Le plus récent long métrage de Patrick Huard, Filière 13, a pris l'affiche dans les salles hier. La comédie policière met en vedette les trois mêmes acteurs que dans le premier film du réalisateur, soit Claude Legault, Guillaume Lemay-Thivierge et Paul Doucet. Claude Lalonde et Pierre Lamothe, qui ont rédigé les textes du film Les 3 p'tits cochons, ont écrit le scénario de ce nouveau long métrage, produit par Pierre Gendron sous la bannière Zoofilms. Ce dernier était présent à Québec hier en compagnie des comédiens Guillaume Lemay-Thivierge et Paul Doucet pour parler de la sortie de ce film attendu.
Le long métrage raconte l'histoire de trois policiers de Montréal qui font tous face à des problèmes psychologiques; le patron devient obsessionnel lorsque sa femme le quitte, l'un souffre de crises de panique importante lorsqu'il doit affronter les médias alors que le dernier doit supporter d'affreux maux de tête qui l'empêchent d'exécuter son travail correctement.
Le projet de Filière 13 s'est amorcé lors de la post-production du film Les 3 p'tits cochons. Le producteur Pierre Gendron explique : « J'étais en discussion avec les auteurs, Claude Lalonde et Pierre Lamothe, et je leur ai dit qu'il serait peut-être bien de partir un autre projet immédiatement. Si le film a du succès, pourquoi ne pas tabler sur la réussite des 3 p'tits cochons pour financer notre prochain film? Comme vous savez, ici au Québec et ailleurs, c'est difficile de financer des films, donc en espérant que Les 3 p'tits cochons fonctionne, je me suis dit que ça serait plus facile pour nous de financier Filière 13, qui au départ s'appelait Opération tablette. Les gars sont partis en scénarisation, on s'est attablé après ensemble; Claude, Pierre et moi, pour parler de nos expériences personnelles chez les psy et là nous avons eu le flash de faire un film sur la dépression masculine. »
« La meilleure façon de faire passer tes messages, c'est via la comédie parce qu'il y a des côtés qui sont sombres dans le film, mais il y a des côtés qui sont aussi très drôles, et c'était le but de l'opération, le but c'est de divertir le monde, de les faire rire, mais également de les faire réfléchir. »
« Les premières scènes que nous avons tournées étaient celles dans le bureau de Paul au poste de police, Paul ce matin-là était déchaîné parce que c'était comme si les gars ne s'étaient jamais quittés. Donc en terme de production, on sauve à peu près 10% de tournage parce que les gars partent tout de suite ensemble, pas besoin de se familiariser avec les lieux et les autres comédiens. »
Guillaume Lemay-Thivierge incarne un relationniste pour la police qui flanche sous la pression médiatique. « Au début, je ne devais pas faire ce personnage-là, je devais faire le vieux routier, le personnage de Claude. Quand Patrick a signé le contrat, il a dit : « on va vous échanger Claude et toi, ça va être plus drôle de voir un gars qui a trop de dents dans bouche, comme toi Guillaume, pogner une bonne débarque et voir un Claude qui a tout le temps mal à la tête et qui est dépassé complètement par les évènements. » À la lecture, je n'étais pas sûr, j'étais tellement nerveux, je n'avais vraiment pas trouvé le personnage mais Patrick a le don de ne pas te faire sentir mal du tout. Si la première lecture avait été une audition, je suis sûr qu'il m'aurait mis à la porte. Patrick m'a dit qu'au début mon personnage était politiquement parlant parfait, et il pognait une débarque monumentale. Il voulait que je ne sois plus capable de regarder quelqu'un dans les yeux après. »
« Il y a une scène avec ma femme, qui a été coupée au montage, qui tentait de m'encourager en me disant : « pense au champion d'impro que tu étais au Cégep », alors on comprend que le gars, ce n'est pas de nulle part qui tient cette idée de se transformer, d'inventer des personnages. »
Le personnage qu'incarne Paul Doucet est, quant à lui, assez égocentrique et obsessionnel. « La meilleure scène pour décrire mon personnage, c'est la première scène où on le voit, lorsque sa femme lui dit : « Je te quitte » et qu'il répond : « Bonne journée ». Il n'est pas du tout dans l'échange, les gens autour de lui c'est plutôt accessoire et il tombe des nues quand sa femme le quitte. Il va devenir obsessionnel face à sa femme qui est partie. Au lieu de faire une introspection, il pense qu'elle a un problème, il se met à la soupçonner de plein de choses, il se met à l'espionner. Tout est extérieur pour lui, rien n'est de sa faute. »
La fraternité qu'ont les trois comédiens est assez facilement perceptible, voire contagieuse. « Il y a une magie qui s'est créée lorsque nous avons fait Les 3 p'tits cochons. On n'est pas une gang de chum qui ont décidé de faire un film ensemble, on a été castés individuellement. Je ne connaissais ni Claude, ni Guillaume, nous n'avions jamais travaillé ensemble avant ce premier film-là. Patrick nous a rassemblés et il s'est passé quelque chose, après la première lecture, on sentait déjà une sorte de magie intangible. Maintenant, on se connaît, on connaît notre rythme, notre aisance respective et ça nous permet de mieux travailler ensemble et de transmettre cet amour au public », explique Paul Doucet.
« Les trois acteurs se voient à l'extérieur du plateau, ils s'aiment, ce sont comme des frères. Ces trois gars-là ce sont des machines d'acteurs alors lorsqu'ils se rencontrent, c'est explosif. Entre ces quatre gars-là, avec Patrick, il y a une communion et la beauté de la chose c'est qu'ils n'ont pas peur de risquer », ajoute le producteur.
Patrick Huard, qui en est à sa deuxième expérience en réalisation de long métrage, travaille en communion avec ses acteurs et techniciens. « C'est un gars qui a un sens du timing absolument incroyable, ce courage-là, cette confiance-là et cette humilité-là qu'il projette autour de lui sur le plateau fait en sorte que tout le monde se sent en confiance; on a tous le goût d'essayer de nouvelles choses, de proposer des affaires, que ce soit le directeur photo, l'assistant-réalisateur, les acteurs. Il a une aisance, une présence forte et tranquille à la fois. Pat a ce talent-là de reconnaître le talent des autres et de l'exploiter avec sagesse », précise Doucet.
Nous avons une cinématographie particulière au Québec, bien différente de celles des autres pays. « On est le seul pays où notre box-office local bat celui des Américains. Si on sort un gros film, ce n'est pas rare qu'on batte les Américains. C'est un phénomène assez facile à comprendre, c'est notre ghettoïsation culturelle. On n'est pas en force, on est dans un bassin de 350 millions, tout ce qu'on a c'est notre culture. Les Québécois aiment voir des films québécois, on doit et on veut faire des films pour le public. »
« Pour qu'un film fonctionne, il faut créer un événement, s'il n'y en a pas, le film ne fonctionnera pas. Il faut créer un intérêt pour que les gens se déplacent la première semaine. De remettre dans le même film le réalisateur et les trois acteurs des 3 p'tits cochons, c'est de créer un événement. J'essaie de mettre toutes les chances de mon côté pour que ça fonctionne », termine Pierre Gendron.
Filière 13 est en salles depuis hier à travers le Québec.