Le long métrage d'animation québécois La légende du papillon prend l'affiche ce vendredi 13 octobre, et s'inscrit dans une année faste pour le cinéma d'ici, et en particulier pour les films pour enfants « made in Québec ».
Plus tôt cette année, nous avions déjà eu droit à Katak, le brave béluga, Coco Ferme, premier d'une nouvelle série de Contes pour tous, et Toupie et Binou, le film.
Pour ce qui est du long métrage de Sophie Roy, celui-ci a été traduit en 39 langues jusqu'à maintenant, et une série télévisée dérivée est également en recherche de financement à l'heure actuelle.
Pour la principale intéressée, l'animation est un genre dans lequel les instances doivent continuer d'investir, car il a le potentiel de devenir l'un de nos médiums les plus exportables à l'international.
« C'est dispendieux, faire de l'animation, mais il faut continuer à dire que c'est de l'argent bien dépensé. Nos projets rayonnent à travers la planète. On parle de nos monarques d'ici. C'est une fierté qu'on exporte à travers le monde. Il n'y a pas un autre genre qui peut faire ça », soutient la réalisatrice.
Une scène du film La légende du papillon - Maison 4:3
Dans la version française de La légende du papillon, les différents personnages s'expriment d'ailleurs avec un accent québécois, et non dans un « français international ». Un détail auquel tenaient autant les interprètes que l'équipe de production.
« Pour un projet fait ici, c'est quelque chose d'amusant pour les enfants et le public de s'entendre au grand écran, et de voir des histoires qui leur ressemblent, comme ils l'avaient fait avec La guerre des tuques. C'est une partie de notre culture et de notre histoire », explique la comédienne Catherine Brunet, qui prête sa voix à l'intrépide Geneviève.
« Je trouve que les enfants ont tendance à être oubliés. Il y a de moins en moins de séries qui se font pour enfants, il y a des postes de télé qui ferment qui étaient destinés aux jeunes... Comment peut-on faire perdurer la culture si on n'intéresse pas les jeunes? On parle beaucoup de la langue et de la culture comme des enjeux très importants, mais si les jeunes ne sont plus du tout interpellés, ils vont se tourner vers du contenu fait ailleurs », enchérit Ludivine Reding, une habituée du doublage qui campe ici Lily, la meilleure amie de Geneviève.
Les deux comédiennes abondent également dans le même sens en ce qui a trait au développement du marché de la production pour enfants. En particulier dans un milieu où les artistes n'hésitent plus à séparer leur carrière entre les projets destinés aux plus jeunes, et ceux s'adressant à un public plus âgé.
Catherine Brunet rappelle néanmoins que nous revenons de loin à cet égard, alors que le milieu de la production jeunesse a été pendant longtemps regardé de haut par plusieurs.
« Tant mieux si les gens réalisent que ce n'est pas un sous-emploi faire des shows et des films jeunesse. C'est aussi important, sinon plus, dans le développement d'une personne », affirme-t-elle.
Une scène du film La légende du papillon - Maison 4:3
Cette réalité facilite évidemment le travail d'une créatrice comme Sophie Roy, qui a désormais accès à un plus large éventail d'interprètes pour ses projets. Antoine Desrochers, Sophie Cadieux, Julie Le Breton et Fayolle Jean Jr. figurent également au générique de La légende du papillon.
« Je suis vraiment enchantée, je trouve ça formidable. Enfin on reconnaît le cinéma pour enfants comme étant du vrai cinéma. Ce n'est pas quelque chose de bas de gamme et facile. Quand j'ai commencé, on pensait que c'était un chemin par lequel on graduait avant de faire du ''vrai'' cinéma. Là, on voit que c'est égal, et que c'est aussi important que toutes les autres formes de cinéma », explique la réalisatrice.
Les artisans québécois cherchent visiblement à faire les choses à leur manière, et à ne pas nécessairement imiter le marché américain, qui prend beaucoup de place, mais qui cherche généralement à faire d'une pierre deux coups en s'adressant autant aux enfants qu'aux adultes.
Le cinéma pour enfants québécois peut s'imposer en mettant justement de l'avant un rythme plus posé, et en plaçant l'enfant au sommet de ses priorités.
« Ce que je ne voulais pas, c'est qu'on parle tout le temps comme dans les films américains. Pour moi, c'est trop d'informations et on pense au prochain punch. Ce n'est pas ça, mon film. Il y a de l'humour et on a du plaisir, mais je voulais que les décors parlent, que l'aventure parle, et que tous les lieux disent quelque chose. Je ne voulais pas que tu sortes de là en ne sachant pas c'est quoi l'histoire. Les objectifs sont différents », souligne Sophie Roy.
La légende du papillon est présentement à l'affiche partout au Québec.