Désolé, Forrest, mais la vie n'est pas comme une boîte de chocolat. La vie est un film d'HORREUR!
Depuis maintenant 27 ans, la série Scream s'amuse aux dépens des codes du genre - et maintenant du cinéma populaire au sens large - pour nous offrir des « whodunnits » dont le côté sadique n'empêche pas la formule d'avoir aussi énormément de charme - gracieuseté de la chimie exceptionnelle opérant entre les interprètes du trio vedette original, mais aussi entre la majorité des nouveaux venus.
En plus de son approche autoréférentielle poussée à l'extrême, la franchise a réussi contre toute attente à établir sa continuité en changeant constamment l'identité du ou des individus légèrement cinglés décidant de revêtir la tunique et le masque de Ghostface. Une idée s'accordant d'ailleurs parfaitement avec la vision et les principaux thèmes élaborés au départ par le réalisateur Wes Craven et le scénariste Kevin Williamson.
Évidemment, il y a des épisodes plus marquants que d'autres, mais Scream est l'une des rares séries du genre pouvant se vanter de n'avoir connu aucun réel dérapage.
Pour souligner la sortie de Scream VI, nous vous proposons notre palmarès maison des épisodes de cette franchise iconique, classés du pire au meilleur.
06.
SCREAM 3 (Frissons 3)
Wes Craven | 2000 | 116 minutes
La plus grande qualité de Scream 3, c'est d'avoir permis à Nick Cave et ses acolytes de continuer de percevoir des redevances pour la pièce emblématique de la série, « Red Right Hand ». Blague à part, sans être un ratage complet, le ton adouci de ce troisième épisode, l'humour à rabais et une intrigue qui s'étire et tourne en rond représentaient tout de même une chute importante par rapport aux deux premiers opus. Malgré les performances toujours dévouées de Courteney Cox, David Arquette et Neve Campbell, le coeur et la tête ne semblaient tout simplement pas y être cette fois-ci, et ce, aussi bien devant que derrière les caméras. Mais ce qui ajoute définitivement l'insulte à l'injure dans le cas de Scream 3, ce sont les révélations concernant la mère de Sidney Prescott, dont les frasques de Woodsboro découlaient finalement d'un traumatisme lié à un viol dont elle avait été victime alors qu'elle tentait de percer à Hollywood. Considérant qu'un certain Harvey Weinstein agit ici à titre de producteur exécutif, difficile de ne pas voir ce détail aujourd'hui comme une façon pour ce dernier de rire du monde entier.
Une scène du film Scream 3 - Alliance Vivafilm
05.
SCREAM (Frissons)
Matt Bettinellli-Olpin et Tyler Gillett | 2022 | 115 minutes
L'épisode de la passation du flambeau entre le maître Wes Craven et les élèves attentifs Matt Bettinellli-Olpin et Tyler Gillett. Cette nouvelle production s'inscrit sans gêne ni complexe dans l'actuelle obsession pour la nostalgie d'un cinéma populaire ayant de moins en moins d'idées neuves à offrir. À mi-chemin entre la suite et le redémarrage complet, Scream est étrangement un film fait par des fans et pour les fans dans lequel les auteurs adressent de façon plutôt maladroite - mais conséquente avec le climat actuel - toute la question du fanatisme toxique. Le résultat se veut un opus dont l'orchestre joue les notes avec une intensité différente, mais en se référant toujours à la même partition qu'autrefois. Nous savons pertinemment où l'intrigue s'en va, et comment elle va se terminer. Il ne reste plus qu'à lever le voile sur le raisonnement et la grande (méta)phore derrière ce énième carnage. Heureusement, l'équipe en charge n'a pas oublié que ce qui a toujours fait la force des films de Wes Craven, c'est la profondeur, le charisme et la répartie des personnages. Le temps est néanmoins venu de laisser de côté l'ironie au profit de véritables nouvelles idées.
Une scène du film Scream - Paramount Pictures
04.
SCREAM VI (Frissons VI)
Matt Bettinellli-Olpin et Tyler Gillett | 2023 | 115 minutes
À l'instar des quatre survivants du précédent massacre, Ghostface quitte la tranquillité de Woodsboro pour se tourner vers le chaos de la Grosse Pomme. Encore une fois, on essaie de nous convaincre dès le départ que la série peut se renouveler. Et si bien des efforts sont certainement déployés en ce sens, Scream VI ne peut malheureusement s'empêcher de bifurquer de ses propres intentions pour marcher de nouveau dans les traces du passé. Malgré un dernier tiers passablement décevant, il y a tout de même beaucoup à se mettre sous la dent : un Ghostface plus imposant et brutal que jamais, une excellente séquence d'ouverture, une direction photo collant bien au contexte plus urbain exploré ici, des scènes de tension efficaces, et des performances encore une fois prenantes de Jenna Ortega et Melissa Barrera. Scream VI s'acquitte ainsi de manière suffisamment compétente de ses principales tâches en n'ayant pas la prétention de vouloir réinventer la roue. Mais la ligne peut rapidement s'amincir entre modestie et manque de clairvoyance et d'ambitions. Et c'est particulièrement le cas pour les quinze dernières minutes du présent récit.
Une scène du film Scream VI - Paramount Pictures
03.
SCREAM 4 (Frissons 4)
Wes Craven | 2011 | 111 minutes
Dans le cinéma d'horreur, un chapitre final en est rarement un. Onze ans après Scream 3, Wes Craven revenait à la charge en nous prouvant que son savant croisement entre le slasher et la comédie noire, parsemé d'une énorme dose de réflexivité poussée à l'extrême, pouvait encore avoir une certaine pertinence dans le contexte social et cinématographique actuel. Car le monde a beaucoup changé entre la sortie de Scream 3 et celle de Scream 4. De plus, l'apparence beaucoup plus jeune des nouveaux personnages confère ici un côté beaucoup plus troublant à l'oeuvre, alors que la plupart des acteurs des premiers opus étaient tous dans la vingtaine avancée au moment des faits. Un détail pour le moins significatif dans une réalité où les tueries dans les écoles devenaient de plus en plus monnaie courante au pays de l'Oncle Sam. Mais si nous nous en tenons strictement à l'intrigue, malgré une inévitable redondance, celle-ci s'avère étonnamment bien tournée, effectuant un habile mélange de vieux et de neuf pour brasser les cartes sur le plan de la forme comme du fond, et ce, tout en continuant de capitaliser sur les principaux éléments responsables de l'énorme succès de la franchise.
Une scène du film Scream 4 - Alliance Vivafilm
02.
SCREAM 2 (Frissons 2)
Wes Craven | 1997 | 120 minutes
Tourné rapidement après le succès surprise du premier chapitre, Scream 2 est une proposition plutôt étrange, s'imposant comme un film d'ados et de frasques universitaires dans lequel ont été insérés, comme ça, à la volée, quelques meurtres sordides. Sans atteindre les mêmes sommets, Wes Craven parvient tout de même à rebrasser suffisamment la soupe pour offrir une suite réalisée dans les règles de l'art, et surtout digne d'intérêt. Déjà, la séquence d'ouverture est aussi emblématique que celle du volet précédent, en plus de parfaitement mettre la table pour une réflexion sur l'impact de la violence dans la culture populaire que Craven et Williamson abordent de façon plus que pertinente, et surtout sans jamais tomber dans la morale facile. Une telle approche aurait sonné totalement faux de toute façon. Et si une telle chose était possible, le duo est parvenu à pousser encore plus loin son concept d'hypertextualité tout en ajoutant un aspect plus théâtral à l'ensemble, dont Craven fait particulièrement bon usage pour ses séquences de tension - toujours diablement efficace.
Une scène du film Scream 2 - Alliance Vivafilm
01.
SCREAM (Frissons)
Wes Craven | 1996 | 111 minutes
Encore plus prévisible que le dénouement de Scream VI est la seule position que pouvait occuper le film original dans notre palmarès. Scream est une production dont tous les éléments fonctionnent encore à merveille, et ce, dès la désormais célèbre séquence d'ouverture pour laquelle Wes Craven et le scénariste Kevin Williamson ont repris l'excellent revirement du Psycho d'Alfred Hitchcock en éliminant dès le départ une de leurs têtes d'affiche. L'idée que les personnages abordent eux-mêmes la situation chaotique dans laquelle ils sont plongés comme s'ils faisaient partie d'un film d'horreur était assurément casse-gueule. Mais entre les mains d'un maître comme Craven, il en est ressorti un pur produit de son époque, mené avec intelligence et perspicacité, et ne lésinant jamais sur l'humour déjanté, les effets gore, les performances délicieusement exagérées et le côté maladroit d'un tueur ne voyant définitivement pas toujours clair à travers son masque. Le tout en se jouant continuellement de la prévisibilité et des mécanismes de son scénario pour décupler le plaisir primaire que peut - et doit - procurer ce type de divertissements.
Une scène du film Scream - Alliance Vivafilm