Le réalisateur du documentaire Surviving Progress, Mathieu Roy, présente ce vendredi son plus récent long métrage, intitulé L'autre maison. Présenté en ouverture du Festival des Films du Monde en août dernier, le film, qui est distribué par TVA Films, est une première expérience de fiction pour le réalisateur, qui signe aussi le scénario.
L'autre maison met en vedette Marcel Sabourin dans le rôle d'un homme âgé atteint d'une maladie dégénérative. Roy Dupuis et Émile Proulx-Cloutier incarnent ses deux fils. Le premier est journaliste en zone de guerre et le second s'occupe de son père au quotidien.
Une histoire inspirée de la vie du réalisateur, de son frère et de son père, Michel Roy, lorsque ce dernier est tombé malade. « Même si je me suis inspiré d'une histoire personnelle, c'était pour créer des personnages fictifs. Oui, le point de départ est personnel, mais la portée du film est universelle, je crois que les gens arrivent à se projeter dans l'histoire à travers mes personnages. C'est pour ça que j'ai fait le film, pour créer un sentiment de catharsis. »
L'idée de rejoindre le public fait partie de l'objectif du cinéma. « De toute création artistique à mon avis. Chaque auteur a une vision différente de ce qu'est le cinéma et à quel point il faut déstabiliser le public, ou non. Ça dépend des histoires, aussi, je pense que mon histoire n'était pas une histoire pour choquer ou déstabiliser, mais pour être rassembleur, pour qu'on sente qu'on vit tous cette même réalité-là. »
Le film a beaucoup évolué une fois le montage commencé. « Il y a plein de fils narratifs que j'ai abandonnés, je ne me suis pas attardé sur certaines scènes qui étaient plus longues dans le scénario, vraiment, les scènes qui marchaient mal, que je n'étais pas content du jeu ou de ma réalisation, je les ai évacuées. Avec ce qui restait, on a reconstruit l'histoire, le monteur et moi. Ça fait un film plus épuré que ce qu'il y avait au scénario, mais moi ça me va très bien. »
« Il y a de la tension, on a cherché à développer une tension, à chaque moment c'est important de pouvoir répondre à la question : « Pourquoi je regarde le film en ce moment? », c'est une tension constante avec l'état du père, on pense qu'il veut s'enfuir. On a réécrit l'agencement de l'histoire au montage. »
Est-ce à dire que vous avez des regrets? « Non, aucune déception. On avait trop de matériel. Le scénario original aurait fait deux heures et demie. C'est dû à mon inexpérience, au fait que c'était mon premier scénario de fiction. Je tenais à tourner toutes les scènes, on essaie de tourner le plus qu'on peut, c'est toujours un luxe d'avoir plus de matériel qu'on en a besoin. »
Les acteurs contribuent-ils à ce processus créatif? « Beaucoup, parce que par rapport à leur personnage, il peuvent répondre aux questions pas mal mieux que moi. J'aime les acteurs qui proposent des choses, qui ne se limitent pas au texte, qui se questionnent sur la validité de telle ou telle réplique. Roy le fait beaucoup, Émile était plus dépendant de mes réponses, Marcel était aussi dans sa bulle... Je leur laissais toujours une première prise, et ensuite j'allais donner des directives. Ils ont été très importants dans la précision de leur personnage. »
« Ils sont très différents, ils ont des styles de jeu, des approches très différentes. Ils sont issus de trois générations, mais comme tous bons acteurs ils sont au service de l'histoire et du scénario qu'ils ont envie de défendre. Je sentais que j'étais bien entouré. »
L'autre maison prend l'affiche vendredi dans seize salles à travers le Québec.