Le film sur la vie du commandant Robert Piché, qui est parvenu à faire atterrir un avion en panne d'essence dans les Açores en août 2001, prendra l'affiche au Québec le mercredi 7 juillet prochain. Titré Piché : Entre ciel et terre, le long métrage met en vedette Michel Côté et Maxime Leflaguais, dans le rôle de Robert Piché à différents âges de son existence. Le film, réalisé par Sylvain Archambault, a été scénarisé par Ian Lauzon et est produit par André Dupuy.
Rencontrés à Québec lors de leur tournée médiatique, les deux comédiens principaux, le scénariste et le commandant Robert Piché nous ont parlé de leur expérience de tournage et de l'importance de raconter la vie frénétique de cet homme au grand écran.
« Sur le coup, j'ai eu un doute quand on m'a dit qu'on faisait un film sur un atterrissage forcé, raconte Michel Côté, mais après, lorsque tu lis le livre de Robert Piché, tu comprends l'intérêt. Les Américains ont fait beaucoup de films avec des histoires pas mal moins intéressantes; des bandits de grands chemins, des cowboys, des policiers, toujours inspirées de choses qui sont vraiment arrivées, alors pourquoi nous, au Québec, nous n'aurions pas le droit de faire ça? »
L'acteur québécois dit avoir choisi ce rôle pour son intensité. « J'ai toujours choisi mes rôles en fonction du temps depuis que j'ai joué ce genre de personnage et de si j'ai dé jà fait ce genre de rôle-là, et depuis C.R.A.Z.Y., je n'ai pas abordé de personnage aussi intérieur que ça, avec beaucoup de scènes prenantes, difficiles à jouer. Les scènes du cockpit, c'est trois jours de concentration intense, le soir j'étais complètement épuisé. »
C'est la première fois que Michel Côté joue dans le même film que son fils comédien, Maxime Leflaguais. Ce dernier a pourtant agi comme doublure pour son père dans Cruising Bar 2. « Quand la production a appris que Michel Côté avait un fils comédien qui avait l'âge requis, ils se sont penchés sur mon cas, c'est sûr. Moi, j'hésitais beaucoup à faire le rôle parce que je voulais faire mes preuves par moi-même. Je ne voulais pas jouer dans le film de mon père ou ma mère, mais là je venais de faire Trauma, ça fait sept ans que je suis comédien et j'ai gravi les échelons normalement... »
« Mon père a eu 19 jours de tournage, moi j'en ai eu 14, on s'est croisé une journée, et c'est dans les scènes où ils se regardent dans le miroir et que c'est moi de l'autre côté. C'est deux studios identiques, mais inversés. »
Le commandant Robert Piché était présent sur le plateau presque tous les jours pour appuyer les comédiens et vivre l'expérience du tournage d'un long métrage. « Robert a été avec nous sur le plateau 26 jours sur 35 et les journées où il n'était pas là, c'est qu'il pilotait », poursuit le comédien. « Ça a été écoeurant parce que je ne me suis jamais senti jugé, j'ai toujours senti que j'étais à ma place. Il me donnait des trucs pour le réalisme. Il a joué dans le film, il fait un troisième rôle muet. Il est dans la prison quant je vais demander à Bones pour un couteau. »
« Je fume et quand je sors de ma cellule, je ne savais pas quoi faire de ma cigarette, alors il m'a dit de ne pas la jeter par terre puisque les gars, même si c'est des criminels, ils ont du respect pour leur environnement, ils ne butchaient pas par terre. Alors, je sors de ma cellule et je le regarde. C'était génial, ça a vraiment amené un côté réaliste dans cette scène-là ».
« Je vais faire seulement un film dans ma vie, alors je voulais en profiter. Je suis un produit des années 70 alors j'aime bien expérimenter, je voulais mettre une corde de plus à mon arc », ajoute le pilote de ligne. « Ça fait drôle de voir ça, qui aurait pu dire un jour qu'on ferait un film sur ma vie ! Tsé, sur les quatre commandants de bord potentiels pour faire le travail cette journée-là, c'est moi qui a été choisi par l'ordinateur et je suis le seul qui ne voulait pas parler de son passé dans les journaux et qui avait un cheminement un peu inorthodoxe et ça m'arrive à moi. Parfois je me demande pourquoi moi? Et d'ailleurs pour tenter de répondre à ça, j'ai parti une fondation. Je vois que le vol 236 me donne une certaine crédibilité face au public alors quand je parle de ma déchéance, les gens m'écoutent. Je me dis que c'est peut-être pour ça que tout ça est arrivé, pour aider les gens. »
Le film a été refusé à plusieurs reprises par les institutions gouvernementales; le scénariste Ian Lauzon explique la situation : « Je peux comprendre qu'à l'origine les gens pouvaient se méfier. On ne veut pas que le cinéma québécois devienne un relais de la presse à sensation, hors, l'histoire du commandant Piché pouvait passer pour un fait divers de presse à sensation. Ce n'est pas ça. C'est la manière de l'explorer, de dire les choses. Mais je comprends les institutions de se méfier, ce n'est pas parce qu'un truc a fait la machette qu'on doit faire un film. »
« On avait au départ un scénario qui était budgété à 9 millions $ et puis il s'est avéré que nous n'aurions pas plus que 7 millions $. Couper 2 millions $ sur un film, c'est énorme. Tu ne peux pas juste dire : on va enlever la chaise ici ou le char là, alors il fallait refaire le film. À l'origine c'était un film chronologique avec beaucoup d'épisodes de jeunesse du commandant Piché, la formation, les années de Québec Air, les femmes, la prison et le sauvetage. Et ensuite, j'ai décidé que ça se passerait dans une clinique, un endroit d'enfermement, et à partir de là on va pouvoir aller chercher les moments essentiels de ton existence. »
Piché : Entre ciel et terre paraîtra sur les écrans du Québec ce mercredi.