Avec Journal d'un cinéphile, Cinoche.com revisite périodiquement un film qui a marqué son époque, une production qui a divisé le public et/ou la critique, une oeuvre phare d'un artiste sur le point de proposer un nouveau projet, ou un long métrage qui nous avait filé entre les doigts au moment de sa sortie.
Aujourd'hui, nous nous penchons sur le cas de...
DING ET DONG LE FILM
Alain Chartrand | Comédie | Québec | 1990 | 96 minutes
Entre Les lundis des Ha! Ha! et les débuts de La petite vie, Claude Meunier et Serge Thériault ont tenté l'aventure cinématographique avec un projet pour le moins improbable : Ding et Dong le film.
À l'occasion du début de la diffusion des six nouveaux épisodes de La petite vie sur les ondes d'ICI Télé, nous nous permettons de revisiter cette comédie populaire devenue culte, après avoir été passablement écorchée par la critique lors de sa sortie dans les cinémas, en 1990.
Nous suivons ici les deux personnages titres, que nous supposons être atteints d'un mal étrange les rendant incapables de garder leur sérieux, et ce, même lorsque leur survie en dépend.
De présentateurs de nouvelles à cascadeurs, en passant par figurants dans une pièce de théâtre, leur volonté de détendre à tout prix l'atmosphère ne passe tout simplement pas dans le monde beaucoup trop sérieux qu'est le nôtre.
Heureusement pour les deux cloches de l'humour, ces derniers héritent par le plus grand des hasards d'une fortune estimée à 30 millions de dollars, et décident de l'investir dans le monde de la « culture avec un grand K », question de prendre leur revanche sur ce milieu qui (selon eux) les a snobés pendant beaucoup trop longtemps.
Et comme première offensive, les deux principaux intéressés ont la modeste ambition de jouer la majorité des rôles dans une mise en scène de la pièce Le Cid du dramaturge français Pierre Corneille.
Et, évidemment, qui dit nouvelle fortune, dit aussi profiteurs sans scrupule se collant aux nouveaux riches pour tenter de les exploiter, et de les diviser.
Nous devons d'abord rendre à César ce qui est à César en mentionnant que Claude Meunier et Serge Thériault avaient eu l'idée bien avant Denys Arcand de faire appel à tout le bottin de l'Union des Artistes pour leur projet cinématographique.
De Marc Labrèche à René Homier-Roy, en passant par Jean Lapointe, Élyse Marquis, Yves P. Pelletier, Anne Dorval, Dominique Lévesque, Luc Picard, Martin Drainville, Dorothée Berryman, Denis Bouchard, Gildor Roy, André Montmorency et même Robert Lepage (pour ne nommer que ceux-ci), toute la colonie artistique québécoise avait été convoquée pour participer ne serait-ce que quelques secondes à cette production hors normes.
Et le tout est sans compter Yves Jacques, Raymond Bouchard et Sophie Faucher, tous savoureux dans des rôles de plus grande importance.
Ce qui a souvent été reproché au film d'Alain Chartrand, c'est que celui-ci ressemble davantage à une enfilade de sketchs qu'à un long métrage à proprement parler. Une impression qui est définitivement renforcée par le montage très sec et tranchant et le rythme rapide nous menant d'une séquence à l'autre.
Mais Ding et Dong le film suit malgré tout un fil conducteur bien défini, tandis que Meunier et Thériault mènent ou prennent le contrôle de chaque séquence pour tenter d'en tirer le maximum de rires, l'humour variant ici entre gags très physiques, gymnastique faciale, délicieux malaises, répliques en apparence anodines mais on ne peut plus mémorables, et tournures de phrases qui sauront satisfaire tous les amateurs de jeux de mots.
Certes, le long métrage ne passera pas à l'histoire pour l'originalité de sa prémisse ou la profondeur psychologique de ses personnages.
Ding et Dong le film s'impose avant tout comme un - pardonnez-nous l'expression - feu roulant de gags qui ne s'arrête jamais. Et à cet égard, la production tient encore ses promesses, et plus encore.
Des moments désopilants, le film en regorge... même si d'autres passages ont, disons, un peu moins bien vieilli, selon les standards et les sensibilités d'aujourd'hui.
Toute la scène de la grande première qui déraille un peu plus d'acte en acte demeure une séquence d'anthologie, tout comme celle de la cascade ratée, qui a contribué encore plus que District 31 à mettre la rue St-Charles, à Longueuil, « sur la map ».
Et Claude Meunier avait certainement touché une corde sensible en traitant du statut de mal-aimé de la comédie dans le grand cercle des arts jugés plus prestigieux, en particulier à cette époque.
Au final, revoir l'un des meilleurs duos de l'histoire de la comédie québécoise à l'oeuvre, dans la fleur de l'âge, demeure une expérience tout à fait jubilatoire, et ce, même lorsque l'importance devant être accordée au scénario s'avère très relative.
Ding et Dong le film est actuellement disponible à la location en Vidéo sur demande.