Nous ne sommes plus étonnés aujourd'hui de voir des classiques, tant d'animation que d'action réelle, comme l'est d'ailleurs Star Wars, faire un retour en grande pompe sur les écrans de cinéma. Mené par Toy Story et Toy Story 2, qui étaient offerts en programme double avant la parution du troisième chapitre, les ressorties ont su se tisser une place impressionnante au sein de la programmation originale. Le but fondamental de ce « nouveau » concept (qui n'est pas révolutionnaire; Gone with the Wind a fait l'objet de plusieurs ressorties à travers les décennies) n'en est certes pas un artistique ou créatif. Le profit est évidemment l'objectif premier, et ce même si on tente de se cacher sous des excuses de remasterisation et de trois dimensions.
La raison pour laquelle les studios n'ont pas utilisé à outrance, avant aujourd'hui, ce principe de ressortie extrêmement rentable est fort simple : la fabrication d'une bobine 35 mm coûte en moyenne 10 fois plus cher à produire que la distribution sous format numérique. Maintenant que les cinémas sont presque tous équipés avec des appareils numériques et que la plupart des films sont acheminés par satellite ou via des réseaux de télécommunication, l'accessibilité à l'information est maintenant beaucoup plus malléable et économique.
De concert avec cette nouvelle ère numérique, vient la 3D; le chouchou contemporain d'Hollywood. Il ne s'agit pas d'un nouveau jouet à proprement parler puisque depuis ses origines, bien avant l'apparition de la couleur, le cinéma a exploité la stéréoscopie; une technique donnant l'impression du relief dans des images à deux dimensions. Mais, avec l'émergence du numérique, la stéréoscopie, comme bien d'autres composantes, est devenue monnaie courante. Les vieux films, endormis depuis des lunes dans les voûtes des studios, connaissent maintenant une nouvelle éclosion grâce à cette dernière.
Même si James Cameron soutient que la nouvelle version de son chef-d'oeuvre Titanic impressionnera par ses qualités tridimensionnelles encore là inégalées (nous lui laissons le bénéfice du doute puisqu'il a su nous prouver ses habiletés en ce domaine avec Avatar), certaines productions - principalement les oeuvres d'animation de Disney - ont déçu leur public en vendant des qualités stéréoscopiques inexistantes. Bien que le studio de Mickey Mouse précise en ouverture de ses films qu'il s’agit d'un 3D en images reliefs, cela n'excuse pas la quasi absence de profondeur dans la plupart des scènes. Il est bien sûr compréhensible qu'un film d'animation produit en 1990 avec les dispositions de l'époque et les procédés de l'époque ne puisse pas donner un résultat aussi impressionnant qu'une oeuvre initialement créée par ordinateur, mais puisque le 3D de Toy Story 3, fabriqué avec les technologies évoluées du 21e siècle, ne donnait pas un produit bien plus méritoire, nous sommes en droit de questionner les limites de la technologie et la volonté des artisans.
Malgré ses ambitions mercantiles, ses aptitudes stéréoscopiques limitées et son contenu recyclé, la ressortie parvient inévitablement à toucher une corde sensible chez son auditoire, vu les chiffres impressionnants de certaines oeuvres. Le programme double de Toy Story avait récolté un maigre 30 millions $ lors de sa sortie le 9 octobre 2009, mais Disney ne s'est pas laissé décourager et a décidé de ressortir (deux ans plus tard tout de même) l'un de ses plus grands succès d'animation, The Lion King. Ce film a connu un succès tel - 94 millions $ en Amérique du Nord - que le studio a annoncé la parution de plusieurs autres titres en 3D, soit Finding Nemo, Monsters, Inc. et The Little Mermaid. Beauty and the Beast 3D, qui a pris l'affiche le 13 janvier dernier, a cumulé quant à lui 44 millions $, un total respectable considérant qu'il s'agit d'une oeuvre datant du début des années 90.
En plus de nombreux classiques de Disney qui risquent tous d'y passer les uns après les autres, on verra réapparaître sur nos écrans le mercredi 4 avril prochain le drame Titanic, récipiendaire de onze Oscars et considéré par plusieurs comme l'un des meilleurs films de tous les temps, dans une nouvelle version 3D, spécialement conçue par son réalisateur émérite.