« Cher long métrage, c'est à ton tour de te laisser parler d'amour... »
Qu'il s'agisse d'un classique instantané, d'une excellente production mal reçue à sa sortie, ou d'un navet bénéficiant désormais du statut de film culte, l'heure est aux bilans, aux coupes de champagne, aux morceaux de gâteau trop sucré et aux bons souvenirs de toutes ces images que nous avons pu oublier au fil des ans.
Aujourd'hui, nous soufflons les trente bougies du film...
MIRACLE ON 34th STREET (Le miracle de la 34e rue)
Fable | États-Unis | 110 minutes
Réalisation : Les Mayfield
Interprètes : Richard Attenborough, Elizabeth Perkins, Dylan McDermott et Mara Wilson.
Sortie dans les salles nord-américaines : le 18 novembre 1994.
Un an après avoir dépensé sans compter dans Jurassic Park, le comédien Richard Attenborough reprenait du service sous les traits de Kriss Kringle (aussi connu sous le nom un tantinet plus familier de « père Noël »), dans une nouvelle version du classique du temps des Fêtes de 1947, Miracle on 34th Street.
Le long métrage de Les Mayfield demeure un cas particulier, s'imposant comme une sorte de retour au classicisme d'antan et une version deluxe d'un film Hallmark où capitalisme, valeurs traditionnelles et magie de Noël font on ne peut plus bon ménage.
Vous n'aurez pas droit ici à une fin moralisatrice stipulant que ce qui compte, au fond, c'est l'essentiel.
En fait oui, mais avec un énorme diamant passé à un doigt, et l'immense maison de rêve qui va avec...
Une scène du film Miracle on 34th Street - 20th Century Studios
Le père Noël prend donc un bain de foule dans les rues achalandées de New York quelques semaines avant son long périple autour du monde.
Un heureux concours de circonstances l'amène à devenir le visage d'un magasin à grande surface, et à tenter de convaincre la jeune fille de sa patronne de la véracité et de l'importance de certaines croyances. Mais la mère monoparentale a fait un si bon travail d'ancrer la vie de sa fille dans ce qui est concret et tangible que le défi s'annonce colossal.
À l'opposé, tous les consommateurs de la Grosse Pomme sont tombés sous le charme de cet homme représentant la bonté incarnée, et ne se cachant pas sous une fausse barbe et un costume du Dollarama.
Le scénario original de Miracle on 34th Street a été remis au goût du jour par l'illustre John Hughes, qui avait évidemment signé ceux des deux premiers épisodes très lucratifs de la série Home Alone, quelques années auparavant.
Le présent récit laisse toutefois paraître beaucoup plus l'amour de l'auteur de The Breakfast Club pour les croyances traditionnelles et la forme la plus classique et maniérée des récits hollywoodiens, plutôt que pour la capacité de certains malfrats à accumuler les commotions cérébrales à grands coups de briques et de chutes vertigineuses.
Miracle on 34th Street se déploie avec une élégance formelle à travers des personnages réduits à leur plus simple expression, des éléments narratifs et une direction artistique semblant appartenir à une autre époque, mais qui ne paraissent pas dépassés pour autant, et une mince ligne séparant les doutes et les remises en question de la foi.
Entre une demande en mariage pour le moins précipitée, une guerre commerciale où tous les coups sont permis, et un acte consacré entièrement au « procès du Père Noël » (lequel est aussi niais, mais tout de même beaucoup mieux exécuté que celui dans Joker: Folie à Deux), un élan sans précédent de solidarité comme seuls les new-yorkais peuvent le manifester au cinéma se révèle en un rien de temps plus efficace que n'importe quel hashtag.
Car au final, la question de la crédibilité de l'ami Kriss est beaucoup moins importante que ce qu'il représente dans le coeur et l'esprit de tout un chacun. Et la performance tout à fait charmante - mais empreinte de vulnérabilité - de Richard Attenborough permet au film d'insuffler toute la candeur voulue à son public de petits et de grands.
TRENTE ANS PLUS TARD...
Miracle on 34th Street n'a pas connu le succès escompté lors de sa sortie en salle, n'ayant amassé qu'un peu plus de 17 millions de dollars au box-office américain. Sortie une semaine plus tôt, la production familiale The Santa Clause (Sur les traces du père Noël, en version française) des studios Disney allait faire beaucoup mieux en cumulant des recettes de plus de 144 millions de dollars aux États-Unis.
Malgré tout, Miracle on 34th Street demeure à présent ancré dans la longue liste d'incontournables du temps des Fêtes de plusieurs cinéphiles.
Un film qui n'en est, certes, pas à une contradiction près, mais dont le message demeure livré avec suffisamment de conviction et de bons sentiments par les personnes impliquées.
La guerre du temps des Fêtes n'oppose pas un grand magasin et une petite boutique, mais deux corporations dirigées de manières foncièrement différentes.
Même que, de par cette approche qui ne se voile jamais la face en ce qui a trait au caractère de plus en plus commercial des fêtes de fin d'année, Miracle on 34th Street a à tout le moins le mérite de ne pas chercher à trop remplir son public - au-delà de ce qui est déjà largement évident.
Oubliez la simplicité volontaire, on parle quand même du rêve américain ici... Think BIG!
Miracle on 34th Street est présentement disponible sur DISNEY+, en VIDÉO SUR DEMANDE, ainsi qu'en formats DVD et BLU-RAY.