Avec Journal d'un cinéphile, Cinoche.com revisite périodiquement un film qui a marqué son époque, une production qui a divisé le public et/ou la critique, une oeuvre phare d'un artiste sur le point de proposer un nouveau projet, ou un long métrage qui nous avait filé entre les doigts au moment de sa sortie.
Aujourd'hui, nous nous penchons sur le cas de...
LOST IN TRANSLATION (Traduction infidèle)
Sofia Coppola | États-Unis | 2003 | 102 minutes
Sofia Coppola nous propose cette semaine le drame biographique Priscilla, un huitième long métrage dans lequel elle explore les dessous de sa relation hyper médiatisée entre Elvis et Priscilla Presley.
Pour marquer le coup, nous nous permettons de revenir vingt ans en arrière afin de revisiter son deuxième opus, Lost in Translation, question de voir si celui-ci tient toujours la route après avoir laissé une très forte impression sur nombre de cinéphiles au moment de sa sortie.
Le film a d'abord le mérite d'avoir fortement contribué à relancer la carrière de Bill Murray en lui offrant un autre superbe rôle dramatique, après ses deux premières collaborations avec Wes Anderson, et deux ans avant le Broken Flowers de Jim Jarmusch.
Et surtout, Lost in Translation a grandement contribué à élever Scarlett Johansson au rang de star mondiale.
L'une des plus grandes qualités de la mise en scène de Sofia Coppola, c'est que celle-ci semble se déployer sans effort. Mais en vérité, la réalisatrice fait preuve d'une méticulosité derrière la caméra allant bien au-delà de sa capacité à créer de superbes moments de solitude et de mélancolie urbaines, baignant dans les sonorités électroniques et shoegaze d'une bande originale de très haut niveau.
Certes, Lost in Translation est d'abord un film dans lequel il est agréable de se perdre tel un chat errant dans l'immensité de la ville de Tokyo, ébloui par les millions de lumières et l'effervescence des lieux.
Dans des rôles et des situations diamétralement opposés, les deux têtes d'affiche déploient une extraordinaire complicité à l'écran. Au-delà de leurs parcours aux antipodes, il y a d'un côté un regard usé sur et par la vie, et de l'autre une vision encore inexpérimentée.
De l'un émerge une curiosité fragilisée, tandis que l'autre est continuellement replié sur lui-même. Mais tous deux finissent par se compléter de par cette recherche commune d'une place dans cet univers, d'une émotion pouvant être réellement ressentie.
L'idée est parfaitement résumée par Coppola dans une scène absolument magnifique où Bob et Charlotte sont allongés l'un à côté de l'autre après avoir passé les derniers jours à faire les 400 coups dans les rues de la ville. Il s'ensuit une simple discussion sur leur vision respective des choses, sur leurs expériences, la conversation étant rehaussée par les dialogues aussi francs et mémorables que touchants de la cinéaste.
Et c'est dans cet amalgame - et le sens véritable que dévoile peu à peu le titre du film - que Coppola remporte haut la main son pari.
Vingt ans après sa sortie, le second long métrage de la réalisatrice demeure une oeuvre magistrale, aussi sublime esthétiquement que dense et enivrante - dans ses moments de tristesse comme d'euphorie - sur le fond.
Lost in Translation est présentement disponible en format Blu-ray, ainsi qu'à l'achat et à la location en format numérique.
Affiche du film Lost In Translation - Alliance Vivafilm