Dire qu'il y en a eu pour tous les goûts en 2024 est un euphémisme.
Mais en dressant un traditionnel bilan de la dernière année cinématographique, nous réalisons que pratiquement tous les genres ont connu leur moment de gloire à un instant ou un autre au cours des douze derniers mois.
Et il est définitivement toujours agréable d'arriver avec un palmarès éclectique, pouvant aller d'un extrême à l'autre, du charme exaltant de Robot Dreams à l'horreur grotesque de The Substance, du souffle épique de Dune: Part Two aux drames humains de Sing Sing.
Voici les 10 longs métrages qui ont le plus marqué l'auteur de ces lignes en 2024...
« Comédie dramatique aussi crue et étourdissante que désopilante, Anora plante le dernier clou dans le cercueil de ce que certains appelaient encore un conte de fées... »
La plus récente Palme d'or s'est révélée être une aventure en deux temps, entre l'anti-conte de fée nourri à la luxure, l'alcool et les substances illicites que tendent à nous faire désirer les réseaux sociaux, et un dur retour à la réalité propulsé par un souffle comique aussi inattendu que survolté. Surtout, Anora est le film d'une jeune Mikey Madison totalement investie et imprévisible.
« Un film simple, mais jamais simpliste, beau et apaisant, mais jamais mielleux, mené avec toute la délicatesse et la sincérité voulues par l'une de nos meilleures cinéastes. »
Une oeuvre idéaliste livrée d'une manière tout ce qu'il y a de plus authentique par l'une de nos meilleures cinéastes.
CHALLENGERS de Luca Gaudagnino
« Volontairement maniéré, complètement assumé, sexy, inventif et percutant, le drame psychologique s'avère une réussite à presque tous les niveaux. » - Elisabeth Lepage-Boily
Porté par la trépidante bande originale de Trent Reznor et Atticus Ross, Challengers est un drame sportif et psychologique livré à fond de train, nous balançant dans tous les sens entre le court de tennis et les coulisses d'un triangle amoureux que l'on ne saurait imaginer plus toxique.
« Civil War est politique, car il évite justement de faire de la politique... »
Alex Garland savait pertinemment ce qu'il faisait en plongeant les États-Unis dans une guerre civilie fictive quelques mois avant la tenue d'une élection présidentielle, et à un moment où la société américaine est de plus en plus divisée et anxieuse, et paraît toujours à cran. L'objectif ici n'est pas de nous faire choisir un camp, mais de nous donner un petit aperçu de ce qui peut se produire lorsqu'un baril de poudre n'est pas à l'abri d'une étincelle.
DUNE: PART TWO de Denis Villeneuve
« Une production menée de manière aussi passionnée et clairvoyante que patiente et méthodique, se déployant à travers les bases d'un univers parfaitement défini, et des images à couper le souffle. »
Denis Villeneuve signe ici son meilleur film en carrère. Une oeuvre de science-fiction dense et mature qui, espérons-le, saura paver la voie pour un redressement on ne peut plus urgent des standards de qualité des grandes productions hollywoodiennes.
HIS THREE DAUGHTERS d'Azazel Jacobs
« À travers son récit sur la fratrie, les liens filiaux, la maladie et le deuil, Azazel Jacobs trouve le parfait équilibre entre retenue et émotions à fleur de peau, traitement frontal et discrétion. »
Un film d'actrices à voir et à revoir, ne serait-ce que pour les performances éblouissantes de Natasha Lyonne, Carrie Coon et Elizabeth Olsen.
« Bref, Nosferatu est un parfait exemple de rigueur et de maniérisme extrêmes dans les moindres aspects de sa mise en scène, de son écriture, de ses dialogues et de son interprétation. »
Du grand cinéma d'horreur gothique comme nous n'en voyons que trop peu ces jours-ci, exécuté de main de maître par l'un des cinéastes contemporains les plus rigoureux et fascinants qui soit.
« Un formidable film sur l'amitié qui ne nous amène jamais là où on l'attend, et qui a l'intelligence et la sensibilité nécessaire pour nous montrer comment la vie peut suivre son cours, nous mener à la rencontre de plusieurs individus, pour un long ou un court moment, sans que le tout ne diminue forcément la place qu'occupent les êtres qui nous sont le plus cher dans notre coeur. »
Mon film préféré de la dernière année. Avec tout ce qui se passe à l'écran comme dans le monde réel, le superbe film de Pablo Berger est arrivé comme une bouffée d'air frais aussi lumineuse qu'émouvante dans laquelle il fait bon de se perdre pendant un peu plus de 100 minutes.
« À la fin de l'année, Sing Sing ressortira assurément comme l'un des drames les plus beaux, prenants et maîtrisés de 2024. »
C'est confirmé. Un drame carcéral complètement orienté vers l'expérience humaine avec un grand H, dans tout ce qu'elle a de plus pure, imprévisible et imparfaite. Le tout guidé par le flair des comédiens non-professionnels, et la performance magistrale de Colman Domingo.
THE SUBSTANCE de Coralie Fargeat
« Si David Cronenberg avait décidé de faire un remake de Requiem For a Dream, cela aurait sans doute ressemblé à The Substance. » - Martin Gignac
Mon estimé collègue n'aurait pu mieux résumer cette expérience à la fois brutale, grotesque, contradictoire, visuellement époustouflante, malaisante, horrifiante, pompeuse et désopilante, s'attaquant avec toute la délicatesse d'un bulldozer au « male gaze », à la pression sociale avec laquelle doivent composer les femmes, et au culte de la beauté, de la jeunesse et de la célébrité. Demi Moore et Margaret Qualley se donnent corps et âme dans une charge face à laquelle personne ne peut demeurer indifférent.