Cela fait un bon moment que j'attends impatiemment la sortie du film Joker de Todd Phillips. Dès sa présentation au Festial du Film de Venise, les critiques ne tarissaient pas d'éloges. On parlait d'une oeuvre unique, puissante, troublante.
Après sa première canadienne au Festival du Film de Toronto, les gens se questionnaient à savoir si le long métrage allait inciter à la violence, s'il ne faisait pas une certaine glorification de celle-ci. Je trouvais alors que les journalistes exagéraient. On parle quand même d'une oeuvre de fiction inspirée d'un personnage de supervilain, pas un drame tiré de faits réels... Mais, c'est en voyant le film que l'on comprend ce qui inquiétait les professionnels.
L'oeuvre de Phillips est si noire, si dure qu'on ne peut ressortir complètement indemne de la salle de cinéma. Il faut une soupape pour accuser le choc (un épisode d'Occupation Double, une chanson des Trois Accords, un grand bol de crème glacée à la pâte à biscuits), quelque chose de léger et réconfortant pour empêcher l'horreur du Joker d'envenimer notre esprit malléable. Il s'agit d'un film formidable, comme il s'en fait peu à Hollywood (lisez notre critique ici). Par contre, avec l'efficacité d'une oeuvre aussi brutale viennent souvent quelques contrecoups.
Je serrais des dents à la sortie du cinéma et je me sentais neurasthénique. J'aurais probablement mieux géré mes émotions si un employé du cinéma n'avait pas décidé d'enfiler son déguisement du Joker en ce soir de première Nord-Américaine. On comprend la bonne intention derrière le costume, mais ce personnage n'entend pas à rire (sans faire de jeux de mots). Peut-être que le maquillage de clown serait à proscrire ce week-end dans les cinémas. Flatter le Joker en arborant ses couleurs n'est peut-être pas une bonne idée...
À tous ceux qui iront voir Joker dans les prochains jours, soyez prêt à une violence crue, qui se matérialise autant dans les images que dans les propos. Il ne faut surtout pas s'empêcher de voir ce film formidable parce qu'il est trop violent, mais il faut être conscient de son impétuosité.