Le mariage, cette journée magique concrétisant l'amour immuable entre deux tourtereaux, a été maintes et maintes fois illustré au grand écran. En utilisant toujours (ou presque) une perspective humoristique, les Américains s'en sont donné à coeur joie sur cette célébration matrimoniale. Un film s'ajoute cette semaine à cette longue liste de productions empruntant le mariage comme assise; The Big Wedding. À l'instar de toutes les autres, la comédie sentimentale de Justin Zackham s'embourbe dans un amoncellement d'imbroglios et d'infortunes cocasses.
Comme cette journée (et même les mois précédents) en est une stressante et complexe en terme d'organisation, les choses propices à mal tourner sont nombreuses et le cinéma en a profité - et en profite toujours - pour la tourner en dérision. Le choix de la robe de mariée, celui du traiteur, de l'emplacement, des demoiselles et des garçons d'honneur, des faire-part, des musiciens; la liste est longue et les possibilités, infinies. Mais l'un des phénomènes les plus exploités dans ces films est, sans contredit, la rencontre entre les familles du marié et de son épouse. Father of the Bride (l'original de 1950 ou la nouvelle version de 1991 avec Steve Martin) exploitait ce filon, suivi par You Again, Jumping the Broom, Our Family Wedding et, évidemment, le tout récent The Big Wedding, pour ne nommer que ceux-là. Plus les familles sont incompatibles, plus le potentiel comique est grand...
Mais, pour le septième art, le mariage n'est pas qu'un engrenage humoristique, il est aussi l'incarnation du conte de fées, le moyen de faire rêver les femmes, de leur permettre de croire qu'elles seront un jour, pour un bref moment, la princesse qu'on leur a indirectement promis, enfant, qu'elles deviendraient. Des films comme My Best Friend's Wedding, qui dépeint les aventures d'une femme qui décide de briser le mariage de son meilleur ami parce qu'elle en est amoureuse, ou The Wedding Planner, une organisatrice de mariage qui tombe amoureuse de l'un de ses clients, sont de bons exemples de cet intérêt romantique. Runaway Bride, mettant en scène le célèbre duo Julia Roberts et Richard Gere, avait aussi cette volonté de séduction, tout comme The Wedding Date et Mamma Mia!, qui est parvenu à ensorceler la gent féminine avec ses rythmes populaires.
Malgré tous ces beaux scénarios shootés à l'eau de rose, il faut tout de même avouer que l'on pardonne beaucoup à la femme dans les films de mariage. Qu'elle détruise les épousailles de son meilleur ami (My Best Friend's Wedding), qu'elle couche avec le marié (The Wedding Date), qu'elle abandonne son soupirant pour un autre (The Wedding Singer, Made of Honor), qu'elle vole le promis à l'une de ses clientes (The Wedding Planner), qu'elle s'engage dans une vendetta contre sa meilleure amie (Bride Wars); tous les coups sont permis pour l'atteinte de l'amour avec un grand A. C'est cette toute-puissance qu'inculque le mariage, cette institution suprême qui ne répond à aucune valeur autre que l'amour, le vrai.
Ces films commémorant l'union matrimoniale sont aussi populaires qu'ils l'étaient jadis, mais ils ont pris une tangente différente au terme du XXe siècle. Ces oeuvres ne sont plus l'encensement de la princesse comme elles l'ont déjà été, mais plutôt l'occasion de se moquer d'elles-mêmes. La demoiselle d'honneur a pris la vedette aux dépens de la mariée pour brosser un portrait différent, moins guindé, de cette célébration.
Bridesmaids, qui a fait un tabac lors de sa sortie dans les cinémas à l'été 2011 (288 millions $ dans le monde), est un exemple parfait de cette nouvelle tendance; des femmes qui s'éclatent, qui vomissent dans des lavabos et qui défient les limites du bon goût. Apatow et ses « nouvelles » comédies vulgaires se sont aussi attaqués à cette institution qu'étaient les films de mariages. Bachelorette a utilisé le même principe (mais devait être bien moins bon puisqu'il n'a jamais eu la chance de se rendre jusqu'au grand écran). 27 Dresses, moins grossier, utilisait aussi la demoiselle d'honneur comme filon narratif.
Les garçons d'honneur ont aussi eu leur moment de gloire avec le non moins populaire The Hangover. Dans cette comédie de Todd Phillips - devenu une franchise lucrative et dont le dernier chapitre prendra l'affiche cet été -, quatre amis vont jusqu'à Las Vegas dans le but de célébrer l'enterrement de vie de garçon de l'un d'eux. Malheureusement, la fête déraille et le marié a disparu au matin. Les trois fanfarons doivent donc retrouver leur copain avant que les cloches ne sonnent. The Hangover et The Hangover Part II, qui prennent tous deux le mariage comme point d'ancrage, ont cumulé conjointement 531 millions $, seulement en Amérique du Nord. Wedding Crashers avec sa fougue et son excès avait aussi beaucoup plu au public lors de sa sortie au milieu des années 2000.
Les films de mariage, qui se déroulent presque entièrement avant la cérémonie ou pendant, sont généralement des comédies. Comme on l'a dit, ces organisations fastidieuses laissent place à des chassés-croisés désopilants, mais bien peu de ces films parlent de l'« après ». Au cinéma le mariage est un aboutissement, un but ultime, alors que dans la vraie vie, c'est bien davantage un commencement. Si dans les yeux du septième art le mariage est une comédie, la suite est bien souvent perçue comme un drame. Peut-être pas la fin du monde, comme le propose le troublant Melancholia de Lars von Trier, mais la fin de quelque chose. La fin de la recherche? De l'anticipation? De l'amour?