Cette semaine, nous avons demandé aux cinéphiles sur notre page Facebook de nous soumettre des questions qui les turlupinent sur le monde du cinéma (les bandes-annonces, la distribution des films, le box-office, la production, le financement, etc.). Nous collecterons vos questionnements pertinents afin d'y répondre dans une nouvelle rubrique publiée épisodiquement sur notre site.
Nous avons ainsi l'intention de mieux vous faire comprendre les rouages - parfois complexes - du monde du cinéma.
La première question à laquelle nous avons choisi de répondre est celle de Marvin Vaudry Alvarez qui nous demande :
« Comment les films québécois font des profits ou en font-ils? »
D'abord, il faut savoir que les films au Québec sont financés par le gouvernement, contrairement aux productions américaines, par exemple, qui naissent d'investissements privés. La plupart des films québécois qui débarquent dans les salles ont obtenu des subventions des organismes gouvernementaux Telefilm Canada (fédéral) et la SODEC (provincial). D'autres organismes sans but lucratif, comme le Fond Québécor ou le Fonds des médias du Canada, peuvent aussi participer au financement.
Le budget alloué par ces sociétés est utilisé par le producteur pour se payer lui-même et l'équipe de son film (réalisateur, acteurs, techniciens, scénaristes, assistants, monteurs, musiciens, et autres). Outre les salaires, l'argent sera employé notamment pour la location d'équipement ou lieux de tournage, la construction des décors, l'achat de droit pour la trame sonore (Ricardo Trogi consacre, par exemple, une bonne partie de son budget pour les droits musicaux), les effets spéciaux et tout ce qui permet la concrétisation du film, du papier à l'écran.
Un distributeur achètera ensuite les droits du film et gèrera sa mise en marché et sa campagne de marketing. L'argent amassé au box-office sera ensuite séparé entre les salles de cinéma (environ 50 %) et le distributeur (environ 50 %). Il est très rare que l'argent amassé au box-office revienne dans les poches des investisseurs, qui, dans le cas du cinéma subventionné, sont Telefilm Canada et la SODEC.
Si un film parvenait à amasser une somme colossale au cinéma, les organismes gouvernementaux verraient un retour sur leur investissement, mais, comme le box-office est rarement très élevé au Québec, ils ne font aucun profit. À titre d'exemple concret, Bon Cop Bad Cop 2 a bénéficié d'un budget de 10 millions $, mais n'a fait que 4 millions $ en recettes au box-office. Mentionnons au passage qu'il s'agit d'un montant exceptionnel et que, règle générale, des recettes de 1 million $ sont plus que satisfaisantes pour un film québécois.
Donc, la réponse : non, les films québécois ne font pas de profit, ou presque pas.