Les comédies musicales (le terme « comédie » doit être pris au sens large puisque les thématiques exploitées sont souvent tragiques et déchirantes) ont toujours été d'une importance capitale au sein de la cinématographie américaine (et même étrangère). Chaque génération a ses classiques musicaux et chaque génération en imagine de nouveaux pour ses prédécesseurs. Cette semaine, le film Rock of Ages a pris l'affiche dans nos cinémas. Cette comédie musicale, réalisée par Adam Shankman, raconte l'histoire d'une jeune femme et d'un jeune homme qui rêvent d'Hollywood et tombent amoureux l'un de l'autre sur des airs des années 80, des classiques de groupes comme Night Ranger, Twisted Sister, Poison, Asia et Journey. Le long métrage a bénéficié d'une campagne publicitaire colossale qui accroche l'oreille et l'oeil d'une manière particulièrement efficace (personnellement, j'ai Rock You Like a Hurricane dans la tête depuis une semaine et demie).
L'un des plus grands classiques du cinéma américain, The Wizard of Oz, fait d'ailleurs partie de cette catégorie de films. On ne peut non plus passer sous silence les Singin' in the Rain, West Side Story, Mary Poppins, The Sound of Music et Saturday Night Fever de ce monde qui ont tous marqué la cinématographie états-unienne de belle façon. La plupart d'entre eux ont d'ailleurs été récompensés par la plus haute distinction de l'industrie; un Oscar. West Side Story (inspiré de Romeo and Juliet de William Shakespeare) a remporté dix statuettes, Mary Poppins et The Sound of Music en ont obtenu cinq alors que The Wizard of Oz en a cumulé deux. Encore aujourd'hui, la comédie musicale est un genre supporté par l'Academy qui a, dans les dernières années, conféré deux trophées à Moulin Rouge!, six à Chicago et quatre nominations à Nine (qui fut pourtant détruit par la critique).
La comédie musicale a connu son âge d'or dans les années 30 à 60, à un moment où le western était un genre de prédilection dans les salles. Bien que les cowboys aient perdu périodiquement l'intérêt du public (même si on sent un regain du style depuis quelques années), les chanteurs et danseurs des comédies musicales ont toujours su conquérir leur public et rester au sommet des chartes. Il faut dire que la musique est un appât efficace pour un public qui consomme le cinéma comme un divertissement, une distraction face à ses problèmes et ses angoisses quotidiennes. Quoi de mieux que des personnages colorés qui chantent leur désarroi pour oublier le nôtre? D'autant que la plupart de ces productions sont inspirées de pièces de théâtre présentées sur Broadway pendant plusieurs années et qui ont fait leurs preuves auprès du public en construisant un univers rigoureux et inventif. Le cinéma, en plus de leur offrir une portée plus grande en termes d'auditoire potentiel, donne la chance aux situations de se développer dans des lieux moins cloisonnés que le sont les décors scéniques.
La majesté d'une comédie musicale, ses chorégraphies souvent complexes (beaucoup de danseurs, parfois même plusieurs acrobates), ses rythmes populaires (certaines récupèrent de vieux classiques alors que d'autres en créent) et son visuel toujours soigné et adapté à l'univers narratif participent à sa distinction et à son intérêt particulier. Qu'on soit dans le drame, dans la comédie pure et dure ou dans le fantastique, il existe dans ce genre de films un caractère grandiose qui parvient à séduire autant professionnels que cinéphiles. Mais évidemment, il faut d'abord accepter les prémisses loufoques (il n'est pas commun de voir des gens se mettre à chanter au beau milieu d'une phrase) pour l'apprécier à sa juste valeur. Bien que les comédies musicales ne parlent pas directement aux femmes, c'est principalement le public qu'elles touchent. Des paillettes, des froufrous, des accoutrements excentriques et autres artifices sont rarement le genre d'arguments qui convainc le public masculin de s'entasser dans les salles...
Bien qu'elles ne fracassent jamais des records de popularité incroyables, les comédies musicales ont l'habitude d'entrer dans leur argent et de rester dans les mémoires plus longtemps que dans les salles. Depuis la venue du cinéma parlant, elles ont su se tisser une place importante et attirer suffisamment l'attention de la masse pour ne pas décliner lentement et s'éteindre. Ce genre cinématographique est là pour rester. Prochaine comédie musicale en liste aux Oscars : Les Misérables de Tom Hooper.