Depuis quelques années, les princesses au cinéma ne sont plus ce qu'elles étaient... Alors qu'au vingtième siècle, les héritières du trône - principalement dans les films d'animation - étaient dépeintes comme des femmes magnifiques et fragiles qui attendaient patiemment qu'un prince vienne les sauver d'une mort certaine ou d'une situation difficile, celles de notre époque sont beaucoup plus entreprenantes et culottées que leurs ancêtres. Cette semaine, le nouveau film d'animation de la compagnie Pixar fait son apparition sur nos écrans. L'héroïne de Brave est une princesse, certes, mais surtout une jeune femme dégourdie qui refuse les traditions de son royaume qui veulent qu'un concours d'habileté détermine son futur époux. La rouquine est d'ailleurs bien plus habile et intrépide que ces lourdauds qui se présentent devant elle pour demander sa main.
Évidemment, d'emblée, on assume que ces personnages féminins forts, ces modèles de vaillance et de courage, sont un exemple profitable pour nos jeunes filles - et nous n'avons probablement pas tort - mais n'y a-t-il pas une limite à la témérité de ces paradigmes et à leur influence? Qu'est ce qui est malsain dans le fait de montrer une princesse qui a besoin des autres pour avancer?
Il aura fallu l'ogre Shrek pour changer nos perceptions et nos a priori sur les princesses dans les oeuvres d'animation. Fiona, qui attendait pourtant patiemment dans une haute tour d'un château gardé par un dragon qu'un prince vienne la délivrer, s'est révélée être beaucoup plus impétueuse et valeureuse que la plupart des princes rédempteurs (ici, c'est même Charmant, le prince en question, qui était dépeint comme le plus fluet). Fiona, quicombattait les méchants avec des prises de karaté et une fougue bouillante et contagieuse, en a inspiré plus d'un en chemin. Dans les années qui ont suivi, Disney nous a introduit une princesse de la Nouvelle-Orléans venant d'un milieu humble qui jonglait avec plusieurs emplois pour tenter d'amasser suffisamment d'argent pour se payer un restaurant dans The Princess and the Frog ainsi qu'une Raiponce nouveau genre qui piégeait les méchants avec sa longue chevelure plutôt que d'attendre qu'un prince s'y accroche pour venir la délivrer.
Il est évident qu'on veut donner des références différentes aux jeunes filles pour leur prouver que la femme est l'égale (sinon supérieure, si on en croit certaines productions démesurées) de l'homme, mais parfois, on s'y prend mal. C'est devenu la mode ces temps-si de reprendre un conte populaire pour en faire une version contemporaine et revisitée. Les deux nouvelles moutures de Blanche-Neige, en à peine trois mois, en sont un bon exemple. Même si l'image de Kristen Stewart dans Snow White and the Huntsman en attirail de combat nous donne l'impression d'une héroïne aguerrie, le message général, le sous-texte, de l'oeuvre est tout autre. Mis à part son armure (qui lui donne l'air d'une adepte du sadomasochisme) et ses désirs de rébellion dans les dernières minutes de la production, le personnage est plutôt fade et très peu inspirant. Les premiers deux-tiers de l'oeuvre nous présentent une adolescente fragile qui désire s'échapper de la forteresse où son affreuse belle-mère l'a retenue prisonnière et, bien qu'à la fin, après qu'elle ait été réveillée par le baiser de son prince, on nous laisse croire à une justicière qui enfourche son destrier pour reprendre son trône, elle reste une adolescente fragile qui a besoin des autres pour défier ses ennemis. Elle ne sait pas davantage se battre qu'au début du film et dispose d'une arme bien peu convaincante; sa beauté, la seule chose qui peut vaincre la Reine. Fillettes; voyez, la beauté est la réponse (?!).
Tant qu'à développer des protagonistes faussement fortes et pompées aux stéroïdes, il est préférable d'imaginer des caricatures attachantes comme Giselle, dans Enchanted, qui se retrouve soudainement à New York dans notre monde et qui cherche désespérément ses repères de conte de fées; ses animaux parlants, ses intarissables mélodies et son prince charmant. Bien que cette héroïne possède toutes les mauvaises habitudes des princesses habituelles et ne se bat pas à l'épée ou ne tire par à l'arc, elle réussit à livrer un message d'amour et de candeur qui est tout aussi profitable à entendre pour des jeunes filles que celui de l'art du combat.
Ce n'est pas pour demain qu'Hollywood abandonnera sa noble tentative d'instaurer des figures féminines plus athlétiques et/ou plus déterminées. Les princesses s'engagent dans un mouvement féministe qui pourrait bien les amener à brûler les soutiens-gorge et à troquer leurs robes bouffantes pour des vêtements de sport. Il suffit seulement de connaître les limites de la démarche pour ne pas obtenir l'effet contraire et brosser un portrait incongru de la femme forte, la femme modèle et nous retrouver avec des idéaux difficilement atteignables et plus ou moins adéquats. Il ne suffit pas de donner une armure à une princesse pour qu'elle devienne un chevalier...