La comédie dramatique Mon cirque à moi fait son apparition dans les salles en pleine pandémie. « C'est un beau film qui, dans ce qu'on vit, peut faire du bien au monde », indique Patrick Huard. « C'est vraiment un film qui fait sourire. C'est un film familial, de 7 à 77 ans. Je suis content que les gens puissent le voir. Je suis content aussi que les propriétaires de salles aient un film à mettre sur leurs écrans. On ne se le cachera pas, les prochains mois vont être déterminants pour eux, ça va être une question de vie ou de mort. »
Le comédien se dit un peu déçu pour la réalisatrice, Miryam Bouchard, qui lance son premier film dans ces conditions particulières. « J'aurais tellement souhaité une immense première à la Place des Arts et qu'elle puisse vivre cette fébrilité-là. Elle le mérite tellement. J'aurais tout voulu ça pour elle. Je suis quand même content que son film sorte et qu'elle ne soit pas dans l'attente pendant un an et demi en se demandant si son premier long métrage sortira ou pas sur les écrans. »
De son côté, Bouchard indique ceci : « C'est sûr que c'est étrange de vivre le tourbillon de la sortie d'un film dans ce contexte-là. Je ne suis pas en train de faire des entrevues à la télé et des tapis rouges, je suis dans ma cour avec ma fille en pyjama. » (rires)
En ouverture de Mon cirque à moi, on peut lire que l'oeuvre est « très très librement » inspirée de la vie de l'auteure et réalisatrice. Nous étions curieux de savoir ce qui était vrai dans cette histoire et ce qui relevait de la fiction pure. « Oui, mon père, effectivement, était comme Bill, un homme qui faisait des one-man-show, de la jonglerie et tout ça, mais je ne vivais pas dans une roulotte. On a fait de la tournée, j'ai été sa présentatrice de spectacles, mais on avait quand même une maison. C'est plus une fable inspirée de souvenirs d'enfance. »
Elle indique tout de même que certaines scènes ont été tirées de ses vraies expériences. « Mon père, il m'oubliait dans des lieux publics. Il m'a déjà oublié à la banque. Je me rappellerai toujours, je l'attendais dans la salle d'attente et je l'ai vu sortir, je le regardais à travers la vitrine, il marchait sur la rue. Mon réflexe ç'a été de trouver un agent de sécurité, de m'asseoir à côté et d'attendre qu'il revienne me chercher. Il arrivait en panique, un peu plus tard. [...] Aussi, au tournant des années 80, mon père a vécu un imbroglio dans un parc alors qu'il faisait un spectacle pour une inauguration. Il n'a pas voulu mettre fin au spectacle malgré la demande de son employeur. Il y a eu procès et un règlement hors cours. » Les personnages de la professeure de math (Sophie Lorain) qui aide la jeune fille à entrer au collège privé et de l'assistant muet Mandeep (Robin Aubert) sont, quant à eux, complètement fictifs.
Pour jouer un clown, Patrick Huard a dû développer de nouvelles compétences, dont celles de jongler. « La jonglerie, ce n'était pas inné chez moi. Je ne suis pas le gars le plus habile au monde pour ces affaires-là. Il a fallu que je travaille fort pour arriver à jongler un petit peu. Heureusement, il y a le montage! (rires) L'autre affaire qui n'a pas l'air difficile, mais qui est ben tough, c'est le mini vélo. Ce n'est pas compliqué : si tu n'avances pas, tu tombes.» Dans le film, on peut également le voir jouer de la flûte par le nez. « Bizarrement, j'avais une longue expérience de flûte à bec dans le nez. J'ai étudié en musique classique pendant 8 ans, donc, je pourrais dire que j'ai testé quelques instruments par le nez. Je ne sais pas pourquoi, mais on fait tous ça! »
L'une des scènes préférées du comédien et celle qui a été la plus exigeante à tourner est celle des funérailles, où une foule de clowns se réunissent pour saluer le départ de l'un des leurs. « Il y avait beaucoup de monde. Techniquement, c'était compliqué. Il fallait s'assurer d'être émotivement à la bonne place aux bonnes prises parce que c'est des gros reset. Ça demandait beaucoup de concentration. »
Une scène du film Mon cirque à moi - Les Films SévillePour la cinéaste, c'est un moment plus anodin qu'elle identifie comme son coup de coeur. « Il y a une scène dans le film où Robin Aubert reprise une petite blouse de dentelles roses de Laura pendant que Bill lit le journal. Laura est en retard, elle ne revient pas à la maison. Cette scène-là, de ces deux gars-là, Patrick et Robin, qui peuvent avoir l'air de "vrais gars" un peu tough, ben dans le fond, c'est des tendres, c'est des papas. Ils dégagent une grande douceur et une belle tendresse dans cette scène-là, je les trouve tellement beaux. Je trouve qu'ils incarnent parfaitement le père en 2020, l'homme et sa masculinité. »
Miryam Bouchard et Patrick Huard partagent une admiration l'un pour l'autre, qui est belle et inspirante. « Miryam est tellement cool et fine et bienveillante avec tout le monde », dit l'acteur. « Elle crée une ambiance sur le plateau qui est vraiment l'fun. Tu te sens en sécurité quand tu es sur son plateau. Tu ne te sens pas jugé. »
« J'aime cette personne-là, entièrement, fondamentalement », indique, de son côté, Bouchard. « C'est un artiste qui a été d'une générosité infinie, qui porte mon premier film sur ses épaules. Il a été généreux aussi avec sa jeune partenaire de jeu. [...] Je ne le voyais pas comme une vedette. Je ne pensais pas que c'était une star à ce point-là, jusqu'à ce qu'un soir en fin de tournage, je le laisse 5 minutes pendant qu'il attend notre chauffeur sur le coin d'une rue et quand je reviens, il y avait 75 personnes autour de lui! Il ne dégage pas ça dans la vie. C'est quelqu'un de vraiment généreux. Tous les jours, quand il finissait une journée, il serrait la main de tous les techniciens. J'ai rarement vu une élégance comme ça. »
On vous recommande fortement ce film drôle, sensible et ludique qui a le pouvoir de chasser la grisaille dans les coeurs. Lisez notre critique ici.
Mon cirque à moi prend l'affiche dans plus de 80 salles à travers le Québec.