le film Le poil de la bête, qui prend l'affiche aujourd'hui.
Le film raconte l'histoire de Joseph Côté, un condamné à mort de la Nouvelle-France, qui s'évade et qui usurpe l'identité du Père Brind'amour, célèbre chasseur de loups-garous. Recueilli par des colons, il subira avec eux les attaques d'une mystérieuse bête féroce qui les décime l'un après l'autre. Joseph doit aussi protéger les filles du roi, fraîchement débarquées dans la colonie, et placées en quarantaine dans la chapelle.
Pour le réalisateur Philippe Gagnon, le choix de Guillaume Lemay-Thivierge s'est imposé de lui-même, et non par un impératif économique. « Ça n'a pas été imposé, c'est moi qui est arrivé en disant que je voulais travailler avec Guillaume... mais les producteurs étaient contents! »
« Guillaume a une énergie, il pouvait tenir ce rôle-là sur ses épaules. Il a ce talent de caméléon qu'a Joseph Côté; c'est un bandit, mais il est gentil dans le fond. »
Est-ce que de tourner quelque chose qui se veut amusant, c'est amusant aussi, ou c'est sérieux et il faut travailler? « Les deux. Certaines fois on rit beaucoup... sur ce film-là, il y avait une ambiance plus calme. On créait un univers, on rentrait dans une bulle... L'humour ressort beaucoup dans le montage, de l'accumulation des jeux de mots, des situations. »
Les dialogues jouent sur deux registres de langage. « On a créé des tons; on voulait que les Seigneurs aient un ton plus français, plutôt par bourgeoisie. Je me suis toujours fait dire que notre français ressemblait beaucoup au français que les Français parlaient dans ce temps-là, alors je ne vois pas pourquoi on l'aurait changé. Mais en même temps, on a été très pointilleux, et lorsqu'un mot n'existait pas encore, on le changeait. »
As-tu eu les moyens de tes ambitions? « Je pense que oui... c'est sûr qu'avec plus de moyens j'aurais peut-être eu plus d'ambitions, mais je suis content, on a eu des super beaux décors, un casting fantastique. C'est sûr qu'on a été serré dans le temps, mais c'est normal, on ne peut pas se plaindre. Tout le monde a fait son petit miracle. C'est un bon budget, mais en même temps, pour faire un film fantastique d'époque, pas vraiment. Mais je ne crois pas que le film en souffre. »
Pour Guillaume Lemay-Thivierge, l'offre était trop belle pour passer par-dessus. « C'est un trip d'enfance que j'ai toujours voulu jouer, me sauver d'une bibitte... J'aime ça l'aventure, j'aime ça les films qui demandent aux acteurs d'être très impliqués et physiquement, et mentalement. »
« Je n'avais pas vu l'humour du film au début, je pensais que c'était un film d'aventures. J'ai vu l'humour quand on l'a tourné, et quand on a vu le montage final il y a pas longtemps. On s'est amusé beaucoup... Il y a de tout, même de l'amour, de l'amitié, de l'intrigue. Ça m'a énormément plu de tourner ça. »
Crois-tu que de t'associer à un projet peut lui permettre de recevoir du financement plus facilement? « Peut-être que ça peut influencer légèrement, mais quand tu as une bonne histoire... Je pense que les gens qui sont aux institutions financières ont assez d'expérience pour reconnaître une bonne histoire, et une bonne histoire, il y a bien des acteurs qui peuvent le faire. Je ne pense pas que je sois rendu à faire passer un film au financement... en tout cas, si c'est le cas, qu'ils me le disent, je vais négocier différemment! »
Est-il possible de s'amuser tout en travaillant, sur un plateau aussi physique que celui-là? « On a tourné à l'automne parce qu'on voulait qu'il n'y ait plus de feuilles dans les arbres, la fumée qui sort de la bouche parfois quand on parle, le côté froid d'une forêt en automne. Je m'attendais à geler, et à courir. Finalement, on a été chanceux, on n'a pas eu un automne particulièrement froid, et j'ai pu m'amuser. »
Sa co-vedette Viviane Audet est du même avis. « Oui, c'était amusant, mais en même temps, les conditions climatiques, le froid, le fait qu'il fallait tourner assez rapidement aussi, tout ça fait qu'il fallait être assez concentré. Sur un plateau, des fois ça me prend du temps pour commencer à faire des blagues... Je suis assez bon élève dans à peu près tout ce que je fais. Vers la fin du tournage, j'étais plus détendue. »
« J'incarne une Fille du Roi, Marie Labotte. Avant de lire le scénario, je pensais que les Filles du Roi étaient des prostituées, mais finalement, j'ai parlé avec une historienne et elle m'a expliqué que c'était souvent des orphelines, qui étaient de bonne famille... Marie, c'est une femme de tête, et, quand elle arrive en Nouvelle-France, elle a tout à fait conscience qu'elle n'a vraiment pas la shape de l'emploi pour séduire un colon... Les femmes qui sont choisies en premier sont plus en chair parce qu'il faut qu'elles passent à travers l'hiver et qu'elle enfante de nombreux enfants. »
Les dialogues jouent sur deux registres tout au long du film, passant du langage québécois habituel à un français plus soutenu. « Ça aurait pu devenir un peu ridicule si tout le monde s'était mis à faire son interprétation du vieux français, alors on a décidé d'aller dans un français plus normatif. Les colons sont plus Québécois, même si on sait qu'ils arrivent de la Nouvelle-France et qu'ils devraient avoir un accent plus français, mais ça aurait été trop compliqué. »
Le poil de la bête est distribué par Les Films Séville.