L'année 2024 s'annonce déjà prometteuse en terme de cinéma québécois, notamment grâce à la sortie du film La petite et le vieux, adaptation du roman du même nom de Marie-René Lavoie paru en 2010. L'histoire se déroule dans les années 1980 dans Limoilou, quartier de la ville de Québec, alors qu'Hélène, une enfant de huit ans qui aimerait déjà en avoir dix, rêve de sauver son père de la dépression. Elle se lie alors d'amitié avec Monsieur Roger, vieil alcoolique sympathique du voisinage. Nous avons rencontré Vincent-Guillaume Otis, l'une des têtes d'affiche du film.
Voyez d'ailleurs notre entrevue vidéo avec Vincent-Guillaume Otis et Gildor Roy plus bas dans la page.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre personnage?
Je joue le personnage du père. Dans le scénario, c'est vraiment écrit « le père ». Son vrai nom est Marcel Dallaire. C'est pas son histoire en tant que tel, mais elle est quand même importante, parce que c'est l'élément déclencheur de la quête de la petite. C'est un professeur de français au secondaire qui a une famille de quatre petites filles. Il aime bien sa vie, mais il aurait voulu être romancier et, pour plein de raisons, il a laissé ça de côté. Il est dans une période de sa vie où il sombre un peu dans la dépression, et ce n'est pas facile pour lui. Ça fait en sorte qu'Hélène, sa fille, va entrer dans une série de petites aventures qui vont la faire grandir, prendre en charge son propre destin au lieu de changer celui des autres. C'est un personnage particulier parce que je joue ce que la petite pense de ce que je suis, en fait. C'est le regard magnifié d'un enfant, et ça va lui donner de l'eau à son moulin.
Qu'est-ce qui vous a fait accepter le rôle?
Beaucoup de raisons! La première est que c'est un petit grand film, une petite histoire, mais une grande histoire en même temps. C'est très spécifique à une personne, mais on peut tous se retrouver là-dedans. C'est un film qui est rempli de belle nostalgie aussi, au sens que c'est une époque, les années 1980, donc on se retrouve nous-mêmes dans l'espèce de rêve d'enfant et de ce qu'on était quand on était jeune. Quand tu as neuf ans, ta conception du monde n'est pas la même que quand tu es plus vieux et c'est très bien comme ça, c'est à ce moment que tu développes tout ton imaginaire, ça m'a beaucoup charmé. Le fait de travailler avec Patrice Sauvé aussi, avec qui je n'avais jamais travaillé. On a eu plein de rendez-vous manqués, et ce projet est arrivé à un moment où j'étais un peu en pause dans ma carrière. Après District 31 j'ai décidé de jouer au théâtre pour me reposer. La petite et le vieux est arrivé et il s'inscrivait bien dans ce processus-là de ressourcement pour moi. Aussi, j'ai à peu près le même âge que Marie-Renée Lavoie, l'autrice du roman, on est nés dans le même quartier, et dans le scénario tout ce qui était écrit je le retrouvais dans ma vie. Ce projet-là me ramène donc encore plus aux sources, à ce que j'étais. J'ai commencé à apprendre mon métier dans les ruelles de Limoilou donc c'est spécial de revenir à ça.
Quel est pour vous le grand défi d'interprétation de ce personnage?
C'est un personnage qui est peu loquace, qui est très intérieur. Il faut montrer beaucoup en faisant très peu et jouer l'image magnifiée du regard de quelqu'un qui est un enfant de neuf ans. C'est particulier et c'est très intéressant. Je joue ce qu'elle va concevoir que je suis. Probablement que si c'était plus réaliste, ce ne serait pas la même chose. Après, faire des films d'époque, c'est tellement merveilleux, on est dans un environnement qui fait la moitié du travail, ça aide beaucoup.
Distribution du film La petite et le vieux - Cinoche.com / Paul CôtéC'est comment de retrouver Gildor Roy, interprète du « vieux », avec qui vous avez travaillé à plusieurs reprises au cours de votre carrière?
Gildor, c'est sûr que c'est une idole, c'est quelqu'un de qui j'ai beaucoup appris, c'est un mentor, mais c'est surtout un partenaire de jeu extraordinaire. On s'est retrouvés quelques fois, il était là quand j'ai fait mon premier film, Babine. C'est quelqu'un avec qui je me retrouve chaque fois d'égal à égal, et ce n'est pas parce que je me rabaisse ou que lui s'élève, mais il est comme ça, malgré son expérience. Il y a un rapport extrêmement concret avec lui, et j'apprécie cela parce que j'aime jouer avec mes partenaires. Avec Gildor et les 14 500 scènes qu'on a jouées ensemble, il n'y jamais eu un moment où on a été sur le pilote automatique. Avec son expérience, il pourrait être blasé, mais c'est loin d'être le cas. Il embarque dans les projets, et moi j'aime travailler.
Qu'est-ce que vous préférez dans le fait de donner la réplique à la jeune recrue, Juliette Bharucha?
J'adore tourner avec des enfants, parce qu'ils découvrent ça et sont beaucoup dans le moment présent. Ça fait en sorte qu'en même temps d'avoir un rôle d'accompagnateur, on est obligé de revenir à l'essentiel du jeu. C'est très technique, le jeu et le cinéma, mais avec elle il faut être dans la situation. J'adore les enfants, j'en ai moi-même et mon enfance a été une des plus belles périodes de ma vie. J'aime l'humour, la conception de la vie, la liberté d'imaginaire, ça apporte une certaine fraîcheur, ils n'ont pas d'a priori ni d'appréhensions. Ils arrivent sur le plateau et ils découvrent. Je trouve ça beau, parce que ça nous rappelle qu'on est chanceux, que c'est le plus beau métier du monde. Mais elle me rappelle aussi que ce n'est pas facile de tourner. On tourne la nuit, on a des longues journées, ce n'est pas seulement aller dans des galas et sur les tapis rouges. L'image qu'on a de ce métier-là, c'est le glamour, la vie des gens riches et célèbres, mais c'est un travail et ce n'est pas toujours rose. Elle découvre cette facette-là aussi : tourner à 4 h du matin et jouer comme s'il était 16 h alors que t'as déjà 12 heures de travail dans le corps.
En plus de Vincent-Guillaume Otis, Gildor Roy et Juliette Bharucha, la distribution de La petite et le vieux comprend Marilyne Castonguay, Gabrielle B. Thuot et Mia Drolet. La sortie en salles est prévue pour 2024.