Beaucoup d'encre a coulé (autant réelle que virtuelle) concernant le plus récent film du réalisateur canadien James Cameron, Avatar. Suite à la (re)sortie en salles du film en « édition spéciale » avec un peu plus de 8 minutes ajoutées, le jeu en vaut-il vraiment la chandelle?
George Lucas avait ajouté, lors de la re-sortie des épisodes IV à VI de la série Star Wars à la fin des années 90, de nouvelles séquences qui, à l'image de celles d'Avatar, existent principalement pour aiguiller le spectateur sur certains nouveaux détails. Dans le cas de Lucas, les films originaux ont été allongés pour démontrer de nouveaux moyens technologiques. En ce qui concerne les raisons de Cameron pour ajouter quelques scènes à un film qui s'étendait sur plus de 160 minutes, il est bien difficile de ne pas y voir une tentative pour attirer les cinéphiles une nouvelle fois en salle.
Avatar a fracassé plusieurs records au box-office avec plus de 750 millions $ en Amérique du Nord et 2,7 milliards $ dans le monde, sans oublier que le film est resté au sommet du box-office pendant sept semaines. En fait, Avatar est devenu, au fil des mois, plus qu'un simple film, mais plutôt un évènement, une expérience cinématographique, quelque chose que tout le monde devait voir, tout simplement parce que : « Avatar? Faut que t'ailles voir ça voyons, c'est malade! ».
Dans cette « nouvelle » version du film, Cameron propose quelques scènes inédites qui révèlent et affinent certaines parties de l'histoire sans vraiment en changer l'issue. Il est évident par contre que là n'était pas le but de l'exercice, qui était plutôt de donner une légitimité à la resortie d'un film qui a déjà eu un succès considérable en salles mais qui aurait pu amasser beaucoup plus (tel que Cameron le précisait dans un communiqué de presse émis par Fox en juillet dernier).
Une des ces nouvelles séquences introduit la première expédition de Jake (dans le corps de son avatar) en compagnie de Grace, Trudy et Norm, alors qu'ils survolent Pandora. On peut alors y voir un troupeau de créatures jusqu'à présent inconnues. Quelques minutes plus tard, une scène se déroulant dans l'ancienne école de Grace donne certains détails intéressants concernant la fermeture de l'établissement.
Plus tard, lorsque Eytukan invite Jake à découvrir le mode de vie des Ometicayas, Neytiri lui révèle son nom complet dans la langue des Na‘vi. Une autre scène, remplie d'action, montre Jake qui chasse à dos de Banshee, cette créature présentée plus tôt. La scène la plus importante de cette version allongée demeure celle qui dépeint la mort de Tsu'tey, chef actuel du clan. Ce dernier demande à Jake de prendre les commandes de la tribu des Ometicayas.
La force de l'accomplissement du réalisateur ne réside pas dans le récit lui-même. Le scénario n'est pas particulièrement original et certains personnages sont fort stéréotypés. Cameron a su transposer des émotions humaines dans un visage animé par le biais d'une technologie appelée « emotion capture ». Le principe consiste à filmer avec une caméra numérique le visage de l'acteur alors que la scène est tournée. L'appareil capte ainsi les moindres mouvements du visage de l'acteur afin de transposer toute la finesse et la subtilité de son jeu dans le visage du personnage virtuel, dont le reste du corps est filmé avec la technologie du « motion capture ».
Plusieurs réalisateurs visionnaires tels que George Lucas et James Cameron ont propulsé le septième art vers de nouveaux horizons par leurs prouesses technologiques et l'utilisation d'images de synthèse. À titre d'exemple, citons les avancées instaurées par Lucas dans les années 70 avec les écrans bleus et les micros caméras (caméras minuscules avec une focale spécifique servant à filmer des modèles réduits) qui ont révolutionné la façon dont les effets spéciaux furent conçus dans les années 80 jusqu'au début des années 90. De son côté, Cameron a su profiter de l'évolution rapide en électronique et en informatique des dernières années pour développer, avec son partenaire Vince Pace, sa nouvelle caméra fusion 3D. Il faudra voir si Resident Evil: Afterlife, qui a utilisé le même système de caméras et qui prend l'affiche la semaine prochaine, sera suffisamment convaincant pour positionner cette technologie comme un nouveau standard de l'industrie.
Avatar : Édition spéciale, qui a été lancé le week-end dernier sur 812 écrans en Amérique du Nord, n'amène pas vraiment de choses nouvelles mais permettra aux fans de revoir le film, peut-être pour une dernière fois, sur grand écran et en 3D, format sur lequel le réalisateur a misé pour le succès de son film. Pour d'autres, ce sera peut-être l'occasion de découvrir pour la première fois un film et un réalisateur qui auront marqué l'histoire du cinéma. Une chose est certaine, tout aura été mis en oeuvre pour soutirer le maximum d'argent de ce succès populaire.
Le film a été relancé le week-end dernier sur 812 écrans en Amérique du Nord.
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