Réalisé sans l'aide des principaux bailleurs de fonds gouvernementaux, Y'en aura pas de facile est le deuxième long métrage de Marc-André Lavoie. Reprenant le concept des histoires entrecroisées de Bluff, le film réunit les aventures d'une douzaine de personnages à travers les souvenirs d'un biographe cinquantenaire, qui va puiser dans les livres qu'il a écrits pour embellir sa vie.
« Bluff c'est un film de mensonges, celui-là aussi. Le biographe, il se ment à lui-même. Pour s'accaparer l'histoire des autres et tout mélanger ça, il se ment d'abord à lui-même. Pas des gros mensonges, mais on sait très bien que c'est faux, et on se fait à croire que c'est vrai », débute le réalisateur.
Est-ce important que l'histoire soit plausible? « C'est un ton qui va revenir dans tous mes films. Tsé, l'histoire du billet de loterie, ça se peut. C'est un peu tiré par les cheveux, mais ça se peut. Je trouve ça l'fun ces limites-là. J'aime le ton d'une comédie absurde, mais où les personnages vivent les événements pour vrai. Engager un tueur à gages pour se tuer, ça se peut... mais c'est un peu cave. Le mensonge est le thème qui va revenir dans tous mes films. »
Mais par où commencer? « La première étape, c'est d'avoir quelque chose à raconter. En effet, il y a cinq histoires, ramenées dans un personnage. Je te dirais que ce qui est l'fun c'est que ça me force à sortir des sentiers battus. Dans un film linéaire, pour tenir le monde pendant 1h30, tu n'as pas le choix de passer par des chemins où la trail est déjà faite. Dans une formule comme ça, tu as moins le temps pour camper tes personnages. »
Te sers-tu de ce que les comédiens ont fait avant pour teinter leur personnage? « Je ne me sers pas de ce qu'ils ont fait avant, je me sers de ce que je connais d'eux. Quand je choisis un comédien... c'est probablement la partie la moins scientifique de ce que je fais. J'ai pas d'argent pour faire du casting. Alors j'écris et les comédiens apparaissent, ils « pop! ». Un moment donné, à l'écriture, je le sens. C'est pour ça que je vais de plus en plus à des soirées de théâtre, parce que je veux découvrir du monde. Tsé, si je ne connais pas la personne, comment veux-tu qu'elle « pop »? Michel-Olivier Girard je l'ai vu dans une pub d'A&W et j'ai dit : « c'est lui ». Si je ne l'avais pas vue la pub? »
C'est quand même bien tombé qu'ils soient tous, ou presque, des comédiens connus. « Ces comédiens-là, ils sont bons, mais ils ne sont pas devenus des vedettes en se tournant les pouces. Ils s'impliquent, ils travaillent. Moi, j'ai pas le temps de faire des pratiques... Tu te dis que le comédien pas connu, il arrive à l'heure et il connaît ses textes, et que Rémy Girard, lui, il peut arriver en retard. Ben c'est lui qui connaît ses textes, qui t'a appelé pour te parler des subtilités... c'est un pro! C'est une équipe étoile que je me monte, j'ai besoin de gars qui scorent. »
Le budget restreint oblige à faire des sacrifices, mais c'est quand même une aventure de tourner un film avec si peu d'argent. « C'est une aventure dans le brouillard, avec une flashlight. Tu essaies de ne pas trop pogner de zombies. »
« On ne prétend pas changer le septième art, si je change le monde avec 250 000 $, je suis un génie et on aurait dû me découvrir avant! Non, non. Le film est fait avec amour, personne n'est là pour faire de l'argent. C'est fait dans un esprit de confrérie, on a du plaisir à le faire. Il y a une liberté de création. »
Y'en aura pas de facile prend l'affiche à travers le Québec dès aujourd'hui.