Dans le cadre de la sortie du long métrage 1er amour, de Guillaume Sylvestre (Durs à cuire, Sauvage), nous avons rencontré le réalisateur et la jeune actrice Marianne Fortier, découverte dans Aurore en 2005, afin de parler du film inspiré d'une nouvelle de l'auteur russe Ivan Tourgueniev. « J'ai juste gardé l'esprit de la nouvelle. Il n'y a pas une scène dans le film qui est dans la nouvelle, c'est une inspiration très libre. L'esprit romantique, la tragédie, la nature, c'est transposable à n'importe quelle époque, il y a quelque chose d'universel », précise le réalisateur.
Loïc Esteves, Macha Grenon, Benoît Gouin et Sylvie Boucher font également partie de la distribution du film, qui raconte l'histoire d'un adolescent qui, lors de vacances passées avec ses parents dans un chalet sur une île isolée, fait la rencontre d'Anna, une jeune voisine dont il tombe amoureux.
Pour Marianne Fortier, l'expérience de tournage s'est avérée unique. « C'était un plateau magnifique. On arrivait sur le plateau, on était une toute petite équipe, donc les liens se faisaient rapidement. On tournait des scènes souvent... intimes. Il y a des secrets, des relations entre les personnages, le lien du fils avec sa mère, de la fille avec sa mère... on apprend au fur et à mesure que le film avance. C'est Guillaume qui, comme réalisateur, a instauré cette ambiance-là sur le plateau parce qu'il était tellement calme, tellement posé, il prenait le temps de venir nous parler. J'ai vraiment beaucoup apprécié. »
Quelles informations recherches-tu auprès du réalisateur? « Sa vision de base du scénario, d'abord. Je dois savoir quel message il veut passer. Le scénario en dit beaucoup à l'avance, mais il y a beaucoup de non-dits que tu dois trouver entre les lignes. Ça aide de parler avec le réalisateur, parce qu'il met ça en mots, il met ça clairement. Au début, quand j'ai lu le scénario, je trouvais mon rôle un peu, tsé... Mais finalement je le relis et... non, j'étais tellement au premier degré au départ. En le relisant et en faisant une réflexion sur le personnage ça aide à mieux comprendre. »
« Oui, il y a le premier amour, mais c'est une histoire parmi tant d'autres. Il y a le lien avec la mère, toutes ces relations qui font de mini-intrigues, ce qui fait que chaque acteur peut ressortir à son moment. »
On capte un petit moment de la vie des personnages; on comprend qu'ils ont un passé qui précède le début du film et on assume que la vie continue après le film. Est-ce que cela affecte le jeu? « Oui, en me préparant, je me suis dit : bon, son père est pas là. Pourquoi son père est pas là? C'est qui son père? Quelles répercussions ça a eu sur sa vie à elle, et est-ce que ça a un lien avec le fait qu'elle ressent le besoin de jouer avec les hommes? Tout ça, je devais le décider. Pourquoi elle s'ennuie? Il y a tout ce qui se passe avant le récit qui change plein d'affaires dans notre vision, dans notre façon de penser. »
« C'est un peu comme si ton personnage devient une amie que tu connais bien. C'est sûr que ça vient d'un univers fictif que Guillaume a imaginé, mais justement, ça fait que sur le plateau ça vient plus facilement. Tu peux aller puiser dans les gens que tu connais, ça fait aussi partie de la recherche. Des filles séductrices, on en a vues dans des films, mais je ne voulais pas aller vers les stéréotypes. Il y a toute la naïveté de l'adolescence et tout le passage à l'âge adulte. »
La jeune actrice était attachée au projet depuis deux ans lorsque le tournage a commencé. Pour Guillaume Sylvestre, elle était l'actrice parfaite pour le rôle d'Anna. « Oui, depuis que j'ai vu Maman est chez le coiffeur. Je l'ai trouvée formidable là-dedans. À 15 ans, elle jouait avec une telle nuance, c'était clair que c'était elle que je voulais. »
Dans le film, chaque personnage a un moment d'importance où il devient le personnage central. « Les personnages sont tous confrontés à leurs illusions, et à un moment donné, ça explose d'une façon ou d'une autre pour tout le monde. »
Quelles expériences du cinéma documentaire se transposent au cinéma de fiction? « Je n'avais jamais dirigé d'acteurs, j'ai adoré travailler avec eux. Quand tu fais un documentaire, tu le vois quand c'est faux. Un moment donné tu sens, au fur et à mesure des prises, qu'ils ont oublié la caméra et que c'est vrai. C'est le même instinct, je crois. Marianne n'a jamais étudié comme actrice donc elle est très instinctive, mais en même temps elle est très rigoureuse, très studieuse, alors que Benoît a fait le Conservatoire, des années de théâtre. Mais en travaillant avec eux, tu ne t'en rends pas compte. »
Et le jeune Loïc Esteves, qui incarne Antoine? « Loïc n'avait jamais joué, donc c'était tout un travail, surtout qu'il avait 13 ans l'été passé pendant le tournage. Tu ne peux pas toujours expliquer les nuances psychologiques, donc il faut arriver à travers d'autres moyens. Mais il avait toute l'innocence, cette fine ligne entre l'enfance et l'adolescence, tout était là ce qui correspondait au personnage. »
1er amour prend l'affiche ce vendredi dans une vingtaine de salles à travers le Québec.