M. Night Shyamalan est l'un des cas les plus énigmatiques du cinéma populaire américain depuis maintenant deux décennies.
Ayant fait une entrée fracassante à Hollywood en présentant coup sur coup quatre longs métrages ayant rapidement marqué l'imaginaire collectif - et obtenu le statut de classiques instantannés, le cinéaste s'est par la suite montré capable du meilleur comme du pire, de la plus grande méticulosité comme de la pire paresse.
Articulé autour des thèmes de la foi, de la peur, du destin et des forces insoupçonnées du caractère humain, les récits de M. Night Shyamalan s'efforcent continuellement de placer et de contextualiser le plus petit cas de figure dans un ensemble beaucoup plus dense et vaste.
Pour souligner la sortie de son plus récent long métrage, nous vous proposons notre palmarès des films de M. Night Shyamalan, classés du pire au meilleur, de The Sixth Sense à Knock at the Cabin - ses premiers films de moindre envergure, Wide Awake et Praying with Anger, étant présentement indisponibles au Canada.
13.
THE HAPPENING (L'événement)
Suspense fantastique | 2008 | 91 minutes
The Happening est le premier vrai dérapage en bonne et due forme de la carrière de M. Night Shyamalan. Dire que le cinéaste a frappé un mur ici va au-delà de l'euphémisme. Le concept est pourtant intrigant : des masses d'individus frappés par une soudaine confusion commencent à s'enlever la vie dans les grands centres urbains, puis le même mal se propage progressivement dans de plus petites localités de l'est des États-Unis. On croit d'abord à une attaque terroriste, mais plus les heures passent, plus cette hypothèse semble de moins en moins plausible. Shyamalan tente constamment des ruptures de ton, présentant des images sordides, puis revenant au drame à hauteur d'homme aux avenues déchirantes, avant de flirter aux pires moments imaginables avec la comédie. Le problème, c'est que le scénario - on ne peut plus inconstant dans sa progression comme sa qualité globale, et ce, malgré un discours plutôt poignant - donne l'impression de n'avoir été écrit qu'une seule fois, et que le principal intéressé a complètement sauté par-dessus l'étape de la correction et des ajustements. Les dialogues sont souvent d'une stupidité déconcertante, et le film ne respecte aucunement les règles diégétiques qu'il tente de mettre en place. Pour couronner le tout, Mark Wahlberg et Zooey Deschanel offrent définitivement la performance la plus nonchalante et désintéressée de leur carrière respective dans un suspense totalement dépourvu de tension. Un film catastrophe dans tous les sens du terme.
Scène du film The Happening - Twentieth Century Fox12.
THE LAST AIRBENDER (Le dernier maître de l'air)
Aventures fantastiques | 2010 | 103 minutes
The Last Airbender est assurément le projet ayant le plus terni la réputation de M. Night Shyamalan. Une adaptation bâclée d'une série acclamée dont la direction artistique ne laisse paraître aucune trace du budget colossal de 150 millions de dollars qui lui avait été attribué. Si nous retrouvons bien plusieurs des thèmes de prédilection du cinéaste, tout comme l'optimisme et la candeur, The Last Airbender constitue néanmoins un changement de cap important - et un peu contre nature - pour ce dernier, si nous comparons le présent volet d'une série inachevée aux films qui l'ont précédé. Des performances risibles de la part d'une distribution mal dirigée et/ou inexpérimentée, des dialogues inconséquents, des raccourcis narratifs pour le moins douteux, des séquences épiques tortueuses, et des effets visuels bien en-deçà des standards finissent par miner les meilleures intentions de Shyamalan, ainsi que ses réflexes les plus notables à titre de scénariste et de réalisateur. Ce dernier suggère adéquatement la grandeur de l'univers qu'il met en scène, mais à l'instar de The Happening, tout va beaucoup trop vite, nous donnant l'impression au final que très peu d'idées et de choix artistiques ont été ici pleinement réfléchis.
Une scène du film The Last airbender - Paramount Pictures11.
GLASS (Verre)
Drame fantastique | 2019 | 129 minutes
Nous devons respecter la volonté du cinéaste d'éviter la redite et tenter une approche différente avec Glass pour étendre son univers de super-héros réaliste, quitte à en sacrifier les qualités les plus notables au passage. Le présent long métrage dévoile des caractéristiques se situant définitivement à des milles de tout ce qui avait fait la force de Unbreakable - et même de Split. Déjà, Shyamalan perd la moitié de son récit à faussement déconstruire tout ce que les deux opus précédents avaient établi. Le tout en placardant ses scènes de dialogues explicatifs et de mises en contexte sonnant particulièrement faux. Il s'agissait aussi probablement du pire scénario possible pour aborder des questions aussi délicates que la différence et la santé mentale, faisant fi des actes commis par ses antagonistes pour les réduire à l'état de produit d'une société encore plus malade. Une idée qu'un film comme Joker, sorti la même année, explorait d'une manière beaucoup plus sensible et nuancée. Ayant dû composer avec un manque de moyens évident, le cinéaste signe des séquences qui s'enchaînent sans véritable cohésion, logique ou sens de l'espace, tandis que les interprètes font de leur mieux avec le peu qu'ils ont à se mettre sous la dent.
Une scène du film Glass - Universal Pictures10.
AFTER EARTH (Après la terre)
Science-fiction | 2013 | 107 minutes
Pas. Si. Pire. After Earth est arrivé à un moment, disons, moins qu'opportun, et ce, autant pour M. Night Shyamalan que Will Smith, dont les carrières respectives étaient alors en sérieuse perte de vitesse. La direction artistique du présent effort flirtant avec la production de science-fiction de série B n'aidait pas non plus la cause d'un film que le public semblait prêt à envoyer aux ordures avant même de l'avoir vu. Autant le réalisateur que sa star s'exécutent ici à contre-emploi. À travers une autre prémisse prenant racine dans le développement d'une relation complexe entre un enfant et une figure parentale, Shyamalan s'attaque à un récit de survie tout ce qu'il y a de plus linéaire, tandis que Smith y va d'une performance beaucoup plus rigide et autoritaire, évacuant toutes traces de son humour habituel. Le tout en plus d'être immobilisé durant la quasi-totalité du film. Pour le clan Smith, il s'agissant d'une autre manière de mettre de l'avant le jeune Jaden, et c'est probablement ce côté quelque peu vaniteux qui a fini par nuire au projet. Autrement, s'il ne s'agit en aucun cas d'un film marquant, nous sommes tout de même bien loin de l'étiquette de navet qui lui a été collée dès sa sortie. Certainement le projet le moins irritant de la « trilogie de la débâcle » du cinéaste.
Une scène du film After Earth - Sony Pictures09.
OLD (Anormal)
Suspense fantastique | 2021 | 109 minutes
Tous les ingrédients étaient réunis pour que M. Night Shyamalan nous offre son film le plus réussi en près de deux décennies. Un groupe d'individus n'ayant en apparence rien en commun se retrouvant prisonniers d'une plage isolée les faisant vieillir à vue d'oeil? Oui, s'il-vous-plaît! Malheureusement, malgré un concept taillé sur mesure pour le réalisateur, Old souffre dès le départ des mêmes problèmes que The Happening, alors qu'il devient de plus en plus difficile de passer par-dessus les prestations risibles des interprètes et les répliques tout aussi pauvres qu'ils doivent réciter. Dommage, car le cinéaste est en très grande forme derrière la caméra, la nervosité et la brutalité de ses images communiquant allègrement le chaos de même que les sentiments de panique et d'impuissance imposés par sa prémisse. Il y a définitivement un trente minutes durant la deuxième moitié du film où Shyamalan réussit à atteindre les mêmes sommets vertigineux que des films comme Signs et The Village, et ce, tout en s'en donnant à coeur joie dans le « body horror ». Mais ce dernier ne peut toutefois s'empêcher par la suite d'offrir une explication « sensée » à sa mise en situation, alors qu'un mystère demeuré intact aurait rendu sa finale encore plus pertinente d'un point de vue moral. Bref, une autre idée géniale traitée de manière inconsistante.
Une scène du film Old - Universal Pictures08.
LADY IN THE WATER (La dame de l'eau)
Conte fantastique | 2006 | 109 minutes
Sur papier, Lady in the Water est une oeuvre à la hauteur de ses prédécesseurs. Un projet plus personnel que M. Night Shyamalan présente comme un conte qu'il raconte à ses enfants, et par l'entremise duquel il poursuit par la bande le discours tenu dans Unbreakable et Signs. Un conte fantastique se déployant dans un microcosme tout ce qu'il y a de plus banal. Le problème, c'est que nous ne retrouvons rien ici de la finesse d'écriture des films précédents. Shyamalan étale les règles et les caractéristiques de son récit - assez chargé en partant - à travers des dialogues mécaniques et d'une incroyable platitude. Ceci étant dit, il y a tout de même beaucoup à se mettre sous la dent ici, à commencer par la magnifique direction photo de Christopher Doyle (plus connu pour ses nombreuses collaborations avec Wong Kar-Wai) et les performances particulièrement touchantes de Paul Giamatti et de Bryce Dallas Howard. Lady in the Water s'impose autant comme une oeuvre fascinante qu'un projet casse-gueule. Mais les qualités finissent par avoir le dessus sur les défauts dans cette histoire qui ne manque définitivement pas d'idées ni de grandeur d'âme... Même s'il faut parfois être prêt à mettre énormément d'eau dans son vin pour y adhérer.
Scène du film La dame de l'eau - Warner Bros. Canada07.
THE VISIT (La visite)
Suspense d'épouvante | 2015 | 94 minutes
Deux ans après l'échec d'After Earth, M. Night Shyamalan effectuait un retour vers le suspense et l'horreur avec une production au budget beaucoup, beaucoup plus restreint. Avec The Visit, le cinéaste tentait de surfer sur la vague de films de type « found footage » alors que celle-ci s'estompait depuis un certain temps déjà. Malgré les traumatismes et les secrets de famille trop bien gardés, nous accompagnons deux adolescents alors qu'ils doivent passer une semaine chez des grands-parents qu'ils n'ont jamais eu l'occasion, voire le droit, de rencontrer auparavant. Une fois sur les lieux, ils sont témoins des comportements de plus en plus étranges du couple. La prémisse de The Visit demeure assez modeste, mais révèle peu à peu ses forces et sa teneur dramatique à travers ses choix formels, même si ceux-ci viennent avec les mêmes irritants cinématographiques que le réalisateur traîne depuis Lady in the Water. Mais nous retrouvons tout de même ici le M. Night Shyamalan capable de créer et de soutenir de la tension et de l'inconfort sans effort, de manière totalement naturelle, capitalisant habilement sur le jeu physique des interprètes des deux hôtes, tout en donnant un sens visuel aux conséquences du passé pesant sur les épaules de leurs visiteurs.
Une scène du film The Visit - Universal Pictures06.
SPLIT (Divisé)
Suspense psychologique | 2017 | 117 minutes
Tout comme l'esprit de son antagoniste, il était inévitable que le public allait être divisé par une proposition comme Split. Ce qui est aussi apparent, c'est tout le plaisir que M. Night Shyamalan prend ici à développer son personnage de super-villain à notre insu, nous poussant une fois de plus à reconsidérer le long métrage dans son entièreté une fois la révélation finale assimilée. Ce récit ayant pour thème les mécanismes de défense de l'esprit humain n'a, en fin de compte, pas la prétention d'aborder de sérieux sujets de société d'une manière aussi désinvolte. D'une certaine façon, Shyamalan a répété la même erreur qu'avec Unbreakable en gardant le public dans la noirceur en ce qui a trait à la réelle nature de son projet. D'un autre côté, il n'aurait pu en être autrement pour que cette ultime « twist » fonctionne adéquatement. Et l'idée d'intégrer subtilement celle-ci par l'entremise de quelques notes de musique reconnaissables pour les initiés mérite également d'être soulignée. Mais Split, c'est avant tout le film de James McAvoy, qui s'en donne à coeur joie dans des moments d'exubérance qu'il parvient à faire progresser dramatiquement tout en les tournant dans tous les sens avec un dévouement total.
Une scène du film Split - 20th Century Fox05.
KNOCK AT THE CABIN (La cabane isolée)
Suspense psychologique | 2023 | 100 minutes
Knock at the Cabin est définitivement le plus « Shyamalan » des films que nous ait offert M. Night Shyamalan - en termes d'idées et d'exécution - depuis un bon moment. Impitoyable film-somme revisitant les concepts les plus substantiels d'opus comme Signs, The Village et Lady in the Water, Knock at the Cabin est le fruit du travail d'un cinéaste en très grande forme qui, tout en confinant de nouveau ses personnages à l'intérieur d'un lieu particulièrement restreint, nous fait ressentir la grandeur du monde qui les entoure, et l'impact des gestes posés et du rôle que chacun a à jouer sur la vie d'autrui. La prémisse comme telle se déploie d'une manière on ne peut plus directe, laissant planer le doute davantage dans la tête des personnages que celle du spectateur. Mais de cette mise en situation où l'acte de foi finit par avoir plus qu'un sens religieux, Shyamalan tire un huis clos d'une redoutable efficacité dramatique où l'inconfort, la vulnérabilité et la tension sont à couper au couteau, et l'inévitable finalité s'avère être aussi sublime que lourde de sens. Menant une distribution se révélant plus qu'à la hauteur du défi proposé, Dave Bautista s'impose comme un acteur dramatique à prendre très au sérieux.
Une scène du film Knock at the Cabin - Universal Pictures04.
THE SIXTH SENSE (Le sixième sens)
Drame psychologique | 1999 | 107 minutes
La finale de The Sixth Sense a tellement marqué l'imaginaire collectif qu'elle a fait à elle seule de M. Night Shyamalan la nouvelle coqueluche d'Hollywood. Un drame surnaturel se déployant d'une manière aussi simple, posée et méticuleuse pourrait-il engendrer des recettes de plus de 670 millions de dollars à travers le monde en 2023? Permettez-nous d'en douter. C'est pourquoi il est facile d'oublier tout ce qui vient avant, et le fait que The Sixth Sense n'est pas l'affaire que d'un simple revirement inattendu - aussi bien amené soit-il. L'idée que le jeune Cole Sear soit en mesure de voir des revenants n'est d'ailleurs clairement évoquée qu'à la moitié du film. Et c'est dans cette patience et cette sensibilité inouïes, de même que dans son attention au développement des personnages, que M. Night Shyamalan tire le plus son épingle du jeu, appuyé par l'extraordinaire duo formé de Bruce Willis et Haley Joel Osment, qui suivent la cadence avec toute la retenue désirée. The Sixth Sense demeure une oeuvre superbement construite qui n'a pas pris une ride, et qui avait su dévoiler au monde entier les immenses talents de raconteur de Shyamalan. Le genre de productions sortant du lot pour toutes les bonnes raisons qui manque de plus en plus dans le paysage du cinéma américain.
Une scène du film The Sixth Sense - Buena Vista Canada03.
THE VILLAGE (Le village)
Suspense | 2004 | 107 minutes
Comme pour Signs, l'accueil réservé à The Village fut quelque peu mitigé, notamment en raison de l'inévitable « twist » finale qui en a laissé plusieurs sur leur faim. Mais comme pour Signs, cette ultime révélation n'avait pas tant pour but de créer la surprise et l'étonnement, mais plutôt d'amener le spectateur à faire marche arrière et à reconsidérer le discours de l'oeuvre en ayant toutes les informations en main. C'est à partir d'un second visionnement que The Village dévoile réellement toutes ses nuances, de même que la finesse de son propos. Appuyé par la sublime direction photo de Roger Deakins et une distribution de très haut calibre, M. Night Shyamalan se permet ici une réflexion sur l'état d'un monde occidental toujours rongé par les traumatismes sociopolitiques auxquels il a dû faire face au début du XXIe siècle. La notion de peur est omniprésente dans The Village, mais n'est pas source d'effroi ou de spectacle dans ce contexte, où sont plutôt savamment remises en question les règles sociales et leurs limites. Le tout dans un microcosme dont Shyamalan établit les bases avec un minimum de mots, et un maximum d'efficacité.
Une scène du film The Village - Buena Vista Canada02.
SIGNS (Signes)
Suspense fantastique | 2002 | 106 minutes
Signs est le premier film par l'entremise duquel M. Night Shyamalan s'ouvre explicitement sur sa vision du monde. Le réalisateur garde ici son approche restreinte et minimaliste en racontant le récit d'une invasion extraterrestre du point de vue d'une famille ordinaire, faisant d'une pierre deux coups en signant autant un suspense enlevant qu'un drame marqué de plusieurs moments particulièrement émouvants. Mais Signs se révèle être au fil des écoutes une oeuvre beaucoup plus dense, exigeant que le spectateur accepte de prendre la main du cinéaste et tende l'oreille pour écouter ce qu'il a à dire sur les thématiques du destin, du sens des hasards, et de la foi au sens large. Le tout à travers les yeux d'un ancien prêtre dont la perte de sa femme l'a amené à renier ses propres croyances. Un choix de personnage plus que significatif pour une oeuvre de science-fiction. Et c'est dans cet esprit de remise en question spirituelle et d'appel à l'ouverture d'esprit scientifique - et vice versa - que Shyamalan érige un discours articulé sur le sens des événements et des fatalités en les plaçant dans un contexte beaucoup plus grand. Une approche qui allait marquer la suite de son cinéma, mais dont il ne parviendrait pas toujours à en expliquer les fondements et tourner les idées aussi clairement et perspicacement qu'ici.
Une scène du film Signs - Buena Vista Canada01.
UNBREAKABLE (L'indestructible)
Suspense | 2000 | 106 minutes
Sorti à peine un an après The Sixth Sense, Unbreakable n'a pas connu le succès qu'il méritait en salles. Et la faute revient probablement à une campagne publicitaire laissant planer un peu trop le mystère quant aux réelles bases de son récit. Unbreakable précéda - et annonça un peu malgré lui - la vague de films de super-héros qui allait déferler sur les écrans au cours des deux décennies à venir. Mais plutôt que de se tourner vers l'action et les effets spéciaux, la ruse de Shyamalan fut de signer de nouveau un drame posé et mélancolique, orienté vers l'étude de personnages, porté par le regard perçant et le jeu tout en retenue de Bruce Willis, ainsi que le destin tragique du personnage interprété par Samuel L. Jackson. De ses cadrages minutieusement composés évoquant constamment les cases d'une bande dessinée à sa mise en scène d'une patience inouïe, Unbreakable est l'oeuvre d'un réalisateur qui était alors en pleine possession de ses moyens, et dont le cinéma reposait sur beaucoup plus qu'un revirement final inattendu. Il s'agit non seulement du meilleur film qu'ait tourné M. Night Shyamalan, mais également de l'une des meilleures productions hollywoodiennes des 25 dernières années.
Une scène du film Unbreakable - Buena Vista