La réalisatrice, scénariste et actrice Paule Baillargeon recevra le prix Jutra-hommage 2012 lors de la 14e Soirée des Jutra, qui se tiendra le 11 mars prochain. Elle succède à Jean Lapointe, récompensé l'an dernier, et rejoint un groupe sélect composé de René Malo, Fernand Dansereau, Jean-Claude Labrecque, Pierre Curzi, Marcel Sabourin, Frédérick Back, Gilles Carle, Anne Claire Poirier, Rock Demers, Richard Grégoire, Denise Filiatrault et Michel Brault.
Suivant une recommandation du Comité représentativité et programmation, constitué des représentants des associations professionnelles du milieu du cinéma québécois, le choix a été entériné par Québec Cinéma, l'organisme qui supervise pour une première fois la Soirée des Jutra.
En 2009, Paule Baillargeon a reçu le prix Albert- Tessier, une distinction accordée par le Gouvernement du Québec, et a été nommée récipiendaire d'une résidence de l'Office National du Film. Cette résidence, qui a mis à sa disposition es ressources de l'ONF pendant deux ans, a donné naissance au film Trente tableaux, qui prendra l'affiche au printemps prochain.
Il ne fait aucun doute que la diversité de votre activité de réalisatrice, scénariste et actrice a contribué à votre nomination. « J'imagine, oui. C'est sûr que ça ne peut pas être seulement pour les films que j'ai réalisés, parce que j'en ai pas fait suffisamment. Comme actrice j'en ai fait beaucoup, mais je n'en fais plus beaucoup depuis plusieurs années, donc il fallait vraiment que ce soit un mélange des deux je crois. »
Que retenez-vous des projets qui vous ont le plus tenu à coeur? « J'étais une rebelle. Ce n'est pas quelque chose qu'on choisit, on est comme ça, on s'oppose. C'était bien important pour moi. Dans beaucoup de films dans lesquels j'ai joué les gens sentaient cet aspect de moi. » Il faut dire qu'il y a trente ans, le cinéma était beaucoup plus libre. « Incroyablement plus libre. C'était les débuts du cinéma québécois, j'ai eu la chance d'y contribuer avec Gille Groulx, Denys Arcand, Anne Claire Poirier, Claude Jutra, j'ai eu beaucoup de chance. »
La résidence de l'ONF contribue-t-elle à retrouver une partie de cette liberté? « Oui, c'est le retour de la liberté, ça peut s'appeler comme ça. Avec ma productrice on a fonctionné comme je le souhaitais, c'est moi qui a tout décidé. J'ai eu une totale liberté pour faire ce film-là, et j'en suis très heureuse. » Vous avez fait la blague tout à l'heure, mais cet hommage ne signifie pas la fin de votre carrière? « J'espère que non. Je vais le savoir après si ça change quelque chose. Je ne sais pas si je vais avoir l'opportunité de le faire parce que bon, ça prend de l'argent, ça prend un producteur, ça prend l'appui des institutions, ça prend beaucoup de choses. J'envisage tout ça avec pas mal de sérénité. »