Avec Journal d'un cinéphile, Cinoche.com revisite périodiquement un film qui a marqué son époque, une production qui a divisé le public et/ou la critique, une oeuvre phare d'un artiste sur le point de proposer un nouveau projet, ou un long métrage qui nous avait filé entre les doigts au moment de sa sortie.
Aujourd'hui, nous nous penchons sur le cas de...
LET IT BE
Michael Lindsay-Hogg | Documentaire musical | Grande-Bretagne | 1970 | 81 minutes
Lors de sa sortie, au printemps 1970, le documentaire musical Let It Be n'avait pas reçu l'accueil escompté.
Il faut dire que le film était présenté à peine quelques semaines après l'annonce de la séparation du groupe le plus populaire de la planète, et les fans étaient encore sous le choc.
Visionner le long métrage de Michael Lindsay-Hogg dans un tel état d'esprit ne pouvait que donner une tout autre lecture des images tournées près de 18 mois auparavant.
Qu'en est-il 54 ans plus tard, maintenant que la poussière est retombée depuis longtemps?
La prémisse du film de Lindsay-Hogg a changé nombre de fois de direction au cours de son développement. Le tout devait d'abord mener à ce qui devait être la première performance scénique du quatuor en près de trois ans. Après l'abandon d'un spectacle devant être enregistré pour la télévision, au cours duquel le Fab Four aurait interprété des pièces de L'Album blanc, la formation se remet au travail pour composer de nouvelles chansons destinées à une toute nouvelle prestation.
Mais encore là, la divergence d'opinion entre les membres du groupe en ce qui a trait à la forme et à l'ampleur que devraient prendre ladite performance, ainsi que les tensions de moins en moins évitables au sein même de leur dynamique modifient une fois de plus la trajectoire du projet.
Ce qui nous a été proposé au final, avec Let It Be, c'est une fascinante incursion dans le processus de création d'une des formations phares de l'Histoire de la musique. Des chansons de l'album Let It Be, évidemment, mais également d'Abbey Road, qui allait atterrir dans les rayons huit mois après la fin du tournage.
Let It Be évite généralement les frictions qui allaient sonner la fin de l'aventure pour les Beatles l'année suivante pour se concentrer davantage sur les répétitions, et la familiarisation des quatre musiciens avec leur propre matériel.
Nous avons le privilège de voir des chansons entendues mille et une fois prendre forme, changer de tempo, de paroles, et emprunter des directions insoupçonnées. Le tout livré par des artistes chevronnés, entretenant cette passion commune pour la musique qui continue d'émaner à travers les moindres pores de leur peau.
Voir ou revoir Let It Be plus de cinq décennies après les faits, à tête reposée, en pleine connaissance de cause et en étant bien au fait du legs immense et intemporel que les Beatles nous auront laissé en bout de ligne, c'est laisser la musique reprendre la place qui lui revient, à travers des performances mémorables, des délires de studio, et l'iconique dernière prestation publique du groupe, donnée sans avertissement sur le toit des studios Apple, le 30 janvier 1969.
Ne serait-ce que pour revoir la quasi-totalité de ces images devenues historiques à un moment où elle semblait davantage semer la confusion dans les rues avoisinantes, le long métrage vaut amplement le détour.
Et il y a définitivement toujours quelque chose d'enivrant dans l'idée de voir les passants et les individus s'étant improvisés spectateurs aux fenêtres et sur les toits des édifices à proximité entendre ces nouvelles chansons pour la première fois, sans trop savoir de quoi il en retourne et inconscients de l'importance du moment.
Un document inestimable tant pour les fans du Fab Four que pour les aficionados de musique en général, proposé dans une superbe version remastérisée.
Let It Be est disponible dès maintenant sur Disney+.