Dix ans après ses films Hochelaga et Histoire de Pen, Michel Jetté termine sa trilogie sur les gangs criminalisés avec Bumrush, un long métrage auto-financé qui se consacre aux gangs de rue. Le film n'a pas bénéficié de subventions gouvernementales. « Mais ça ne paraît pas, dit d'abord le réalisateur. C'est vraiment grâce au talent d'un petit groupe de personnes que le film a pu se faire. Il y avait des vieux routiers, des techniciens d'expérience qui travaillaient avec des jeunes, ce qui a donné une équipe hautement motivée. »
Le film raconte l'histoire du Kid, un portier spécialisé qui décide d'aider son ami Papy, propriétaire du bar le Kingdom, à éloigner les gangs de rue qui essaient de prendre le contrôle de son établissement. Avec ses frères d'armes Tank, Shrink et Momo, il s'engage dans une lutte violente pour le contrôle du bar contre les IB 11.
Bumrush est le fruit de six mois de recherche sur les bars et les gangs de rue. « Les rafles policières récentes à Montréal ont vidé les chapitres des Hell's Angels au Québec, ce qui a ouvert la porte aux gangs et à la mafia. J'ai aussi fait de la recherche pour les portiers, mais des portiers spéciaux, hautement entraînés, souvent d'anciens militaires, qui font des jobs plus durs. Ils ont été consultants au scénario. Les événements dramatiques du film sont inspirés de faits réels. »
« Ce qui est important, c'est de donner un blueprint de la réalité. » Ce qui passe d'abord par le langage, les expressions, les codes. « J'ai trouvé des acteurs au talent naturel extraordinaire, d'une grande spontanéité, avec des grands moments d'authenticité. J'avais bien sûr mon noyau d'acteurs d'expérience solide, et j'ai fait des ateliers avec des gens trouvés pendant mes recherches. »
« La recherche sert au casting; je voulais déstabiliser avec des visages spéciaux, des acteurs moins connus. Dans le contexte d'ateliers d'improvisation contrôlée, on a pu trouver des moments magiques et authentiques avec eux. »
C'est aussi un milieu où la violence est omniprésente. « Il y a des limites, on ne fait pas du gore, on ne va pas tout montrer, mais il ne faut pas non plus mettre des gants blancs, la violence est liée au propos. Dans cet univers, la ligne est mince entre l'infantilisation du monde des bars, des gentils et des méchants, et la réalité. Les personnages se confrontent, ils ont un travail stressant et on a souvent des préjugés face à eux. Il ne s'agit pas de provocation : le film dénonce des choses fondamentales, ça ne sert à personne d'épargner les gens de la violence. »
Emmanuel Auger, Pat Lemaire, Robert Pace, Constant Gagné, Sylvain Beauchamp, Alain Nadro et Jézabel Drolet font partie de la distribution du film, qui prendra l'affiche ce vendredi.