Nous avons rencontré Peter Chelsom, réalisateur du film Hector and the Search for Happiness, à Toronto il y a quelques semaines. Très sympathique, le cinéaste nous a fait part de ses impressions face à son expérience et ses conceptions personnelles du bonheur, sujet principal de la production.
Hector and the Search for Happiness raconte l'histoire d'un psychiatre qui réalise que tous ses patients sont désespérément à la recherche du bonheur, ce qui l'amène à se questionner sur sa propre perception de la vie. Sa réflexion l'amène à quitter son quotidien réconfortant pour partir à la découverte de cet état d'extase que tous les humains s'évertuent farouchement à atteindre. Il rencontrera plusieurs embûches sur son chemin, mais ne perdra jamais de vue son objectif ultime, celui de découvrir ce que représente le bonheur pour les différentes civilisations du monde.
« J'adorais l'idée de faire un film sur le bonheur dans un monde aussi chaotique que le nôtre, qui ne sait plus vraiment ce que le mot signifie », dit-il d'emblée.
Sa réponse nous a amenés à le questionner aussitôt sur ce que le bonheur signifiait à ses yeux. « Il y a des réponses évidentes à cette question; la famille et la santé pour tous ceux que j'aime, évidemment. Mais j’ai toujours dit à mes plus jeunes fils de toujours être des hommes bons, parce que la bonté et la générosité sont des émotions qui commandent un geste et je préfère leur enseigner ça plutôt que leur dire qu'il FAUT être heureux dans la vie. Je pense que si les gens deviennent tous fondamentalement bons, le monde en sera irrémédiablement bouleversé positivement. »
Simon Pegg incarne le protagoniste. « L'idée de choisir le bon acteur pour interpréter Hector me hantait. Parce qu'il s'agit vraiment d'un personnage particulier; d'un côté, il est un psychiatre intelligent et respecté, et d'un autre, c'est un idiot, un anglais inconscient qui décide de voyager à travers le monde sur un coup de tête. Simon possède cette curiosité de l'enfant que je recherchais pour interpréter Hector. Il voit le monde comme si c'était toujours la première fois. Sa vision est très rafraîchissante. Il est candide et naïf, et il en ressort un optimisme et une énergie particulière. Donc dès qu'on me l'a suggéré, j'ai su que c'était lui qu'il me fallait. Ça m'était alors impossible d'imaginer quelqu'un d'autre. »
« Les gens n'ont jamais vu Simon Pegg jouer un personnage avec autant de couleurs et d'émotions différentes que celui qu’il interprète ici. Le fait que Simon est une personne très drôle était aussi un avantage pour moi parce que j'adore l'humour, et je pouvais toujours l'amener à faire rire le spectateur et à rendre la séquence amusante. Mais, au-delà de ça, Simon est vraiment un acteur exceptionnel! On peut très bien le voir dans ce film-ci. »
Chelsom a développé ce projet pendant trois ans et demi. Il a voyagé à travers le monde pour rendre encore plus crédible la quête d'Hector. « Nous avons eu tellement de problèmes, tellement d'obstacles, tellement de désastres au cours de ce tournage, c'était incroyable. Mais ce qui est extraordinaire c'est que nous avons toujours su utiliser nos malheurs pour en faire du positif. Toutes les choses malheureuses qui nous sont arrivées ont toujours fini par donner une meilleure version du film. Je suis, personnellement, toujours plus créatif quand je dois régler un problème. Je déteste le dire, puisque c'est comme dire aux studios : « Ne me donnez pas d'argent, je peux me débrouiller sans », et je veux qu'ils continuent de me financer, mais je crois quand même que les embûches, financières et autres, peuvent entraîner quelque chose d'encore meilleur que ce que nous avions prévu au départ. »
Pour citer en exemple l'une de ses débâcles, il nous parle de son expérience au Tibet. « Il nous restait que trois jours de tournage et nous avons appris que, pour une question de droits, nous ne pourrions pas tourner la scène où Hector se rend dans un monastère au Tibet. Pour nous, c'était comme entreprendre une expédition sur le mont Everest et quelques mètres avant la fin, devoir se résoudre à redescendre sans jamais avoir atteint le sommet. Nous étions tous très déçus et déprimés. Nous avons dû reconstruire la séquence avec des images du Népal, de l'Inde, des montagnes de l'Allemagne et de l'Autriche. Et une tempête de neige nous a surpris en plein début du mois d'octobre. Mais ce qui était génial là dedans c'est que nous avions maintenant une immense montagne pleine de neige, ce que nous n'avions pas auparavant. Je voulais de la neige dans le film pour contraster avec l'aspect désertique de l'Afrique, alors nous avons tiré le meilleur d'une triste situation. »
Comme quoi le bonheur se trouve parfois là où on ne l'attend plus.
Hector and the Search for Happiness prend l'affiche demain en version originale anglaise seulement au cinéma Forum à Montréal.