French Immersion, le premier long métrage à titre de réalisateur de Kevin Tierney, prendra l'affiche ce vendredi au Québec. Le producteur de Bon Cop, Bad Cop a longtemps cherché une histoire pour passer une première fois derrière la caméra. Pourquoi ce projet-ci était-il le bon? « C'est parce que j'ai participé à l'écriture. Originalement, j'avais engagé Jefferson Lewis pour écrire l'histoire, mais j'avais le désir de participer un peu plus que d'habitude. Je suis tombé en amour avec tous les personnages, je les connaissais, et je savais comment j'allais approcher l'histoire. »
Comment le réalisateur a-t-il convaincu le producteur? « C'était la partie la plus facile. Le producteur était tellement convaincu du génie du réalisateur qu'il n'a rien remis en question. C'est du talent cru. C'est les meilleures conditions pour travailler. Je suis aussi co-auteur, je joue un rôle aussi... C'est pour ça que je pense que je suis devenu le Xavier Dolan des gériatriques », poursuit-il, non sans humour.
Votre expérience vous a-t-elle permis d'éviter des erreurs? « Tellement d'erreurs! Surtout en préparation. Je savais, par mon expérience de producteur, que quand ça va mal, le tournage, c'est qu'on n'a pas pris le temps de se préparer comme il faut. Je ne parle pas seulement de la réalisation, mais de tous les départements. Si le casting n'est pas prêt, si surtout le scénario n'est pas prêt... c'est toujours une erreur. Quand on a commencé la préparation, on avait un scénario fini. »
Le film change tout de même sur le plateau, et même au montage. « Ça change à toutes les étapes, mais ça change surtout avec le casting. Mais j'ai un casting de rêve, à la hauteur de mes fantasmes. Il y a 24 comédiens, et je les ai tous choisis, je voulais travailler avec eux. On n'a pas fait de casting. Les 24 amènent leur richesse... comme réalisateur on a le choix d'aller dans la direction avec eux, ou d'essayer de les emmener dans une autre direction. Mais comme c'était des comédiens haut de gamme, ils venaient sur le plateau avec un personnage dans la tête. Par exemple, Rita Lafontaine, elle était complètement différente de ce que j'avais imaginé. Mais dès qu'elle a ouvert la bouche, elle était cent fois meilleure que ce j'avais en tête. »
« Pendant longtemps sur le plateau, c'était un miroir de l'histoire, parce qu'on avait une gang d'Anglophones qui ne comprenaient pas le français. C'était une révélation pour eux de voir comment on travaille ici, dans les deux langues. C'était comme leur camp d'été! »
Les acteurs anglophones travaillent-ils différemment? « Non. Les méthodes de travail sont très franches. Il n'y avait pas deux sortes de préparation, tout le monde est venu avec un esprit d'ouverture vis-à-vis l'autre. Qu'il travaille au cinéma, à la télévision ou au théâtre, un comédien est un comédien. C'est les mêmes fragilités, les mêmes forces. Ce sont des gens professionnels dans leur profession, qui travaillent sérieusement. »
« Au Canada anglais, il n'y a pas le même star-système, mais je suis allé chercher des comédiens connus à la télévision. Gavin Crawford est vraiment comme un Marc Labrèche au Canada anglais. »
Comme producteur, vous savez qu'un film québécois qui obtient un grand succès au box-office au Québec doit connaître du succès en région. « Tout à fait. J'espère que ça marchera comme ça. Mais je pense que ce film-là a le potentiel aussi d'atteindre une population sur l'île de Montréal que les films québécois, traditionnellement, n'atteignent pas. Il y a les anglophones, bien sûr, mais aussi les allophones, les immigrants, pour qui la vie, est une french immersion. C'est un phénomène très montréalais, très urbain, et c'est une des choses que je suis curieux de voir. »
TVA Films assure la distribution dans 44 salles du Québec.